M.M. Faiseur d’histoires – Ateliers d’écriture

La nuit qui paraissait longue

Ç’aurait dû être un jour comme les autres

 

LES AUTEURS :

 

2COM du Lycée d’Artois, année scolaire 2012-2013

Tifany, Céline, Matthieu.B, Marie.B, Stacy, Amélie.B, Alison, Andréa, Anais, Lisa, Ophélie, Camille, Nathan, David, Julie, Kévin, Morgane, Maryline, Mathieu.H, Nicolas, Amélie.K, Estelle, Florence, Amandine, Pauline.L, Adeline, Madison, Mélanie, Marie.P, Océane, Lindsay, Elisa, Pauline.V.

Avec

Jessy Josien, professeur de lettres-histoire, et Fabienne Poujol.

Chapitre 1

Dernier soir !

 

Il est vingt heures, Loeva a déjà rejoint son amie Laurenn chez elle. Les deux jeunes filles de dix-sept ans se préparent pour leur dernière soirée avant la rentrée scolaire. Elles ont décidé de se rendre au Black Backinbox, le nightclub où elles se sont amusées tout l’été.

Loeva est vêtue d’une courte robe blanche qui fait ressortir sa peau métissée et laisse désirer ses longues jambes fines. Elle se contemple dans le miroir.

Laurenn lui dit avec une pointe de jalousie :

– Eh ben, chère Loréal ! Tu vas attirer encore tous les regards.

Loéva lui répond d’un air « je m’en foutiste » :

– Oh, ça m’est égal, tu sais, ma petite quiche ! L’important est de profiter de cette dernière soirée.

Après cette courte discussion, Loréal se dirige dans la salle de bain pour ajouter un trait de crayon noir autour de ses grands yeux verts, puis prend sa brosse dans son sac posé sur le bord du lavabo pour coiffer ses longs cheveux lisses.

Quand Loéva et sa petite quiche ont fini de se faire une beauté, Loeva veut immortaliser l’instant en prenant des photos avec son nouvel appareil Nikon D200 que son ex-petit ami, Enzo, lui a offert pour essayer de se racheter auprès d’elle.

Loéva, tenant l’appareil photo, shoote plusieurs fois Laurène. Celle-ci fait des grimaces : bouche en cul de poule, doigts dans le nez, les yeux qui louchent. Les filles sont toutes excitées à l’idée de s’évader au Black BackinBox, mais ne sont pas ravies de retourner, le lundi, au lycée.

 

* * *

 

Loéva et Laurenn arrivent devant la discothèque. Devant elles, il y a une longue file d’attente. Le ciel est dégagé. Il y a des étoiles et même une étoile filante que Laurenn aperçoit. La température est agréable.

Le Black Backinbox est de couleur bleue. Ses lettres sont en rouge et elles brillent dans la nuit. Elles clignotent pour attirer le regard des noctambules. À l’arrière de la boîte de nuit, il y a un grand parking privé fermé par des barrières électriques. Le parking est très sombre, sans lumière. Sur les côtés de la boîte : deux vigiles costauds, de grande taille, en costume noir, aux visages sévères. Ce sont de nouveaux vigiles. Loéva ne les a jamais vus. Ils se tiennent bien droits. Ils demandent aux personnes leur carte d’identité et les fouillent.

Autour de la discothèque, tout est désert. Il y a une forêt. Elle n’est pas fréquentable, il se passe toujours des choses en sorties de boîte. Cette forêt est interdite parce qu’avant il y avait des mines de charbon. Maintenant, le sol se fissure et peut s’effondrer à tout moment. Des personnes ont déjà eu des accidents.

Loéva et Laurenn rejoignent la file d’attente. Elles attendent au moins dix minutes avant d’arriver à l’entrée. Les deux costauds regardent leur carte d’identité. Aucune expression ne se voit sur leur visage.

Loéva s’adresse à Laurenn :

– Je trouve qu’ils sont bizarres. Ils n’ont pas fait de remarques sur notre âge.

 

Chapitre 2

Le coup de foudre

 

Loéva est sur la piste de danse, elle se déhanche comme jamais.

La musique à fond, elle se sent comme chez elle. L’ambiance est chaude. Elle se défoule sur un son d’électrohouse. L’odeur de l’alcool l’enivre quand elle frôle le bar. C’est un grand comptoir illuminé par une grande guirlande bleu lagon. Une dizaine de personnes attend sur des tabourets autour de celui-ci. Il y a un couple qui s’embrasse, un groupe de trois jeunes garçons qui discutent, un clan de bimbos qui attendent d’être servies et qui s’amusent comme des folles.

Loéva en profite pour poser son sac à ses pieds, s’asseoir sur une chaise et commande un verre de vodka Redbull au barman connu de tous. Celui-ci la sert sans aucun problème, car il suppose qu’elle est majeure.

Après un autre verre, elle décide de retourner sur la piste de danse. Laurenn la voit arriver et la tire par le bras pour danser sur le podium. Les couleurs des spots défilent sur le dancefloor, les adolescentes se trémoussent en hurlant à s’en briser la voix.

 

* * *

 

Le garçon est assis sur une banquette noire située à l’extrémité de la salle. Il est en train de discuter avec un de ses amis.

Soudain, il se lève.

Le jeune homme traverse la piste de danse – où les fêtards crient et sautent – en direction du bar. La foule s’écarte de son chemin.

Loéva s’immobilise devant ce garçon qui passe devant elle. Il est grand, aux cheveux bruns et aux yeux bleus. L’adolescente ressent un petit pincement au cœur et a les pupilles qui brillent. Le charmant garçon l’ignore, il est concentré sur son objectif : le bar ! La jeune fille est déçue, car il ne lui a pas jeté un seul regard.

 

Chapitre 3

La reprise des cours

 

« Driiing », lundi 3 septembre, le téléphone sonne. C’est Laurenn. Elle appelle son amie déjà depuis la sixième fois. Aujourd’hui, c’est le jour J pour Loéva ! Il est 7h30 du matin et la rentrée est à 8 heures.

– Oh meeeerde ! Je suis en retard, murmure la jeune fille d’une petite voix fatiguée.

Elle se lève, met ses pantoufles, prend les premières fringues qui lui viennent sous la main. Deux, trois bouclettes sur ses cheveux lisses, mascara, eye-liner et la voilà partie sans avoir pris le petit-déjeuner.

 

* * *

 

Devant le lycée, cinq minutes avant l’annonce des classes de Terminale.

Loéva arrive au lycée tout en étant essoufflée. Elle a couru sur le trajet.

– Heureusement que j’habite à côté ! se dit la lycéenne.

Tous les yeux se rivent sur elle. Par habitude, la jeune fille n’a aucune réaction et continue son chemin.

Loéva aperçoit Laurenn.

– Aaah !… Ma quiche ! crie-t-elle.

– Hey, ma Loréal, t’es là ! s’enthousiasme la petite quiche tout en piaillant.

À cet instant, Loéva sent un regard imposant se poser sur elle. Gênée, elle décide de se retourner.

– Pourquoi tu rougis ? demande Laurenne. Ça ne va pas ?

– Ah… Euh, pas du tout ma petite quiche, regarde le mec là-bas, je l’ai aperçu au 3B.

Le mec aux cheveux bruns, aux yeux bleus d’une assez grande taille, est habillé d’un jeans et d’un tee-shirt blanc.

– Hé ! mais j’le connais ! s’exclame la petite quiche. Il s’appelle Mathias. C’est mon voisin, c’est le nouveau pion du lycée !

– Ah… réplique Loéva avec un sourire en coin.

Laurenn l’amène pour aller voir si, cette année encore, elles sont dans la même classe, car les années précédentes elles rigolaient bien. Elles se sont parlé, ont organisé des sorties ensemble et se sont tapé des délires. Elles sont devenues très proches.

Loéva la suit un peu embarrassée d’avoir croisé le garçon du 3B. Elle traîne un peu les pieds et baisse la tête. Finalement, les deux filles se retrouvent dans la même classe. Elles sautent de joie, même si elles savent très bien que cette année, ça va être dur. Il faut bosser, car, en fin d’année, il y a le BAC.

 

* * *

 

Laurenn et Loéva sont en cours d’arts plastiques. Un cours où il est facile d’envoyer des messages avec leur téléphone portable. Loéva s’est placée au premier plan et Laurenn se situe à la deuxième rangée.

« Tu fais quoi, samedi soir Loréal ? LOL

Loéva : Rien et toi ma petite quiche ?

Laurenn : Ça te dit d’aller au Black Backinbox ?

Loéva : Je sais pas, je ne sors plus en boîte, car c’est la rentrée et, cette année, il y a le BAC 🙁

Laurenn : Mais tous les samedis soirs, Mathias est là, tu vas pas rater ça quand même.

Loéva : Si c’est pour revoir Mathias, oh oui alors !! MDR

Laurenn : Tu viendrais même pas pour moi… ? 😉

Loéva : T’accompagner en boîte de nuit, ce n’est pas toujours de la tarte ! XD

 

* * *

 

Les danseurs du Black BackinBox se défoulent sur la piste, et d’autres sont sur le podium. Ils se déchaînent sur de la house. Les basses s’accélèrent, un groupe se met à crier tout en levant leur verre. Les spots se dirigent vers eux. Les lumières sont blanches et clignotent à une vitesse inouïe. Laurenn prend Loéva par la main.

– Viens, on va rire !

– Je suis fatiguée, bâille Loéva, je ne vais pas tarder à rentrer.

Mais Laurenn insiste.

– Reste encore cinq minutes, implore-t-elle en regardant sa montre.

Laurenn fait de grands yeux.

– What ?! Tu ne vas pas rentrer maintenant, il n’est que deux heures !

Loéva regarde sa montre.

– Ah, yes ! Allons les rejoindre, ma p’tite quiche !

Et les deux amies rejoignent les excités sur le podium.

 

Chapitre 4

Retour au lycée

 

Il est 8h40.

Des bruits de talon qui résonnent dans le couloir du lycée. Loéva s’empresse de se rendre au bureau du CPE pour justifier son retard et ensuite se rendre à son cours de mathématiques. L’odeur de son parfum fait tourner la tête de l’homme à tout faire devant lequel elle passe. Elle ignore ce vieil obsédé.

La journée commence à peine que son téléphone portable sonne.

La jeune fille s’arrête et le sort de sa poche. Elle reconnaît le numéro.

– Ah ! s’énerve Loéva. C’est encore Enzo !

Elle soupire. Enzo, son ex-petit ami, qui n’arrête pas de l’enquiquiner. De la harceler. Comme d’habitude, elle se dit que la réponse aux imbéciles se fait par le silence. Elle éteint son téléphone et le range, violemment, dans son sac. Ensuite, elle se dépêche de monter les escaliers, angoissée.

Pfff… De toute manière, je n’ai pas de temps à perdre avec tout ça.

Encore une fois, elle s’est réveillée en sursaut. Elle était en retard !

Loéva pense qu’elle sort trop en boîte et devient de plus en plus fatiguée.

Elle se dirige vers le bureau du CPE.

La jeune fille est angoissée de rencontrer Mathias. Elle n’a pas réussi à lui parler au 3B. Elle hésite à entrer, car elle est trop timide.

La lycéenne prend sa respiration et frappe trois coups secs à la porte.

Toc, toc, toc.

Une voix s’élève de l’intérieur :

– Entrez !

Loéva reconnaît la voix, et sait que ce n’est pas celle de Mathias. Elle est déçue et contente à la fois. Contente, car elle ne voulait pas lui parler à cause de sa timidité ; déçue, car elle aurait aimé le voir.

Elle entre dans le bureau et dit :

– Bonjour, Monsieur Handerson, ce serait pour prendre un billet de retard…

– Eh bien, ma petite, il serait bon d’apprendre la ponctualité, tenez !

Le CPE lui tend un billet sur lequel il vient de griffonner une phrase.

Loéva sort sans même dire « au revoir », elle ne l’aime pas.

Et lui, non plus, il ne m’aime pas, de toute manière, pense-t-elle.

Elle rejoint sa salle de cours, frappe et entre :

– Bonjour, Monsieur. Excusez-moi, je…

– Ah, mademoiselle Milano ! Pouvez-vous me photocopier ceci, s’il vous plaît, merci ! impose le professeur en lui mettant dans les mains trois feuilles portant l’intitulé du cours.

Loéva se voit obligée de retourner vers le bureau des surveillants ne sachant pas utiliser la photocopieuse.

La porte de celui-ci est entrouverte.

Est-ce que Monsieur Handerson sera encore là ? pense-t-elle, inquiète.

Elle tombe alors nez à nez avec Mathias qui est sur le point de partir.

– Bon… Bonjour, Ma… Mathias… bégaye l’adolescente.

– Salut Loéva, répond-il avec un large sourire.

– Est-ce que vous pouvez venir avec moi à la photocopieuse ? Car je ne sais pas la faire fonctionner.

– Pas de problème. Je suis à toi ! s’exclame Mathias.

Sur le chemin, le jeune homme lui demande si elle va bien, car elle a une toute petite mine. Loéva opine du chef.

Arrivé en vue de la salle où se trouve la photocopieuse, Mathias accélère le pas pour pouvoir lui tenir la porte.

L’adolescente veut le remercier, mais s’étouffe.

– Pardon ? demande-t-il en la laissant passer, un brin d’amusement dans le regard.

– Merci, répète-t-elle, plus clairement en lui tendant les copies. Le jeune homme les prend puis se dirige vers le fond de la salle.

– Viens plus près, sinon tu ne verras pas comment je m’y prends et tu n’y arriveras jamais toute seule !

Loéva se dirige vers lui lentement et le regarde faire les photocopies.

Mathias lui explique le fonctionnement de l’appareil puis la regarde en disant :

– Hé, oh ! Tu m’écoutes ?

Loéva sursaute.

– Hein ? Comment ?

La jeune fille ouvre les paupières : elle s’est endormie délicatement debout.

– Désolée, je suis un peu fatiguée…

– Ce n’est rien, s’inquiète visiblement Mathias en lui donnant le paquet de feuilles. Tu n’as pas l’air bien. Tu t’es reposée, dimanche ?

– Oui, oui. Je vais bien, peut-être un manque de sommeil…

Loéva le remercie puis s’en va en refermant la porte de la salle.

 

Chapitre 5

Dérive

 

Loéva va tous les week-ends en boîte de nuit. Toutes ces soirées passées au 3B ont permis à la jeune fille de nouer des liens d’amitié avec Mathias, mais elle commence à ressentir des sentiments plus forts pour lui. Elle reste sur la réserve, car Enzo n’arrive pas à se faire à l’idée de s’en séparer. Son ex-petit ami la surveille, il lui envoie des centaines de messages.

Et puis il y a la fatigue et le manque de temps.

Les dimanches suivants, après ses longues et interminables nuits de fête, Loéva est incapable de se reposer, car elle doit rendre visite aux différents membres de sa famille. De plus, le temps passe vite et l’adolescente n’arrive pas à trouver de créneaux horaires pour réviser malgré les heures qu’elle parvient à passer chez elle.

Les lundis des mois suivants, Loéva s’endort en cours. Son professeur qui en a assez de la réveiller à coups de règle sur la table se résout à convoquer ses parents. Ces derniers ayant pris connaissance de son comportement et de ses résultats catastrophiques décident de reprendre leur fille en mains. Loéva accepte de ne plus sortir les samedis soirs.

 

Chapitre 6

La fête d’anniversaire

 

Vendredi soir, 20 heures

Loéva reçoit un appel de Laurenn.

– Allô, Loéva ! C’est ta petite quiche ! C’est pour savoir si dimanche tu es libre ?

– Ça dépend… Pourquoi ?

– Je fête mon anniversaire au 3B ! braille Laurenn. Et vu que tu es une de mes meilleures amies, je voudrais t’inviter.

– Je crève d’envie de venir, s’attriste Loéva, mais mes parents ne veulent plus que je sorte, car mes résultats scolaires baissent.

– Allez, s’il te plaît ! Pour ta petite quiche préférée !!! la supplie Laurenn. On va trop bien s’éclater ! C’est dimanche après-midi, tu ne vas pas rater ça, quand même ? Viens chez moi demain vers 14 heures pour qu’on puisse aller acheter nos tenues de soirée. Et, au soir, tu dormiras à la maison ? Enfin, si tu veux, bien sûr !

– D’accord, je vais négocier avec mes parents et je te dis quoi après.

Trente minutes plus tard, elle la rappelle…

– BONNE NOUVELLE !! s’enflamme-t-elle. Ils veulent bien que je vienne à ton anniversaire !!

 

Samedi après-midi, 15 heures

Loéva arrive chez sa meilleure amie avec un cadeau à la main.

– OH ! C’est trop gentil Loéva, il ne fallait pas, s’exclame Lauren.

Cette dernière ouvre le paquet-cadeau et découvre un magnifique collier de roses noires.

Les deux lycéennes partent ensuite pour trouver leurs tenues de soirée. Une fois leurs emplettes terminées, elles font un saut chez l’esthéticienne pour une manucure.

Le soir, Loéva dort chez Laurenn. La soirée se passe bien, elles ne cessent de parler de l’anniversaire et de Mathias.

 

Le lendemain,

Au matin, Loéva et Lauréne se préparent. Loéva s’habille avec une robe noire classique montrant ses longues jambes métissées. Elle se parfume avec du Miss dior chérie. Quant à Laurène, elle s’est vêtue d’une robe blanche avec son collier de roses noires.

Vers 13h30, les deux filles, avant de partir au 3B, mangent au McDo. Quand elles entrent dans le fast food, l’odeur des frites leur donne l’eau à la bouche. Après leur dernière bouchée, les deux amies partent pour la fête.

 

* **

 

Une fois arrivées au 3B, Loéva et Laurenn se prêtent au jeu d’une séance photo posée pour le site de la boîte. Cette fois-ci, les deux nouveaux vigiles ont un air beaucoup plus cool. Sourire aux lèvres, avec un style plus décontracté et plus sympathique que jamais avec les invités.

Au seuil du Black Backinbox, les deux amies poussent la porte et entrent.

La musique qui résonne et les cris d’accueil des invités mettent tout de suite les adolescentes dans l’ambiance. Laurenn demande à Loéva ce qu’elle a envie de boire. Loéva lui répond qu’une vodka ananas lui ferait plaisir. Les voilà parties pour une longue, très longue journée…

Laurenn a à peine le temps de dire bonjour à ses invités qu’elle est déjà en train de se servir une nouvelle fois. Loéva est un peu intimidée donc ne fait qu’un signe de tête aux invités. Après avoir bu quelques gorgées d’alcool, tout le monde part danser et se défouler sur la piste de danse. Loéva remarque une silhouette au fond de la boîte qui ne lui est pas inconnue. Elle décide alors de s’approcher et reconnait Mathias.

– Ah, tiens donc ! Mathias…

– Hey, Loéva ! Je te paye un verre ? la salue-t-il.

– Oui, pourquoi pas ?

Loéva va passer du bon temps avec Mathias. Ils se mettent à l’écart pour faire plus ample connaissance. L’adolescente enchaîne verre sur verre. Le jeune homme la drague et la colle de plus en plus. De son côté, Laurenn danse avec des gars. Elle danse collé serré. Elle profite de sa soirée d’anniversaire. Les invités sont éparpillés un peu partout. Une odeur atroce de sueur se balade sur la piste.

Pour Loéva, le temps semble long, très long.

Mathias et Loéva décident d’aller fumer. Ils sortent, se dirigent au coin fumeurs qui se situe dans l’arrière-cour à l’extérieur de la boîte. À cet endroit, des mégots sont éparpillés et écrasés sur le sol. Le coin est petit et bondé. Les gens se serrent et se poussent. Mathias décide de prendre la jeune fille dans ses bras afin de lui éviter les bousculades. La belle brune est gênée et le repousse.

Ils retournent donc à l’intérieur. Ils ne se parlent plus. Loéva va danser avec Laurenn. Elle se fait alors mater, accostée.

Les deux amies sont totalement saoules.

Loéva regarde alors son téléphone, elle voit l’heure et il est déjà 23 heures. Elle ne comprend pas ce bond dans le temps, elle qui croyait qu’il n’était que 19 heures. Elle se sent mal, dépaysée, déboussolée. Loéva se demande ce qu’elle pourrait inventer comme excuse à ses parents. Elle a une idée !!

L’intelligente fêtarde va leur dire que le gâteau est arrivé à la fin de la fête et qu’elle a dû attendre après.

Soudain, sa tête tourne. Les bruits de musique résonnent dans le crâne de la jeune fille. Elle devient blanche.

– On y va ! crie-t-elle, mais Laurenn ne répond pas.

Les cris des fêtards couvrent sa douce voix.

JOYEUX ANNIVERSAIRE LAURENN !! chantent-ils.

Elle aperçoit un énorme gâteau avec dix-huit bougies dessus. Tout le monde danse autour de la pièce montée. Sur une table, il y a une montagne de cadeaux de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Une grosse boîte enveloppée de papier-cadeau se dresse devant Laurenn. Tout à coup, des bombes de confettis et des serpentins envahissent la salle. L’adolescente est surprise par un gogo-danseur qui surgit de l’énorme cadeau. Les autres filles crient de joie, avec un peu de jalousie, cependant, elles sont heureuses pour Laurenn.

Loéva fait quand même un effort pour son amie et prend des photos avec son Nikon D200 de tout le monde.

 

Chapitre 7

Joyeux anniversaire !

 

Il commence à se faire tard et comme Loéva ne se sent pas bien, Laurenn décide de la raccompagner et de retourner au 3B, ensuite.

Ils sortent de la boîte de nuit et se dirigent vers le parking pour rejoindre la voiture de Mathias qui s’est proposé de les ramener. Loéva commence à tituber, sa tête tourne. Mathias a passé son bras autour des hanches pour la tenir et l’aide à monter. Il insère les clefs, allume le contact, mais sa voiture ne démarre pas.

Laurenn rigole, pendant que Mathias, lui, regarde sous le capot. Un sentiment indescriptible se passe à ce moment-ci dans la tête de Loéva. L’adolescente trouve le temps long.

– Quel anniversaire de folie ! se pâme Laurenn. Tu t’es bien amusée ?

– T’es bizarre, dit Loéva à son amie. Pourquoi tu parles au ralenti comme ça ? Et il est long Mathias sous le capot, on dirait qu’il ne va jamais en sortir !

– Mais qu’est-ce que tu racontes ? se marre Laurenn.

Mathias les coupe et crie :

– Laurenn ! Allume le contact !

VvvBrouuuuum !! La voiture démarre.

Et ils filent déposer la jeune fille pour retourner faire la fête au Black Backinbox.

En arrivant devant son domicile, Mathias descend de la voiture pour l’aider à sortir. Il la tient autour de la taille jusqu’au seuil de sa maison. Alors qu’elle s’apprête à rentrer, le garçon la retient. Loéva se retourne, Mathias s’approche d’elle. Il l’embrasse sur le front et lui dit d’une voix douce :

– Prends bien soin de toi, on se voit demain.

Il reprend le volant, accélère violemment, direction le Black Backinbox.

 

* **

 

Après avoir franchi la porte, Loéva se dirige vers les escaliers pour rejoindre sa chambre, dépose son appareil photo sur le lit et se couche, mais elle a l’impression de tomber dans le vide. Soudain, elle sursaute et fait tomber son Nikon D200. Loéva n’y prête pas attention. Pendant qu’elle se rendort, une photo se matérialise hors de l’appareil numérique.

 

Chapitre 8

La photo vidéo

 

Loéva se lève.

Les yeux à peine ouverts, elle descend de son lit, trébuche sur son Nikon et remarque une photographie à côté de celui-ci. Choquée, Loéva l’attrape. Elle se demande comment une photo a pu sortir de son appareil numérique.

Sur cette dernière, l’image bouge !

Stupéfaite, Loéva se pince se croyant dans un mauvais rêve.

Elle regarde fixement le cliché, frotte ses yeux, ferme les paupières, les ouvre, mais l’image bouge toujours.

Elle y voit Mathias et Laurenn en train de danser devant le magnifique gâteau d’anniversaire de sa petite quiche. Les projecteurs multicolores illuminent la pièce et le tas de cadeaux.

Elle aperçoit soudain son ex, Enzo, en train de danser avec des amis. Il s’arrête, va s’assoir et fixe Loéva.

Elle a envie de déchirer la photographie, de partir de chez elle en courant et de prévenir quelqu’un, mais elle a peur d’être prise pour une folle.

Soudain, elle remarque que ses parents ne sont pas là.

Elle les appelle dans toute la maison, stupéfaite. En vain. Il n’y a personne. La maison est vide. Elle se pose des questions. Ce n’est pas normal, ils devraient être là. Elle ressent un sentiment bizarre au fond d’elle-même.

Loéva ne prend pas de petit-déjeuner. Elle est trop angoissée de ne pas retrouver le visage de ses parents et de ne pas sentir le parfum à l’eau de rose de sa mère qu’elle lui a offert à son dernier anniversaire.

Loéva jette un œil à sa montre quand soudain :

– Oh mince, il est déjà 8h30, je vais encore être en retard ! Ça n’en finira donc jamais ?

Quelque chose la pousse à regarder une nouvelle fois la photographie. Ses amis ne bougent plus.

– J’hallucine ! s’exclame-t-elle.

Elle se tourne vers la fenêtre. Il fait un grand soleil. Il lui brûle les yeux. Troublée, elle se demande pourquoi.

Faut que j’arrête de me faire trop d’idées, se dit-elle. Mes parents sont sûrement partis quelques instants.

– Mais cette photo me perturbe beaucoup ! s’écrie-t-elle.

Elle laisse tomber tout cela. Elle la pose sur son bureau et décide de résoudre ce mystère plus tard. Loéva se prépare, prend ses affaires, son appareil numérique et part au lycée. Mais sur la route, elle ne voit personne…

 

* * *

 

En entrant dans le lycée, Loéva remarque qu’il n’y a aucun lycéen dans la cour.

Aucun bruit dans les couloirs, ni dans les salles. Une odeur sinistre lui donne des frissons. Tous ces événements lui font se poser des questions sur ce qui s’est passé la nuit dernière, sur ce qui lui arrive depuis la rentrée. Elle se rend compte que son sentiment de longueur au 3B et le manque de temps le dimanche pour travailler et se reposer sont sûrement reliés à ça…

Prise d’un mauvais pressentiment, elle allume son Nikon et regarde les photos de l’anniversaire. Elle voit une nouvelle fois les images bouger. Elle aperçoit son ancien petit-copain qui apparait sur tous les clichés. Enzo est placé toujours à droite de ces derniers. On ne voit que son visage. Il la fixe.

De peur, Loéva jette l’appareil.

L’écran numérique éclate en mille morceaux.

La jeune fille comprend brusquement que tous ses camarades sont en boîte de nuit, tandis qu’elle est piégée au lendemain.

– Comment vais-je retrouver mon Mathias ? pleure-t-elle, désespérée. Et ma petite quiche ?

Elle ramasse les bouts de verre de l’appareil.

– En m’offrant ce Nikon démoniaque, Enzo n’avait qu’une idée en tête… se venger.

Des hurlements lointains et étouffés s’élèvent des débris de l’appareil photo.

– Oh, my god ! Et moi qui ait cassé ce fichu bidule !

 

FIN