M.M. Faiseur d’histoires – Ateliers d’écriture

ABBA, une double vie pas comme les autres

ABBA, une double vie pas comme les autres est une nouvelle écrite en 2013 par les élèves de 4eme B du collège Albert Schweitzer de La Bassée (59) lors d’un atelier d’écriture réalisé avec Michaël Moslonka. Le thème était le fantastique et l’instigatrice de cette passionnante aventure littéraire : Stéphanie Desicy, professeur.

ABBA, une double vie pas comme les autres

par

Adeline, Terry, Juliette, Syndel, Allan, Romane, Cédric, Alexandre, Thomas, Fanny, Basile, Denys, Dimitri, Alexine, Lindsay, Juliann, Andy, Florentin, Élisa, Manon, Clément, Mazarine, Quentin, Tiphanie, Thomas, Laura, Chloé, Alexandre et Amandine.

Dans la tête d’Abba…

Je m’appelle Abba.

Je suis une jeune femme de dix-neuf ans. Blonde aux yeux bleus. Mes amis me disent souvent que j’ai de jolies formes voluptueuses.

Je suis très susceptible surtout quand on se moque de mon prénom. Je fais un stage pour être infirmière. Je suis en apprentissage au CHR de Lille. Pendant ce stage, je fais les soins des patients. J’aime beaucoup m’occuper des personnes en mauvaise santé. J’espère que je vais obtenir mon diplôme.

Cependant, je cache un lourd secret qui, je pense, va m’attirer des ennuis.

Chapitre 1

Une journée de stage ordinaire

Le portable sonne, Abba se réveille ensommeillée en jurant :

– Pourquoi je l’ai programmé à 6 heures ?

Elle se lève rapidement. Elle boit son jus de fruit puis, quand elle a fini, se dirige vers son balcon pour fumer une cigarette, tout en regardant le marché de Noël qui illumine la ville de Lille. Elle pense à ses deux devoirs surveillés qui ont lieu ce jour.

Ensuite, après avoir fini sa cigarette, la jeune femme se dirige vers la salle de bain pour se brosser les dents. Après, elle s’habille d’un jean Slim, de chaussures à talons et d’un t-shirt noir en dessous d’une élégante veste blanche.

En bas de son appartement, il y a des Vélib. Elle en loue un pour pouvoir se rendre en cours.

* * *

Abba dépose son vélo vers 7h45 au local à vélo situé à l’entrée de son école d’infirmière. Elle rencontre un groupe d’amis avec qui elle discute des devoirs qui ont lieu ce matin-là. Puis quitte ses camarades pour rejoindre la salle où se déroulent les épreuves écrites.

En sortant de l’école, Abba fume une cigarette pour se poser. Elle pense qu’elle a bien réussi ses examens. Soulagée, elle récupère son vélo et va déjeuner dans une sandwicherie.

L’après-midi, elle est en stage à l’hôpital jusqu’en fin de journée. À sa pause, elle sort et fume à nouveau. Elle marche un peu et, soudain, trébuche. Sa cigarette glisse de ses mains, Abba se brûle, troue son pantalon et vocifère.

Chapitre 2

Zahia, une nouvelle stagiaire

 

Zahia est une nouvelle stagiaire qui est plutôt grande avec de jolies formes. Elle est brune aux yeux verts. Abba se trouve avec celle-ci dans le couloir qui mène aux salles de dépôt de matériel. Le programme de ce début d’après-midi consiste au ramassage des plateaux repas des malades.

Abba est un peu fatiguée à cause de ses deux devoirs surveillés qui ont eu lieu dans la matinée. Zahia se montre curieuse :

– Pourquoi t’appelles-tu Abba ?

Abba lui répond tout en poussant le chariot de plateaux repas :

– Abba, c’est un surnom. Mon père aimait le prénom « Alice » dans « Alice au pays des merveilles », ma mère était fan de Brenda dans « les feux de l’amour » et ma grand-mère était russe, elle s’appelait Anastasia.

Zahia lui dit tout en rigolant :

– C’est le nom d’un groupe, ça, non ?

Blessée, Abba lâche le chariot et se sauve en pleurant énormément.

Zahia est surprise de la réaction de sa camarade d’études. Elle lui crie des excuses. Elle reste debout, les bras ballants en lui hurlant de revenir et qu’elle ne pensait pas à mal.

Les patients et les visiteurs sont stupéfaits de la réaction de la jeune fille. Le personnel essaye de retenir Abba. En vain. Elle continue de s’enfuir.

Dans la tête d’Abba…

Je me souviens, je venais d’avoir seize ans. J’ai rencontré un garçon dans ma classe. Il s’appelait Tom. Ç’a été le coup de foudre. Nous avons eu une liaison.

Il m’a donné le surnom d’Abba, parce qu’Alice Brenda Anastasia était un peu longuet et qu’il adorait le groupe ABBA. Nous projetions d’emménager dans une maison, de se marier et, par la suite, d’avoir un enfant.

Il y a maintenant un an que nous ne sommes plus ensemble. Il était trop machiste avec moi, il me disait de ne pas sortir avec des amis, mais, lui, sortait tous les soirs avec ses copains. Alors, j’ai rompu.

Ce surnom me rappelle parfois de mauvais souvenirs.

J’ai malheureusement perdu mes parents dans un accident de voiture. Donc je suis partie habiter avec ma grand-mère, Anastasia, mais elle aussi m’a quittée il y a trois mois d’une maladie grave. Un cancer.

J’ai dû me trouver un logement. Ce n’est pas évident de payer seule le loyer.

Chapitre 3

Le commencement

 

Furieuse que Zahia se soit moquée de son surnom, Abba se dirige vers le local à médicaments. En rentrant dans celui-ci, Abba regarde de gauche à droite pour vérifier que personne ne la voit.

Dans le local à soins, plusieurs rangées de flacons sont posées sur des étagères en fer. Sur la droite, dans une petite pièce sont rangés les médicaments toxiques qui donnent certains effets secondaires.

Le carrelage est blanc et poussiéreux, les murs sont gris et verts.

Abba s’intéresse tout de suite aux médicaments dangereux.

Elle s’empare d’anabolisants Sterolic et du paracétamol Tooflashxique 400mg qu’elle contemple, intriguée.

Le nom est écrit à l’encre rouge. La boîte, elle, est toute jaune.

Tiens, c’est bizarre que le paracétamol ait des effets indésirables, constate l’étudiante. Je pense que le Tooflashxique a été rangé par erreur dans le local à toxiques.

Elle prend une dizaine de boîte de médicaments et les met une par une dans les poches de sa blouse.

Abba réussit à se calmer une fois sa fauche accomplie et se détend. Elle décide d’aller rendre visite à chacun de ses patients pour voir comment ils se sentent.

 

* * *

Abba rentre dans la chambre numéro 538.

Elle découvre un vieil homme âgé d’à peu près quatre-vingts ans. Il s’appelle Monsieur Goloume. Les murs de la chambre sont peints en blanc et bleu. Une grande fenêtre donne directement vue sur le parking. Une télévision, éteinte, à écran plat est fixée sur l’un des murs.

Monsieur Goloume est recroquevillé sur son lit. Il ne bouge pas. Il a la tête tournée vers la fenêtre. Il se plaint.

– Bonjour, monsieur Goloume, lui dit Abba.

Il lui rend son bonjour avec difficulté.

– Vous n’avez pas l’air d’aller bien, Monsieur, qu’avez-vous ?

Monsieur Goloume se retourne avec peine.

– J’ai très mal mademoiselle. C’est insupportable !

– Je vais vous chercher un médecin, tout de suite.

– Non, non ! gémit-il. Je veux quelque chose, tout de suite. Je vois que vous avez des médicaments dans votre poche. Ce sont des antidouleurs ? J’en ai besoin, tout de suite.

En voyant sa pâleur, Abba cède par pitié.

Elle sort la boîte de Tooflashxique et lui en donne deux comprimés. Puis elle lui tend un verre d’eau. Le vieil homme lui sourit, prend les deux comprimés et les avale.

Quand, tout à coup, la montre d’Abba sonne.

– Mince, s’exclame-t-elle, mon rendez-vous.

Elle sort précipitamment de la chambre de Monsieur Goloume, prend l’ascenseur et descend pour se changer dans le vestiaire. Elle enlève sa blouse et enfile ses vêtements. Elle se saisit des médicaments volés et les met dans la poche intérieure de sa veste.

Elle quitte le vestiaire et elle descend à nouveau par l’ascenseur pour se rendre au rez-de-chaussée. Elle s’absente ensuite de l’hôpital. Une fois dehors, Abba remarque que le temps est pluvieux et que la circulation est dangereuse. Elle décide alors de monter dans un bus.

* * *

Une fois descendue de son bus, elle prend son paquet de cigarettes dans sa poche de pantalon et en fume une.

Son téléphone sonne. Elle décroche.

– Allô, oui ? Je viens dans cinq minutes.

Elle range son téléphone dans son sac.

Elle marche jusqu’à une ruelle et guette la venue d’un homme. Quelques instants plus tard, l’homme en question arrive et s’arrête à côté de la jeune femme. Il est mince, blond, aux yeux bleus avec des reflets gris et il a, environ, une cinquantaine d’années. Il s’appelle Jean, il est pharmacien et elle le connaît depuis deux mois.

L’étudiante infirmière regarde de droite à gauche pour voir s’il n’y a personne puis échange les médicaments volés contre de l’argent. Ensuite, Abba et Jean repartent chacun de leur côté, comme si rien ne s’était passé.

Dans la tête d’Abba…

 

C’est à cause du décès de ma grand-mère que j’ai commencé tout ça.

À la fin du mois, je n’ai plus un rond. C’est dur de payer mon loyer et mes cigarettes sans oublier mes petits plaisirs : des pâtisseries. Je ne mange pas toujours à ma faim, car j’utilise mon salaire pour payer mon loyer, mes études.

Je revends les médicaments volés pour gagner un peu d’argent. Mon principal client est un pharmacien. Quand je revends les médicaments volés, j’ai l’impression d’aider les gens, même si ce que je fais est mal et illégal.

Je dérobe avec beaucoup d’adresse des médicaments et je deale avec beaucoup de discrétion, histoire de ne pas me faire remarquer. Parce que je n’ai pas envie d’aller en prison. Je préfère travailler à l’hôpital en tant qu’infirmière.

Une fois que je serai diplômée, j’arrêterai de dealer.

Babouchka Anastasia me manque. Mon comportement ne lui plairait pas !

Chapitre 4

Les retrouvailles

Après sa fin de journée au CHR, Abba se rend au supermarché près de son appartement. Son frigo est vide. Grâce à la vente des médicaments volés, elle pourra s’acheter les éclairs au chocolat qu’elle adore.

Elle se dirige au rayon boucherie quand un homme avec un uniforme de police la bouscule.

– Excusez-moi, monsieur l’agent, frémit-elle.

– Non, mademoiselle, c’est à moi de m’excuser, reprend l’homme, confus.

Abba prend peur et lui dit vite « au-revoir ».

La jeune femme continue son chemin. Elle est troublée et repense à cet homme. Ses yeux bleus, ses cheveux bruns… Son visage, il lui rappelle celui de quelqu’un.

SON FRÈRE !

Il faut qu’elle le rattrape !

L’étudiante infirmière court à travers les rayons pour le retrouver et, au bout de quelques minutes de recherche, elle aperçoit le jeune homme qui surgit face à elle.

Ils se regardent un instant, sans rien dire.

Jérémy prend, le premier, la parole :

– Heu, frangine, c’est bien toi ?

– Jérémy ?? je ne t’avais pas reconnu… Tu as changé, grand frère. T’es rentré dans la police ?

– Oui, sœurette !  Ça fait un bail qu’on ne s’est pas vu. Je suis dans la brigade anti-criminelle. Ça te plait ? lui dit-il en désignant son uniforme du doigt.

Abba sent ses jambes flageoler.

– Ça te va super bien, même que ça te vieillit un peu, s’exclame la jeune fille, d’un air forcé.

– C’est le but, ce changement de look. Je travaille à Lille depuis quatre mois. J’adore mon travail. Je suis toujours en action.

– Mon frère dans la police…, chuchote, tout à coup, Abba. Non, ce n’est pas possible.

– Pourquoi réagis-tu comme ça ? demande Jérémy, étonné.

– Non, rien. Je dois te laisser. Ça m’a fait plaisir de t’avoir revu.

Et la jeune fille, gênée, détale comme un lapin.

Dans la tête d’Abba…

Mon frère jumeau représentant de l’ordre ! Je n’y crois pas, c’est impensable. À l’époque quand il vivait avec grand-mère et moi,  il travaillait au noir. Quand il est parti de la maison de grand-mère, il est parti vivre avec sa petite copine. Pendant notre enfance et chez mamie Anastasia  Babouchka, nous étions très fusionnels et, aussi, unis comme les doigts de la main.

Il faut que je le retrouve rapidement pour lui annoncer que grand-mère est morte il y a trois mois. J’ai peur qu’il prenne mal la nouvelle de son décès et qu’il ne veuille ni me parler, ni me voir, car je me suis enfuie devant lui. Je ne veux pas qu’il me rejette.

Chapitre 5

La disparition de Monsieur Goloumet

 

Le jour d’après, Abba fait croire à son école qu’elle est malade. Elle a pris sa journée pour se lancer à la recherche de son frère. Avant, elle décide d’aller voir Monsieur Goloume pour s’assurer qu’il va bien.

Elle se dit qu’elle n’aurait pas dû administrer les médicaments à son patient sans l’accord de l’infirmière en chef. La jeune femme est mal en point quand elle pense à ce pauvre petit monsieur. Elle suppose qu’elle n’aurait pas dû se servir dans l’armoire à médicaments toxiques. Elle ne connaissait pas cet antidouleur, ni ses effets indésirables.

Abba se dit que si le Tooflashxique était rangé parmi des médicaments toxiques, c’est qu’il y a très certainement une bonne raison.

Et en entrant dans la chambre 538, elle découvre avec effroi que Monsieur Goloume n’est plus là !

Le lit d’hôpital du vieil homme est vide. Cependant, Abba remarque une trace de corps, comme si on venait d’y allonger Monsieur Goloume. Sa tenue d’hôpital est dans une position étrange…

Serait-il sorti ? se demande Abba. Non, il souffrait beaucoup trop pour pouvoir se déplacer ! Mais comment est-ce possible ?

Elle décide de fouiller son armoire.

Dans le placard, se trouvent encore toutes ses affaires, même ses papiers.

Abba croit que Monsieur Goloume a eu une complication à cause du paracétamol Tooflashxique 400mg. Elle rumine beaucoup. Peut-être a-t-il été emmené au bloc opératoire suite à une crise cardiaque, ou peut-être est-il mort.

La jeune femme est en panique totale. Elle se dit que, de sa faute, Monsieur Goloume est décédé.

Je ne peux pas le croire, se convainc-t-elle. Ce médicament ne tuerait personne.

Pour se rassurer, elle décide donc d’aller prendre des nouvelles du patient auprès de l’infirmière en chef.

* * *

Au soir, Abba ne dîne pas et va se coucher directement.

Elle n’a pas été en cours et elle n’a pas eu envie d’aller rechercher son frère, pour plusieurs raisons : il est policier et, elle, elle vole des médicaments. En plus, elle ne lui a pas dit que leur grand-mère est décédée.

Cette nuit, elle est incapable de s’endormir. Elle a chaud, elle gigote, elle pense à tout et n’importe quoi. S’en parler qu’elle est inquiète pour Monsieur Goloume. Le personnel hospitalier n’est au courant de rien. Celui-ci est surpris, car il devrait être dans son lit.

Sa disparition est étrange. Abba se pose plusieurs questions : comment ce vieux monsieur qui souffrait tant aurait-il pu sortir de sa chambre alors qu’il était incapable de se déplacer sans aide ? Comment a-t-il fait pour quitter l’hôpital ? En pyjama en plus ? Et sans que personne ne le voie ? S’il avait tout de même réussi à quitter l’hôpital, quelqu’un l’aurait sûrement aperçu.

Abba ne cesse de se retourner dans son lit. Elle regarde son réveil : 3 heures 43, elle ne dort toujours pas. Ce n’est qu’au petit matin qu’elle sent ses paupières lourdes de sommeil se fermer.

* * *

La nuit a été longue et éprouvante pour Abba. Elle sort péniblement de sous sa couette.

Soudain, elle entend le bruit des sirènes de police. Son sang ne fait qu’un tour.

Ils sont venus m’arrêter à cause du vol des médicaments, pense-t-elle.

Abba court vers la fenêtre donnant sur la rue.

Elle scrute attentivement les alentours et n’aperçoit aucune voiture de police dans les environs.

Suis-je bête, il n’y a rien d’alarmant ! Elle réalise qu’elle vient de confondre les sirènes avec son radio-réveil. Abba se retourne et se dirige vers sa chambre d’où vient le bruit incessant.

La jeune élève infirmière avance et coupe son alarme.

Elle pousse un long soupir de soulagement. Elle a eu si peur qu’on vienne l’arrêter.

Tout à coup, elle est tirée de ses pensées par la douce mélodie d’Adèle – Someone like you – qu’elle a sur son téléphone. C’est Zahia.

Abba hésite, un instant, puis répond :

– Désolée pour hier, s’excuse Zahia. Je ne sais pas ce qui m’a pris.

– C’est pas grave, ne t’inquiète pas, s’exclame Abba, joyeuse.

Zahia change alors de sujet et la presse de venir immédiatement à l’hôpital, car il y a des agents de police qui interrogent l’ensemble des personnes travaillant au CHR.

Abba raccroche. La jeune femme est prise d’un vertige. La peur l’a envahie. Elle tremble de la tête aux pieds. Elle ne veut guère y aller, mais si elle n’y va pas, la police trouvera son comportement suspect.

Abba n’a pas le choix, il faut qu’elle se rende à l’hôpital pour faire croire qu’elle n’a rien à se reprocher.

La jeune fille enfile des vêtements chauds et part à l’hôpital.

* * *

Arrivée sur les lieux, Abba constate que son frère est là. Il est accompagné par ses collègues de la Brigade Anti-Criminelle. La stagiaire angoissée avance lentement jusqu’à lui.

– Bonjour, Abba, commence Jérémy.

– Salut, que fais-tu ici ? dit Abba avec la voix qui tremble.

– Je travaille, répond-il. On nous a appelés pour signaler un ou plusieurs vols de médicaments ainsi que la disparition d’un patient.

Jérémy ajoute :

– Il s’en passe de drôles de choses dans ton hôpital !

Prise de vertiges, Abba sent ses jambes se dérober et s’évanouit.

Une dizaine de minutes se sont écoulées quand elle rouvre les yeux. Elle remarque qu’on l’a couchée sur un lit et que plusieurs infirmières s’occupent d’elle.

Son frère, assis à côté d’elle, lui prend la main pour la rassurer.

Un médecin entre dans son champ de vision. Il sourit et lui raconte que son évanouissement est dû à la pression en pensant que quelqu’un ait pu voler des médicaments.

Jérémy le remercie lui et les infirmières. Puis celles-ci, suivies du médecin, sortent de la chambre.

Le jeune policier prend Abba dans ses bras.

Oubliant son malaise, la jeune femme ferme les yeux.

Elle sent que le visage de son frère est humide.

Il pleure, constate-t-elle.

Abba le rassure :

– Tout va bien, ne t’inquiète pas…

Soudain, Abba fond, elle aussi, en larmes.

Il faut que je lui dise, s’encourage-t-elle.

– Frangin, il faut que je te révèle quelque chose…

– Plus tard, tu devrais te reposer, ma puce, répond-il en se séchant les yeux d’un revers de manche.

– Non, c’est très important. Tais-toi et écoute-moi… Il y a quelques mois, notre grand-mère est décédée, des suites d’un cancer… Je suis désolée de ne pas te l’avoir dit plus tôt.

– Quoi ?! Non, ce n’est pas possible, s’exclame-t-il. Babouchka Anastasia ne peut pas être morte !

Abba prend Jérémy dans ses bras et lui répète qu’elle est désolée.

 

Chapitre 6

Les mystérieux médicaments

Abba arrive derrière la pharmacie. Jean est déjà présent. Le pharmacien n’a donné aucune explication concernant le motif du rendez-vous. Ça doit être important, car il lui a donné rendez-vous à côté de sa pharmacie. Au téléphone, sa voix n’était pas habituelle.

L’homme qui s’occupe de la pharmacie est très mécontent. Il lui explique qu’il a de moins en moins de clients et que son chiffre d’affaires baisse beaucoup.

– En quoi cela me concerne ? l’interroge la jeune femme.

– C’est de la faute de vos médicaments, ils ne sont pas normaux ! J’en ai pris un et j’ai toujours mal au crâne, même de plus en plus mal ! Je crois que mes clients s’en sont rendu compte. Tenez, reprenez les boîtes. J’ai fait des recherches sur le laboratoire où sont fabriqués les médicaments et le laboratoire Grimm n’existe pas…

Inquiète, Abba met fin au rendez-vous. Elle retourne au CHR en Vélib. Arrivée à l’hôpital, elle aperçoit Zahia en train de fumer.

– Salut, ça va Abba ?

– Salut. Non, ça ne va pas.

– Pourquoi ? se montre curieuse  Zahia.

– À cause de la disparition de Monsieur Goloume.

– Arrête, ce n’est pas de ta faute !

– Si. Je lui ai donné un médicament et il a disparu, lui dit Abba en montrant la boîte de Tooflashxique.

– C’est pas un vulgaire comprimé qui va faire disparaître un vieux qui a survécu à la guerre, se moque Zahia. C’est un vieillard fou, il a dû se tirer pour qu’on lui coure après.

– Mais si, insiste Abba. C’est ce maudit médoc qui l’a fait disparaître !

– Un médicament qui fait disparaître les gens, mais t’es cinglée ! Si tu veux, je prends un de ces médicaments pour te prouver qu’il est inoffensif.

Zahia prend alors la boîte des mains de sa collègue et avale un comprimé.

– Tu vois, je suis encore là, alors arrête de faire ta mongole !!!!

* * *

Jérémy et Abba se recroisent au supermarché, dans un rayon et discutent plus longuement que lors de leurs dernières rencontres. Tous les deux passent en caisse en même temps et sortent du magasin.

Une fois dehors, Jérémy fume une cigarette puis il demande à sa sœur si elle veut qu’il la raccompagne en voiture.

Elle accepte et propose à son frère de monter boire quelque chose avec elle.

Arrivé en bas de l’immeuble, Jérémy l’aide à sortir les courses et à les monter.

Quelques minutes plus tard, le frère d’Abba est assis sur une chaise dans la salle à manger tandis que la jeune femme rentre dans la pièce chargée d’un plateau odorant. Elle pose celui-ci sur la table et sert une tasse de thé à son frère avant de se servir. Curieux, Jérémy lui demande ce qu’elle a mis dans l’infusion.

Elle lui répond que c’est une recette de leur mère et qu’elle a ajouté un peu de miel.

Jérémy parle avec tristesse à Abba des décès qu’ils ont vécus.

Abba change de sujet et demande des nouvelles de Monsieur Goloume.

– Mes collègues n’ont toujours pas mis la main dessus. Il s’est peut-être volatilisé. En plus, la police judiciaire de Lille reçoit énormément de coups de fil. Les inspecteurs sont sur les dents, car beaucoup d’autres personnes sont devenues introuvables depuis la disparition de Monsieur Goloume. Les journaux seront bientôt avertis. Ça sera la panique en ville.

Jérémy ne peut plus se retenir et lui demande maladroitement :

– Tout se passe bien depuis que tu vis seule ?

Elle répond d’un air angoissé :

– Oui, oui, tout se passe très bien.

– Comment fais-tu pour payer tes études et ton loyer ?

– Je me débrouille, je me suis trouvée un petit boulot de caissière.

– Bon, ben ça va vraiment ? Tu es certaine ? persiste son frère.

– Oui, ça va bien ! conclut-elle en criant pour stopper ses questions.

Abba, toute pâle, se retire de la pièce pour aller aux toilettes.

Jérémy ne comprend pas son comportement. Néanmoins, il en profite pour fouiller dans une de ses vestes et trouve une boîte de Tooflashxique 400 mg.

Abba revient des toilettes, souriante. Elle ne se doute de rien. Elle remarque soudainement le visage embêté de son frère.

Jérémy lui montre la boîte d’antidouleur. Sa sœur est très surprise.

– Où te l’ais-tu procurée ? lui demande-t-il.

La jeune étudiante reste bouche bée ! Comment a-t-il pu oser fouiller chez sa propre sœur ?

Puis elle lui répond qu’il y a deux jours, elle avait un mal de tête et qu’elle s’est rendu à la pharmacie pour acheter un antidouleur, car celui-ci on peut l’obtenir sans ordonnance.

Son frère est ennuyé, car il se dit qu’il va peut-être trop loin, qu’il a peut-être des soupçons pour un simple médicament. Du coup, il lui pose plusieurs questions qui ne mènent à rien, pour lui faire comprendre qu’il a des doutes sur elle.

Abba essaye de le convaincre que ce n’est pas elle.

Jérémy est à moitié convaincu par les paroles de sa sœur. Il reste quand même sur ses doutes.

Dans la tête d’Abba…

 

Je repense à toutes les histoires qui me sont arrivées : le vol des médicaments, mon frère qui réapparaît et qui est devenu policier. En plus, il se met à fouiller dans les poches de ma veste sans me demander la permission et il tombe sur une boîte de Tooflashxique. J’ai réussi à me débarrasser de ces fichues questions sur ce nouvel antidouleur !

Avant de découvrir ce remède, quand j’allais au supermarché, les caisses étaient bondées et, à présent, elles ne le sont plus. Le supermarché est vide, froid. On entend juste les bruits émis par les caisses… Dans la rue, j’ai l’impression de marcher seule.

C’est étrange, depuis que ma collègue, Zahia, a pris un Tooflashxique 400mg, je ne la vois plus à l’hôpital.

Je ne comprends plus… De même pour Jean, je n’arrive plus à le joindre, à chaque fois, je tombe sur sa messagerie, malgré tous les messages que le lui laisse sur son répondeur. J’hésite. Je suis embarrassée, je n’ose pas aller le voir à sa pharmacie. J’ai peur de constater qu’il aurait peut-être lui aussi disparu.

Je repense à ce que mon frère m’a dit par rapport à la disparition de Monsieur Goloume. Et je me demande si je dois lui avouer la vérité, car la situation devient de plus en plus compliquée. Mais je ne sais pas, car je risque d’avoir de sacrés problèmes !

 

* * *

Abba s’en veut pour tous les problèmes qu’elle a occasionnés. Après une longue réflexion, elle décide d’ingurgiter à son tour du Tooflashxique. Elle s’avoue qu’elle aimerait aussi en prendre par curiosité. Elle hésite, elle réfléchit longuement à toutes ces personnes qu’elle a fait disparaître, à tout le mal qu’elle a pu leur faire.

Abba devient pâle, pensive, se met à pleurer et avale l’une des pilules de Tooflashxique pour mettre fin à ses hésitations.

 

 

Chapitre 7

Le grand choc

Abba se réveille. Elle se rend compte qu’elle n’est plus dans sa chambre. Elle se lève et regarde autour d’elle. Elle aperçoit des gens qui lui sont inconnus. Ils sont blessés ou malades. Elle voit aussi qu’ils sont nus. Abba baisse la tête et réalise qu’elle aussi ! Elle cache vite sa poitrine et son sexe. Elle ferme les yeux et se donne des claques. Après avoir fini, elle rouvre les paupières et réalise qu’elle est toujours toute nue au milieu d’inconnus nus, eux aussi.

Abba interpelle une jeune fille :

– C’est un rêve ou pas ?

La jeune fille lui répond :

– Je ne sais pas, car je me suis couchée avec un mal de tête et je me suis retrouvée, ici.

– Avez-vous pris du Tooflashxique contre vos douleurs ?

– Oui, j’en ai pris.

Abba frissonne. Des larmes lui montent aux yeux.

Au loin, elle repère Monsieur Goloume et court à toute vitesse vers lui en criant :

– Monsieur Goloume ! Savez-vous où on est ?

Le vieillard la fixe méchamment. Il serre son poing.

– C’est de votre faute tout ça ! l’accuse celui-ci. C’est de votre faute, à vous et à vos médicaments !

Les gens autour se retournent vers la jeune fille et la regardent d’un air furieux.

Abba effrayée se sauve.

La jeune femme aperçoit Jean et Zahia parmi la foule d’inconnus, mais leur regard ne lui donne pas envie d’avancer, car elle lit dans ces yeux de la colère.

Elle comprend que c’est le Tooflashxique qui les a envoyés ici.

On est où ? s’interroge Abba.

La revendeuse de médicaments marche et tombe sur un mur. Ce dernier est jaune, tapissé de papier cartonné.

Abba se met à courir en suivant le mur. Ce mur l’amène à un premier coin puis elle suit l’autre mur et tombe encore sur un autre coin. Après avoir fait le tour, elle réalise qu’elle se trouve entre quatre coins et quatre murs.

Elle les regarde, puis elle lève la tête et aperçoit des mains géantes qui rabattent une sorte de couvercle plat, jaune comme les murs. Alors, elle hurle : « On est dans une boîte de Tooflashique ! »

Épilogue

Jérémy décide de se rendre chez sa sœur. Il veut une explication concernant le Tooflashxique. Il se rend compte que la porte est ouverte. Le policier inquiet entre timidement dans la pièce. il découvre que l’appartement est vide. Il appelle sa sœur. Aucune réponse ne lui parvient, Un objet posé sur la table basse du salon attire son attention. C’est du Tooflashxique. La boîte est encore ouverte.

Le jeune homme la prend et quitte l’appartement de peur que sa sœur ne rentre.

Au pied de l’immeuble, il s’arrête et regarde autour de lui. Dans les rues, il remarque avec angoisse qu’il n’y a personne. Même pas une voiture qui roule. Le bruit infernal des voitures s’est tu.

Il a l’impression d’entendre crier quelqu’un.

Il tend l’oreille pour écouter. Il n’entend rien à part le vent qui se lève.

– Oh, mon dieu ! balbutie-t-il. Abba a disparu, elle aussi, comme les autres.

Il regarde avec mépris la petite boîte qu’il tient entre ses mains tremblantes. C’est là qu’il comprend avec horreur que les Tooflashxique sont la cause de ces disparitions mystérieuses et qu’il est le seul à avoir échappé à ces disparitions inexpliquées. Machinalement, il referme la boîte restée ouverte sans remarquer les petites choses qui s’agitent à l’intérieur.

 

FIN