M.M. Faiseur d’histoires – Ateliers d’écriture

Grossesse à problème

Grossesse à problème est une nouvelle écrite en 2013 par les élèves de 4eme D du collège Albert Schweitzer de La Bassée (59) lors d’un atelier d’écriture réalisé par Michaël Moslonka. Le thème était le fantastique et l’instigatrice de cette agréable aventure littéraire : Hélène Fallet, professeur.

Grossesse à problème

Par

Constant, Sarah, Sullivan, Thomas, Renton, Nicolas, Thibaut, Jeanne, Tifanny, Valentin, Eléna, Sefora, Alexis, Hugo, Sarah, Corentin, Romain, Charlène, Maxime, Emeline, Lucas, Tony, Anthony, Lucas, Pheby, Marion et Corentin.

Chapitre 1 

Lina-Yaël dans tous ses états

Lina-Yaël est une jeune fille, âgée de dix-sept ans. Elle est enceinte de quatre mois et elle le cache, mais elle a un physique attirant et des yeux noisette qui font ressortir son teint métissé. Elle a des longs cheveux de princesse. Elle est grande. Elle aime les ours en peluche.

C’est une jeune fille très charmante avec des résultats scolaires très moyens, acceptables de son point de vue. Elle a une mentalité d’adulte. Elle est autonome, intelligente, mais elle ne fait pas d’efforts pour le montrer et elle est rêveuse. Elle s’habille en « jogging, baskets » pour cacher ses formes ou met des vêtements très amples. Elle ne parle pas de ses problèmes, ni de sa vie. Elle est considérée mystérieuse par les autres élèves.

* * *

Lina-Yaël est en classe quand tout à coup, elle ressent une sorte de petite douleur au centre du ventre comme si des bulles éclataient. Elle n’a jamais eu cette sensation auparavant et elle se demande si cela est grave pour la santé du bébé.

Elle sort de la classe sans demander la permission du professeur Monsieur Bourer.

Monsieur Bourer enseigne le français. Il a les cheveux bruns, la peau noire, musclé. Il est sévère et peut paraître agressif parfois. Ses yeux marron rendent son regard méchant.

– Lina-Yaël, si tu ne reviens pas immédiatement, tu seras collée !! crie-t-il en faisant des gestes. Alors, tu as intérêt à revenir en cours !

Lina-Yaël ne répond pas et se précipite vers l’infirmerie sans revenir.

La jeune fille est pâle. Elle se tient au mur, se pose des questions : arrivera-t-elle à garder l’enfant ? Arrivera-t-elle à supporter les coups que lui donnera son bébé ? Si le bébé grandit de plus en plus, arrivera-t-elle à s’en sortir ?

De plus, elle est angoissée.

Elle ne veut pas que l’infirmière sache qu’elle est enceinte.

* * *

Elle frappe à la porte de l’infirmerie et une voix lui dit d’entrer. Il s’agit de Madame Power.

Madame Power est l’infirmière du lycée. Elle est grande et blonde. Ses yeux bleus ont des reflets plus foncés, un peu comme ceux des loups. Elle est belle et a toujours le sourire. Elle est gentille, mais maladroite.

Lina-Yaël pousse la porte de l’infirmerie avec beaucoup de difficultés. Elle entre en pleurant.

L’infirmerie est grande. Elle n’est pas beaucoup meublée. On y trouve une grande armoire à pharmacie remplie de médicaments, de bandages, et un lit au fond de la pièce avec les couvertures tirées. Devant le bureau de l’infirmière se trouve quelques chaises et de grandes boîtes rectangulaires.

Lina-Yaël dit à madame Power qu’elle a mal au ventre. L’infirmière répond que ce n’est pas normal. C’est à ce moment que la jeune fille lui confie qu’elle est enceinte. Qu’elle a l’impression d’avoir comme des bulles qui éclatent dans le ventre.

– Donc, des débuts de contraction… Ceci est normal, conclut madame Power. Car si tu es enceinte de 4 mois, les sensations de douleur se font ressentir. Donc ne t’inquiète pas, c’est normal. Est-ce que tu sais qui est le père de ton enfant ?

Non je ne sais pas. Je ne peux pas lui révéler la vérité ou tout le monde va savoir que j’ai été violée.

– Un jour, décide-t-elle de raconter à l’infirmière, j’ai rencontré un beau jeune homme. Nous sommes tombés amoureux et, un an plus tard, il m’a demandé si je voulais un enfant. Je me suis retrouvée enceinte depuis ce jour-là. Son petit nom est Victor.

Tout à coup, elle repense à son viol et en reste bouche bée.

Je me revois me faire agresser dans la rue. J’avais si peur à ce moment-là. Je me souviens d’un homme. Cette personne portait un masque en forme de diable pour ne pas qu’on la reconnaisse. Il marcha de plus en plus vite comme s’il avait sa cible devant lui. La cible, c’était moi !

Il arriva devant moi et me sauta dessus.

Et là, je n’ai pas le temps de réagir que je tombe dans les pommes.

Je me réveillai avec la tête qui tournait en me demandant ce qui m’était arrivé. J’avais extrêmement mal au ventre, à l’entrejambe.

J’étais seule. Je remarquais que j’étais nue, complètement nue !

Je compris alors ce qui m’était arrivé.

Je me souviens, après que cet homme méchant soit parti, un garçon m’approcha et s’occupa de moi.

Il se pencha vers moi et me suggéra :

– Voulez-vous que je vous emmène à l’hôpital ? C’est très grave…

Je ne sais pourquoi, je me souviens vaguement de sa tête, il avait l’air d’un geek… Il m’a dit son nom, mais je ne m’en souviens plus.

– C’est très aimable, mais je garderai mon problème pour moi toute seule.

Gênée d’être nue dans la rue, je me rhabillais et me mis en route pour rentrer chez moi. Le revoir pour lui être reconnaissante, ce serait une bonne chose.

Soudain, la voix de l’infirmière lui demande :

– Comment vas-tu, Lina-Yaël ? Tu te sens mal ?

Et là l’adolescente revient à la raison.

Puis Madame Power lui demande :

– As-tu déjà pensé à un prénom ?

– Oui, je l’appellerai bien Kévin !

 

Chapitre 2

L’heure de colle

Lina-Yaël s’en va au lycée pour faire son heure de colle. Quelques minutes plus tard, dans les couloirs, la jeune fille, embêtée, se plaint dans ses dents :

– Être collée pour une raison pareille, je trouve ça un peu exagéré !!

– Aïe !

Lina-Yaël se cogne contre un jeune homme. Ce garçon lui rappelle vaguement une personne, mais elle ne l’a jamais vu dans le lycée.

Celui-ci est beau et il est grand. Il est carré et porte un jeans, des chaussures de ville puis un sweat à capuche de couleur noire et orange fluorescent.

– Oh ! excuse-moi, s’exclame Lina-Yaël. Mais qui es-tu ?

– Heu… Je ne suis pas lycéen, mais mon prof de Physique-Chimie travaille au lycée et il m’a collé cet après-midi. Ça m’embête, j’aurai préféré jouer aux jeux vidéos.

– Pourquoi es-tu collé ?

– Car je reste devant ma console à longueur de journée et je ne vais plus en cours. Et toi ?

– Moi, je suis collée, car j’ai décidé d’aller à l’infirmerie sans demander la permission à mon professeur pour sortir de la classe.

– D’accord. Tu dois aller en quelle salle ?

– En 102, près de l’infirmerie.

– Bon, il faut y aller, s’exclame-t-il. Le prof va nous engueuler. Dépêchons-nous !

Ils sont bousculés dans les couloirs, et ils arrivent à temps avant la sonnerie.

– Tiens, le voilà ! lance Lina-Yaël à peine sont-ils devant la salle de colle.

Monsieur Moqueur apparaît. Le professeur est grand, chauve et gros.

– Rentrez s’il vous plaît et installez-vous ! ordonne-t-il d’une voix sévère.

Il laisse passer les deux seules retenues.

En rentrant dans la classe, Lina-Yaël murmure :

– Oh, oui ! J’allais oublier, je m’appelle Lina-Yaël, et toi ?

– Maxime, murmure le garçon à son tour.

Le professeur leur crie :

– Asseyez-vous !

Lina-Yaël et Maxime s’exécutent et échangent un regard entendu et un sourire moqueur.

Après quelques minutes d’attente, Monsieur Moqueur leur donne des exercices de physique-chimie qu’ils doivent faire à deux.

Maxime commence le travail. Il est plutôt stressé, peut-être suite à la présence de Lina-Yaël. Il l’observe, il réfléchit.

Elle le regarde également. Elle se dit qu’elle l’a déjà vu quelque part, mais elle ne se souvient plus où.

Ses yeux me disent quelque chose. Son sourire aussi d’ailleurs. Je lui demanderai à la fin de l’heure, pense-t-elle.

11h 15, la sonnerie retentit. Les élèves sortent de la salle et Lina-Yaël dit à Maxime :

– Je t’ai déjà vu quelque part, toi !

Le garçon lui répond en bégayant et en rougissant :

– Euh… euh, oui, peut-être.

Il se retourne et part très gêné de cette affirmation si soudaine.

* * *

Quelques jours plus tard, après sa journée de cours, Lina-Yaël rentre chez elle, dans sa maison, à Marseille. Elle est épuisée. Ses parents ne sont pas là, ils travaillent. Elle est soulagée, car son père n’accepte pas vraiment sa grossesse. Son père et sa mère ne savent pas de quelle façon, elle est tombée enceinte. Malgré tout, ils ont quand même accepté de laisser une chambre pour son bébé. Elle va dans son cocon et elle allume son ordinateur. Pendant que l’ordinateur se met en route, elle se dirige dans la salle de bains pour se démaquiller. Une fois finie, elle retourne sur son ordinateur pour aller sur un forum d’adolescentes enceintes dans le but d’avoir des informations sur sa grossesse.

Elle explique son cas sur le site. D’un seul coup, une invitation du site « pingo.org » apparaît sur l’écran. Elle hésite puis décide de l’ouvrir. C’est l’invitation d’un jeu vidéo. Cette invitation lui est destinée. Il est affiché son nom et son prénom. Elle a gagné un ours en peluche.

Cet ours en peluche se prénomme Teddy. Sur cette publicité, il est affiché qu’elle doit le retirer dans un magasin de farces et attrapes appelé « Mystères et boule de gomme. »

Lina-Yaël est étonnée. Elle se dit que l’invitation est bizarre, car elle n’a rien fait pour gagner.

Pourquoi moi !! Et en plus, je ne connais pas cette adresse !!

Or elle se dit que c’est l’opportunité d’avoir une peluche pour son bébé et que ça ne lui coûte rien d’aller voir.

Chapitre 3

« Mystères et boule de gomme », magasin de farces et attrapes

Lina-Yaël décide, deux jours plus tard, d’aller chercher son gain dans le magasin de farces et attrapes. « Mystères et boule de gomme » se situe dans le centre de Marseille.

La façade est rouge vif, l’enseigne est jaune. Dans la vitrine sont installés des centaines d’ours avec des visages : en colère, déprimé, heureux, etc.…

En poussant la porte, Lina-Yaël est vraiment excitée, car cet ours fera un beau cadeau pour son bébé.

En entrant dans la boutique, elle regarde le vendeur. Celui-ci porte une croix autour du cou, des bracelets noirs aux poignets. Il est habillé de couleur très sombre. Il a des têtes de mort tatouées sur le cou et sur les bras et beaucoup de chaînes dont Lina-Yaël ne connaît pas la signification.

– Bonjour, le salue-t-elle. J’ai gagné un ours sur internet. Où est le rayon des peluches ?

Le vendeur lui répond désagréablement :

– C’est là-bas, à côté de la cave, au fond du magasin !

Il ne lui a pas dit bonjour. Sans prêter attention à ce déplaisant personnage, elle se dirige vers l’endroit où les peluches sont exposées.

En arrivant, elle voit des milliers d’ours en peluche, tous de la même taille et de la même couleur.

Ho la la ! se dit Lina-Yaël. Comment je vais faire pour le trouver là-dedans ?

Elle voit que les ours ont des médaillons accrochés à leur cou. Sur leur médaillon, chacun a un nom d’inscrit : Johnny, Frédéric, Ralph…

Elle fouine, regarde après Teddy, mais au bout d’une demi-heure, elle est très fatiguée à cause de son bébé qui lui prend beaucoup d’énergie.

Oh, la ! la ! Il est où ce foutu doudou ?! pense Lina-Yaël. Je le trouverai jamais avec tous ces ours en peluche .

Lina-Yaël désespère. Elle se lève et apparaît alors le vendeur.

Le gothique lui paraît crasseux, dangereux. Une étiquette sur sa veste en cuir clouté indique Cam-vendt.

Il lui sourit et lui demande :

– J’peux vous aider ?

Lina-Yaël est très surprise et répond d’une petite voix, quelques secondes plus tard, après avoir bien examiné la personne qui se tient devant elle :

– Je cherche l’ours…

– Mais lequel ?

– Il se nomme Teddy, répond-elle.

Le vendeur a un sourire moqueur. Cam-Vendt demande l’invitation de la jeune fille :

– Tu as le bon avec toi ?

– Euh… oui, je l’ai ! dit-elle en bégayant.

Elle lui montre le ticket.

– Bouge pas, j’reviens !

Lina-Yaël pense : Très bizarre, ce vendeur a l’air étrange avec son regard.

Elle s’inquiète d’être seule avec cet homme suspect, louche.

Le vendeur revient. En regardant le vendeur, Lina-Yaël se rend compte que son sourire moqueur est revenu.

– Tiens, la clef ! dit-il en haussant le ton. Va l’chercher, il est à la cave. Dans un carton assez petit.

L’adolescente, soupçonneuse, prend la clé et lui obéit sans discuter.

* * *

Elle descend l’escalier en colimaçon puis traverse des petits couloirs. Elle finit dans un long couloir étroit. À la fin de l’allée, elle descend des marches. Les marches tremblent. Elle voit une grande porte de chêne, un peu cassée, avec une poignée en fer. Elle ressemble à une porte du Moyen Âge.

La jeune fille met la clef dans la serrure et la tourne. Elle ouvre la porte.

Dans un petit creux, elle aperçoit un interrupteur. Lina-Yaël appuie dessus et une faible lumière s’allume.

La cave est très sombre, pleine de poussière et de toiles d’araignée. L’ampoule au plafond n’éclaire qu’une partie de la pièce.

La jeune fille s’avance puis voit une boîte rectangulaire dans un coin sombre. Celle-ci est entrouverte.

Teddy est un ours brun à poil court. Une fois la peluche sortie de la boîte, Lina-Yaël voit que le petit ours a un air innocent et mignon. Elle regarde sa montre, l’heure passe et elle décide de rentrer chez elle pour lire un livre sur les bébés qu’elle doit rendre le lendemain à la bibliothèque. Elle repose Teddy dans le carton. Elle prend la boîte où Teddy était installé, sort de la cave, redonne ensuite la clef à l’homme rapidement et quitte ce magasin.

 

 

Chapitre 4

Le mystère de Teddy…

La peluche est dans la boîte. Lina-Yaël la dépose sur un buffet dans la future chambre de son bébé. La jeune fille descend au rez-de-chaussée pour regarder la télévision. Elle va dans la salle de bain pour mettre son pyjama et monte se coucher. Elle s’endort profondément.

Dans la nuit, elle entend une douce mélodie qui va de plus en plus vite et de plus en plus fort. Prise de peur et de panique, Lina-Yaël se réveille en sursaut. Intriguée, elle se demande si elle a rêvé ou si c’était la réalité.

Elle se rend dans la chambre du bébé pour voir ce qui a provoqué cette musique énervante. Elle se dit qu’elle hallucine, sûrement. Elle est fatiguée, elle a peut-être rêvé. Lina-Yaël rentre dans la chambre. L’ours est au sol. La boîte en carton est ouverte. Elle est tombée également du buffet. La lumière d’un lampadaire, dehors, perce par la fenêtre et se reflète dans les yeux de la peluche. Les billes en plastique qu’il a dans ses orbites s’éclairent d’une lumière rouge.

Lina-Yaël ramasse l’ours.

Elle remarque que la peluche ne rentre plus dans la boîte.

* * *

Le matin quand elle se réveille et descend dans le salon, la télévision est allumée. L’écran est crypté et Lina-Yaël aperçoit la peluche dans l’écran.

Et Teddy lui annonce d’une voix sûre et arrogante :

« Lina-Yaël, en venant me chercher, tu as fait une erreur. Tu aurais dû me laisser au magasin. »

Le lendemain matin, Lina-Yaël descend dans sa salle à manger, déjeune, allume l’écran de télévision, mais celle-ci ne fonctionne pas. Elle est débranchée. Lina-Yaël rebranche la prise et là : l’ours en peluche réapparaît.

« Lina-Yaël, lui énonce Teddy d’un air menaçant. En venant me chercher au magasin, tu as commis une erreur. C’est pour cela que tu devras me donner quelque chose : TON BÉBÉ . Si tu ne veux pas, la sanction sera terrible. »

Prise de panique, Lina-Yaël s’enfuit dehors et se fait assommer par-derrière.

Elle se réveille d’un bond dans son lit, les yeux terrifiés, puis regarde autour d’elle, se calme en envisageant qu’elle a rêvé.

* * *

En se levant, le matin, Lina-Yaël très angoissée de son cauchemar prend son petit-déjeuner. Elle essaye d’avaler sa tartine, mais elle ne la termine pas. Un moment, elle a eu envie de vomir. Dix minutes plus tard, elle part vite à l’école. Seulement, avant elle souhaite repasser devant le magasin de farces et attrapes. Mais il a disparu !

Lina-Yaël manque de s’évanouir. Elle court vite à l’école, terrifiée. Pendant les cours, elle reste très discrète.

Elle passe à la cantine, prend son assiette et part s’asseoir, mais le plateau bascule au sol et tout tombe, car ses mains tremblent à l’idée du magasin qui a disparu.

Maxime – le garçon collé avec elle – vient l’aider à ramasser son plateau.

Ils se lèvent et se regardent dans les yeux.

Lina-Yaël, surprise, lui demande :

– Que fais-tu au lycée ?

– Bah, comme toi, je mange, mais je te cherchais !

– Ha bon ?! Pour quelles raisons tu me cherches ?

Maxime lui dit :

– Tu ne te souviens vraiment pas de moi ?

Lina-Yaël réfléchit et lui répond sérieusement que non, elle ne se souvient pas du tout de lui.

Maxime hésite à lui parler, puis il reprend la parole.

– Je t’ai retrouvée après que tu as été agressée.

Lina-Yaël frôle la crise cardiaque, elle est obligée de s’asseoir.

Maxime s’agenouille à la hauteur de ses genoux.

La jeune fille tombe dans ses bras, en larmes.

Parmi les sanglots de Lina-Yaël, on peut entendre un « merci. »

– Je souris, murmure-t-elle, mais au fond de moi, j’en ai marre. Trop de soucis.

– Qu’est-ce qui se passe ? s’alarme Maxime.

– Je ne sais pas. J’ai été cherché, à un magasin de farces et attrapes un ours en peluche hier et cette nuit il y a eu des tas de choses bizarres. Je le voyais dans ma télé, j’ai aussi entendu une musique angoissante ! Je suis allée à ce magasin pour avoir des explications sur cette peluche, mais il a disparu !

– Tu t’es peut-être trompée de rue ! la rassure-t-il .C’est un labyrinthe, cette ville, tu sais ! Après les cours, on ira voir si le magasin est bien là. Si tu le souhaites bien sûr.

– Avec plaisir !

* * *

Après les cours, Lina-Yaël et Maxime partent voir le magasin « disparu », mais quand ils arrivent ce dernier est là !

Lina-Yaël s’exclame :

– Je n’en crois pas mes yeux, je dois perdre la boule !

– Non, ne t’inquiète pas, la console Maxime avec un geste apaisant. Tu as dû te tromper d’endroit. Donc, maintenant, tu rentres chez toi.

L’adolescente lui prend la main et le remercie pour tout ce qu’il fait pour elle.

– À mon avis, tu es très fatiguée, il faudrait ne plus y penser, il faut que tu dormes ton compte, lui dit Maxime d’une voix rassurante. Tu rentres chez toi, mais tu ne regardes surtout pas la télé. Prends une douche, lis un livre ou autre chose, mais évite la télé. Fais une sieste quand tu le peux, mais je veux que tu te reposes. Et arrête de te poser des questions et de te stresser pour le bébé. Tout ira bien. Et je veux te revoir en pleine forme. D’accord ?

Maxime prend les deux mains de Lina-Yaël et lui propose :

– Tu veux que je te raccompagne chez toi, tu te sentiras plus en sécurité ?

– Oui, merci ! lui affirme la jeune fille en souriant légèrement.

– Mais arrête de te prendre la tête ! lui recommande l’étudiant.

– D’accord, Maxime, lui répond d’un ton ému Lina-Yaël. Je voudrais te remercier pour ton soutien et pour tout ce que tu as fait pour moi. Je t’en suis reconnaissante.

 

Dans son lit, Lina-Yaël, rassurée par les paroles de Maxime, se sent plus confiante:

Je deviens peut-être folle à cause du bébé ? Peut-être s’agit-il d’hallucinations. Je me souviens qu’il y a quelques jours, j’avais des nausées et des envies fortes de manger des fraises. Alors, ça a peut-être causé tous ces cauchemars, toutes ces hallucinations. Il faut que je me reprenne.

Après s’être calmée, la jeune fille s’endort profondément et fait un rêve, ou plutôt un cauchemar.

Elle entend la porte s’ouvrir. Elle voit une ombre, c’est Teddy avec un couteau. Teddy qui entre dans sa chambre et la regarde avec des yeux rouges de colère. Il s’approche d’elle. Arrivé sur le lit, il se met sur Lina-Yaël et lui dit : « Il est trop tard pour reculer… La naissance de ton bébé sera un Enfer !! » Il la palpe.

Elle veut bouger, elle ne peut pas. Elle veut le rejeter, elle ne peut pas non plus. Elle ne peut rien faire. Alors, il la poignarde et ouvre son ventre.

Lina-Yaël croit que Teddy a tué son bébé !

Alors, elle se réveille en sursaut, pleine de sueur, affolée. Elle est terrifiée, mais elle se rend compte que c’est toujours un cauchemar. Sa grossesse lui donne encore des hallucinations !

Elle entend soudain une musique, la même que la nuit d’avant. Elle écoute attentivement et comprend la mélodie. Cette mélodie chante : « Fais dodo, donne-le à Teddy. Fais dodo, tu lui as promis. »

Lina-Yaël s’approche de la future chambre du bébé et entre dans la pièce, mais l’ours en peluche n’est pas là. Prise de panique, elle descend rapidement l’escalier et trouve Teddy dans le salon. On ne voit que lui dans la pièce.

Ses poils, ses pattes, ses oreilles, sa rondeur, sa taille, tout a augmenté. Il a triplé de volume.

Quand Lina-Yaël arrive dans la pièce, elle voit la télévision allumée. Teddy est assis dans le canapé, avec la télécommande dans sa patte droite.

Tout à coup, tout s’éteint dans la maison : les lumières, les appareils ménagers. Seule la télévision reste allumée et la luminosité s’intensifie de plus en plus.

Lina-Yaël est prise de panique. Elle commence à se pincer, essaye de se réveiller.

Mais ce n’est pas un cauchemar. Teddy, dans le canapé, est bien réel.

 

Chapitre 6 

La menace continue

De jour en jour, les horreurs continuent. Lina-Yaël est de plus en plus inquiète. Teddy grossit en même temps que son ventre. Il est presque aussi grand qu’elle.

Les phénomènes paranormaux continuent aussi. L’ours réapparaît dans la télévision et en reflet dans les fenêtres, Lina Yaël le voit partout.

En plus de ces phénomènes, elle continue de faire des cauchemars, d’horribles cauchemars.

Et toutes les nuits, à la même heure, la même mélodie retentit. Lina-Yaël est angoissée, elle sait qu’il faudrait dormir, mais elle a peur. Elle se demande comment elle va faire quand son bébé arrivera. Elle pense que ces cauchemars peuvent traumatiser son futur enfant.

Horrifiée, effrayée, elle met très souvent la main sur son ventre pour vérifier qu’il se porte bien.

Ses parents, quant à eux, se doutent de quelque chose, mais ils travaillent énormément. Lina Yaël cache à sa famille l’histoire horrible qui lui arrive.

C’est trop embarrassant de garder tous ces secrets pour elle, elle décide donc de se confier à quelqu’un… Un peu plus tard, elle appelle Maxime.

– Qu’est-ce que tu fais en ce moment, je ne te vois plus, s’inquiète-t-il. Tu m’évites ou quoi ?

– Oui, je t’évite, car tu vas me prendre pour une folle !

Lina-Yaël raconte que la peluche est différente, elle n’est pas comme les autres ! Elle est spéciale.

– Je crois bien qu’elle m’en veut, elle me fait subir des choses qu’aucune peluche n’aurait pu faire.

– Ne t’en fais pas, tu es peut-être fatiguée, bafouille Maxime. Repose-toi bien et tu verras ça ira mieux.

Lina-Yaël pense qu’il ne la croit pas à sa façon de lui parler…

Elle décide donc de raccrocher, elle est très en colère !

Elle réfléchit toute la matinée, réfléchit encore et encore pour au final prendre cette décision :

C’est décidé ! Je vais aller jeter Teddy dans les égouts et finis les cauchemars, la crainte, l’angoisse qu’il grandisse sans s’arrêter…

Lina-Yaël n’arrive pas à porter l’ours, car il est devenu trop lourd. D’un coup, elle en a assez ! Elle est tellement désespérée qu’elle se sauve de sa maison en courant, en pleurant !

Lina-Yaël marche au hasard, peu importe où elle se dirige. Elle marche de plus en plus vite. Elle court. Elle se retrouve près du magasin d’oursons. Lina-Yaël tombe sur une plaque d’égout au pied d’une façade de briques.

Elle s’assoit à côté de celle-ci et essaye de la soulever, mais ne réussit pas.

Elle force et tombe en arrière.

Lina-Yaël se relève, désespérée. Elle trouve près d’elle, le vendeur de Mystères et boule de gomme.

Toujours le sourire moqueur aux lèvres, il lui demande comment elle va et si sa grossesse se passe bien.

– Je vais bien, je dois rentrer, lui répond Lina-Yaël.

* * *

Quand Lina-Yaël revient dans sa rue, elle découvre Maxime sur le perron de sa maison.

– Que fais-tu ici ? lui demande Lina-Yaël.

– Je voulais savoir comment tu te sentais et je veux rester avec toi, lui avoue Maxime. Si tu veux ?

– Je veux bien, ça me fait plaisir. Tu me réconfortes.

Les deux jeunes gens entendent un grand, que dis-je, un énorme bruit, une explosion.

Ils ouvrent la porte très lentement avec un sentiment de peur et parcourent la maison, pleins d’angoisse.

Ils décident d’aller dans la chambre du futur bébé et voient un trou dans le sol. Il est énorme. On peut à peine faire un pas, deux de plus et c’est la chute.

Maxime cherche Teddy sur les étagères. Il ne l’aperçoit pas. Il se dirige vers le trou, pour comprendre ce qui s’est passé.

Lina-Yaël le retient.

– Arrête d’avancer Maxime, tu vas tomber !

Les deux jeunes gens courent vers le rez-de-chaussée pour trouver Teddy. Ils entrent dans le salon en ruine. Le plafond s’est effondré et des fils électriques pendent dans la salle. Il y a des débris de bois et du plafond partout, et la table de salon est brisée en deux, car Teddy est tombé dessus. L’ours géant est allongé sur le dos tout barbouillé de poussières.

Maxime se rend compte que Lina-Yaël avait raison, elle n’est pas folle. Cette dernière a peur et se dit que si elle n’avait pas été chercher Teddy, elle n’en serait pas là.

– Si j’avais su que cette publicité allait m’apporter tous ces ennuis… soupire-t-elle.

– J’y pense, mon père est garagiste. J’ai une solution, ne t’inquiète pas. Viens avec moi !

– Mais, panique Lina-Yaël,  mes parents risquent de rentrer et de découvrir ce qui se passe avec Teddy !

– Fais-moi confiance, lui certifie Maxime on se dépêchera de rentrer ! Tu n’as rien à craindre.

* * *

Tous deux arrivent en courant au garage. Maxime emmène Lina-Yaël où se trouvent les outils de son père, et emprunte le matériel nécessaire : un chariot, une corde, une scie et un pied-de-biche pour pouvoir ouvrir la bouche d’égout.

Ils retournent sans perdre de temps chez Lina-Yaël. Teddy est encore là, immense, tellement grand.

Maxime se dépêche et le ligote pour qu’il ne bouge pas, le bâillonne, lui met un gros morceau de corde dans la bouche et il commence à scier l’ours.

Lina-Yaël se sent choquée, car cette créature hideuse qui se fait découper l’horrifie. Mais la joie envahit Lina-Yaël quand même. La douleur que doit ressentir l’horrible peluche la remplit de plaisir.

Quand Maxime a terminé, ils mettent les morceaux de l’ours dans leur chariot puis sortent de la maison de la lycéenne.

Maxime les transporte jusqu’à une plaque d’égout à l’écart des regards indiscrets.

Il ouvre celle-ci avec le pied-de-biche.

Lina-Yaël remarque alors un liquide rouge qui s’échappe du chariot jusqu’à l’égout.

Elle se tourne vers Maxime, stupéfaite :

– Regarde !  C’est Teddy qui saigne !?

– Non, ce n’est pas possible, assure Maxime, c’est une simple peluche rien d’autre ! ça ne peut pas être le sang de quelque chose sans vie. Une peluche ne saigne pas !

– Mais, ce n’est pas un nounours ordinaire ! répond Lina-Yaël. Le pire peut se produire. Je pense que cela est possible.

Maxime, perturbé, un peu d’accord avec son amie sur le fait qu’un liquide rouge s’échappe bien de la peluche, se dépêche de se débarrasser de Teddy en le jetant dans l’égout.

Lina-Yaël l’aide en se débarrassant aussi des morceaux de la peluche. Pour ne pas en oublier, ils les jettent un par un dans l’égout, avec le sentiment d’être soulagés.

Et dans la sombre bouche d’égout, on voit les yeux de Teddy qui s’échappent petit à petit, puis on aperçoit les membres de Teddy, un à un, dans le noir intense qui le recouvre…

épilogue

Quelques mois se sont écoulés. Lina-Yaël est à la maternité prête à accoucher. Auprès d’elle, il y a Maxime qui est devenu son petit ami. Le jeune garçon a décidé de retourner faire des études pour subvenir aux besoins du bébé et de la future mère.

Celle-ci est très fatiguée, car ça fait des heures qu’elle est dans son lit et qu’elle a des contractions. Ses contractions sont plus courtes et plus sévères.

Soudain, Lina-Yaël perd les eaux.

Elle crie de toute son âme :

– Il arrive ! Il arrive !

Maxime sort précipitamment de la chambre et crie : « Docteur, docteur, elle accouche ! »

Le garçon revient accompagné d’un docteur qualifié et de ses sages-femmes.

Maxime court, ensuite, précipitamment vers la sortie de la chambre de la future mère.

Il prend son téléphone et appelle ses parents et ceux de Lina-Yaël. Le père de Lina-Yaël a accepté son petit-fils avec joie et amour. Le père et la mère de la jeune maman arrivent, impatients de rencontrer l’enfant de leur fille.

Lina-Yaël accouche avec difficulté, mais elle réussit. C’est un garçon qu’elle appellera Kévin. Sa mère pleure de joie. Tout le monde est heureux.

* * *

Quelques jours plus tard, Lina-Yaël rentre chez ses parents avec son bébé.

Les dégâts ont été réparés par Maxime et le père de Lina-Yaël.

Les travaux finis, elle installe son bébé dans sa nouvelle chambre.

Les quatre murs sont bleus. On y trouve des tableaux accrochés partout. Dans un coin de la pièce, un mini toboggan est installé. Le bébé rigole dans le berceau à côté. Sa mère est assise dans le fauteuil qui se trouve à sa droite.

Puis tout à coup : « DRING ! DRING ! » La sonnette de la porte d’entrée retentit.

– Attends, j’arrive mon petit cœur, dit-elle à son bébé.

Elle n’a jamais été aussi contente de sa vie de pouvoir enfin parler à son enfant.

Le nouveau-né enlève son pouce de sa bouche et rit aux éclats.

Lina-Yaël quitte la chambre, descend l’escalier et se dirige vers l’entrée.

En ouvrant la porte, Lina-Yaël découvre une petite boîte sur le paillasson. Il n’y a aucune inscription ni sur le côté, ni au-dessus de la boîte, rien !

Curieuse, elle décide de regarder à l’intérieur et découvre un ourson en peluche. Au cou de ce dernier, elle découvre un collier et une médaille. Elle ne voit rien d’écrit sur le collier, ni sur la médaille. Elle tourne la médaille et découvre qu’il est écrit : « Teddy Junior. »

FIN ?