M.M. Faiseur d’histoires – Ateliers d’écriture

Lee-Lou & Ted

LES AUTEURS :

Mégane C, Aurélie C, Laurine D, Sonia F, Stéphane G, Thibaut H, Noemie H, Emilie K, Brendon L, Morgane L, Ludivine M, Océane S, Océane T, Emeline V, Karine V et Laura W.

Avec Christian Quennehen, professeur de lettres-histoire et Hélène Le Gallois, professeur-documentaliste.

Illustrations de Lee-Lou et de Ted : par Morgane L.

Chapitre 1 – La messe

Lee-Lou et son ours en peluche, Ted, vivent à New York. L’ours en peluche est un cadeau qui lui a été offert à sa naissance. Lee-Lou est de petite taille. Elle a de longs cheveux bruns et des yeux en amande. Elle est belle, gentille et intelligente. Cette petite fille de huit ans habite dans un grand appartement chez ses grands-parents qui l’élèvent depuis sa naissance.

Il est 8h10, Lee-Lou dort encore. Ted est allongé près d’elle sur son oreiller gauche. C’est dimanche, la fillette se réveille et traîne dans son lit. Sa grand-mère vient la chercher vers 10 heures pour le petit-déjeuner. Lee-Lou se lève, elle part dans la salle de bain. Elle se lave et s’habille. Elle  rejoint la cuisine au moment où ses grands-parents ont préparé son petit-déjeuner. Du pain grillé avec des œufs.

Ses grands-parents ont des yeux en amande verts. Ils sont gentils et beaux. Sa grand-mère est petite et mince. Son grand-père est grand et costaud. Lee-Lou mange, puis demande à ses grands-parents de s’installer dans le canapé, car elle doit leur parler.

– Dis, Mémé, où est mon papa ?

Sa grand-mère ne lui dit rien.

Lee-Lou regarde son grand-père.

– Dis, Pépé, pourquoi vous ne répondez pas quand je vous pose des questions sur mon papa ?

« Pépé » détourne le regard. Déçue, Lee-Lou prend Ted dans ses bras. Elle sort du salon et se dirige vers sa chambre en pleurant. Elle ne comprend pas pourquoi ses grands-parents ne veulent rien lui dire sur son père et se demande si celui-ci ne lui a pas fait du mal quand elle était toute jeune. Lee-Lou ressent le manque de ses parents. Sa maman est décédée en la mettant au monde.

Sa grand-mère va chercher Lee-Lou dans sa chambre.

– Lee-Lou, lui dit-elle, on va à la messe ! Tu viens ?

La fillette accepte. Sa grand-mère lui dit qu’après la célébration, ils iront lui acheter un livre de princesse. Lee-Lou saute de joie en apprenant la nouvelle. Elle est très joyeuse qu’on lui achète un livre, mais elle est triste de ne rien savoir sur son père.

* * *

L’église Saint-Martin est une ancienne église du XIXe siècle. Le monument religieux se situe juste à côté d’une salle des fêtes et de Central Park. Les croyants peuvent admirer un beau paysage autour de leur église.

Après être entrés, Lee-Lou, sa grand-mère et son grand-père vont s’asseoir sur un banc au premier rang. Le prêtre se tient à côté de la croix de Jésus-Christ.

– À quelle heure, ça se termine ? demande la petite fille.

Elle bouge dans tous les sens, sautillant et remuant. Elle est très impatiente d’aller acheter son livre.

Les grands-parents lui expliquent :

–  La messe se termine à midi.

– Mais ça va faire longtemps ! En plus, je n’aime pas l’église, ça me fait dormir.

À la fin de l’office, Lee-Lou est contente. Ses grands-parents sont aussi satisfaits qu’elle. Elle a cessé de se plaindre et s’est finalement bien tenue. Ils décident, donc, d’aller au K-Mart afin que Lee-Lou soit heureuse et ne demande pas où se trouve son père.

* * *

K-Mart est un supermarché où il y a des livres. Il y a du monde, c’est un nouveau magasin qui vient juste d’ouvrir en face de Central Park. Les grands-parents achètent à leur petite-fille  son livre de princesse. Lee-Lou est folle de joie. La revoici souriante et décontractée.

L’après-midi, les grands-parents de Lee-Lou restent chez eux dans leur appartement. Ils n’ont plus de voiture, car ils se sentent trop âgés pour conduire. Ils ont leur émission préférée : Walker Texas Rangers. Tandis qu’ils suivent leur série, leur petite-fille se rend sur les marches d’entrée de l’immeuble.

Lee Lou observe avec attention le physique des passants. Elle pense que son père a le même nez qu’elle. Pour elle, c’est normal, puisqu’elle tient la forme de ses yeux de sa mère et de ses grands-parents maternels. La fillette se demande toujours pourquoi ces derniers ne veulent rien lui dire sur son père.

Finalement, Lee-Lou est désespérée, car elle n’a pas aperçu son père dans la rue. Elle est triste et part pleurer dans sa chambre.

Chapitre 2 – À l’école

Aujourd’hui, c’est lundi. L’école commence. Tous les enfants sont encore dans la cour de récréation de School Park.

Lee-Lou souhaiterait que ses camarades s’intéressent à elle. Elle veut jouer avec eux. Les autres enfants ne lui prêtent pas attention et la laissent toute seule. Au bout de quelques minutes, le sifflet retentit pour entrer en classe. Les élèves se rangent et rentrent dans le bâtiment scolaire.

Lee-Lou court avec son ours en peluche dans le couloir, tout le monde la regarde. Elle devient toute rouge et crie sur son doudou.

La fillette de huit ans entre en classe, pose l’ours en peluche sur la table et joue avec. L’instituteur lui fait une remarque, mais elle continue de jouer. Alors, furieux, l’instituteur se fâche. Lee-Lou réagit mal et se met à pleurer. Les élèves se moquent alors d’elle.

* * *

C’est la récréation du matin, Lee-Lou est sur un banc. Elle serre Ted très fort dans ses bras et lui parle dans son oreille. Après, elle éclate de rire.

Tout à coup, des personnes de sa classe l’entourent et crient :

– Donne-nous ce nounours, on en a assez de lui !

Lee-Lou refuse.

– Non, je vous donnerai pas mon doudou.

Mais au moment où ils veulent prendre Ted, l’infirmière passe et s’écrie :

– Arrêtez de l’embêter !

Ses camarades regardent l’infirmière et baissent les yeux. En partant, ils jettent à Lee-Lou un regard de travers.

– J’en ai marre de toujours être critiquée, dit l’enfant à Ted.

Puis, Audrey, une camarde de sa classe, vient voir Lee-Lou.

– Salut bébé, lui dit la fille blonde.

– Salut Jermaine.

Audrey reste bloquée sur Lee-Lou.

– Ça va ?! veut-elle savoir.

– Oui, ça va. Et toi Jermaine ? persiste Lee-Lou.

Audrey est furieuse :

– Je n’ai rien d’un garçon, je ne m’appelle pas Jermaine Jackson !

– Tais-toi, Audrey ! Je t’appelle comme ça parce que tu m’appelles pas par mon prénom !

Lee-Lou part dans un coin de la cour de récréation. Elle joue seule à la marelle. Ensuite, elle parle avec son ours en peluche.

– J’en ai marre que tout le monde m’appelle bébé, se plaint-elle. Je le prends très mal, Ted, tu sais ! Car je pense qu’ils me jugent sur mon apparence physique. À la boxe, je peux m’amuser, car c’est un avantage d’être petite.

Le sifflet retentit. Elle court pour aller se ranger avec les élèves. Ces derniers se bousculent dans les couloirs en la traitant de bébé.

Lee-Lou leur répond :

– Non, mais c’est vous les bébés !

Tous ses camarades se taisent et regardent bizarrement la fillette.

Audrey éclate de rire :

– Tu te rebelles ! Tu crois faire peur à qui avec ta petite taille ? Espèce de Minimoys !

Lee-Lou prend mal qu’on la traite de petite et rentre dans la classe en pleurant. Le professeur lui demande ce qui se passe. Elle ne lui répond pas et va s’asseoir à sa place. À la fin de l’heure, il veut la voir pour parler de son problème avec ses camarades. Lee-Lou reste donc avec l’instituteur. Elle lui explique ce qui ne va pas. Elle dit à son enseignant que ses compagnons d’école se moquent d’elle en la traitant de « Minimoys ! » Son précepteur lui conseille de s’arranger avec ses copains pour que l’ambiance soit sans conflits.

* * *

Lee-Lou est sur le chemin pour rentrer chez ses grands-parents. Autour d’elle, des enfants courent, des chiens aboient, les voitures klaxonnent, des gens discutent, les pompiers passent à toute allure et des scooters pétaradent. Elle entend aussi des bruits de travaux et la musique des autoradios. Elle voit alors des oiseaux et saute vers eux.

Ils s’envolent.

Elle les regarde.

J’aimerai voler comme eux, songe-t-elle. Comme ça, je pourrais peut-être apercevoir mon père…

Elle aimerait tant le connaître.

Ensuite, elle jette un œil à l’intérieur de toutes les voitures. Elle cherche après les yeux et le nez des conducteurs. Soudain Lee-Lou se met à pleurer. Le professeur ne comprend pas qu’elle se fasse embêter par ses camarades de classe. Elle ne veut plus aller à l’école.

Une fois chez elle, ses grands-parents la consolent et la convainquent de retourner en classe. Le lendemain matin, Lee-Lou se réveille avec l’intention d’aller retrouver son père. Elle part l’après-midi et ses grands-parents s’inquiètent, car leur petite-fille n’est pas rentrée manger.

Chapitre 3 – La vieille dame coquette

Lee-Lou court pour rechercher son père. La fillette de huit ans se sent très malheureuse parce que ses grands-parents et ses camarades de classe la rejettent. Comme elle est en colère, elle grossit les choses. Trois jours, trois nuits dehors, dans le froid du début du mois de décembre, Lee-Lou en a assez. Elle ne trouve pas son père. Elle a froid, faim. Elle veut rentrer, mais elle s’est perdue dans les rues de New York.

Les gens ne font pas attention à elle. Elle arrive dans une rue. Elle est épuisée, c’est la nuit. Elle en a assez. Elle cherche un refuge. Elle entend des miaulements. Un chat surgit. Il saute d’une poubelle et l’effraye.

La fillette perdue renifle la puanteur des poubelles. Malgré cette mauvaise odeur, elle trouve un carton pour ne pas avoir mal et pour dormir… Elle fait des câlins à Ted et le serre dans ses bras et s’endort.

À son réveil, son doudou a disparu. Lee-Lou pleure. Tous les passants marchent devant elle. Personne ne va la voir.

À un moment donné, une vieille dame s’approche. Elle est assez grande, elle a les cheveux blancs. Sa tenue est très coquette.

– Je m’appelle madame Trinel. Pourquoi es-tu dehors ? demande la dame.

– Parce que je me suis enfuie de chez moi, pleure Lee-Lou.

La dame la prend dans ses bras et la console. Lee-Lou se laisse faire, car elle a besoin d’être  réconfortée et elle est très fatiguée. Mais tout à coup, elle s’écrie :

– Mais Ted ? Mais il est où Ted ? Où est Ted ?

– Qui est Ted ? demande la dame.

– C’est mon nounours.

– Ah ! N’est-ce pas lui, là ?

– Oui ! Oui, mon ours !

La dame a retrouvé Ted dans la rue, très sale. Des chats ont joué avec et l’ont déplacé. Lee-Lou est très contente. Elle le serre dans ses bras.

– As-tu faim et soif ? demande la vieille femme

– Oui !

– Alors, viens. Suis-moi. Je vais te laver, te donner à manger et à boire.

Madame Trinel amène donc Lee-Lou chez elle, au chaud.

* * *

La vieille dame coquette habite dans une petite maison de briques. Cette maisonnette est toute rose avec des fleurs jaunes.

– Qu’est-ce qu’elle est belle ! dit Lee-Lou.

Une fois dans cette belle maison, la dame l’emmène dans la salle de bain pour se laver. Ensuite, Lee-Lou propre, elle la prend par la main et l’amène à la cuisine. Elle lui a préparé des macaronis. La vieille dame, elle, boit son café. Après avoir fini son assiette, Lee-Lou la remercie. Elle lui dit qu’elle a bien mangé et que c’était très très bon.

Elle donne un bisou sur la joue de la dame.

– Comment t’appelles-tu, petite fille ? lui demande alors madame Trinel. Et quel âge as-tu ?

– Je m’appelle Lee-Lou, j’ai huit ans.

La dame a du mal à cacher sa surprise.

– Comme c’est étrange, ma petite fille a le même âge que toi. Et elle se prénomme également Lee-Lou…

Lee-Lou découvre alors une photo. Celle-ci est dans un cadre posé sur la cheminée. Lee-Lou se lève et s’approche de la cheminée.

Il s’agit d’un jeune homme. Il porte une tenue de militaire. Il a des décorations sur la poitrine. Il est grand, brun et il est mince. Ses yeux sont marron et il a la mâchoire un peu carrée. La fillette remarque que son nez est aussi petit que le sien.

La vieille dame s’approche d’elle et lui dit que c’est son fils. Qu’il s’appelle Michaël.

Lee-Lou est intriguée.

– Vous le voyez encore ? demande-t-elle à la femme. Ou pas ?

– Il est parti à l’année, explique la femme. Mais il passe quelquefois.

Elle lui tend les bras.

– Viens avec moi, s’il te plaît. Allons-nous rasseoir. J’ai deux ou trois questions à te poser.

Dans la cuisine, Lee-Lou s’assoit sur une chaise en face de la vieille dame.

– Est-ce que tu connais ta maman ?

– Non, madame. Ma mère est morte à ma naissance.

– Est-ce que tu connais ton papa ?

– Non. Je ne l’ai jamais vu. Je le recherche tous les jours, mais je le trouve jamais. Je ne sais pas comment il est. Et je ne sais même pas s’il me connaît, lui-même.

La vieille dame ressent une grande tristesse.

Elle reprend ses esprits.

– Alors, Lee-Lou, avec qui vis-tu? demande-t-elle.

– Je vis avec mes grands-parents du côté de ma maman.

– Et, dis-moi, où as-tu eu cet ours en peluche ?

– On me l’a offert à la naissance, mais je ne sais pas qui. Je dors avec et je vais avec à l’école et mes camarades de classe se moquent de moi. Mon ours Ted m’aide beaucoup… Et quand je suis triste, il me console. Avez-vous des photos de votre petite-fille ? l’interroge Lee-Lou.

– Oui. J’ai des photos d’elle.

– J’aimerais vraiment les voir !

La dame lui donne un album photo.

Lee-Lou remarque qu’il n’y a que des clichés de sa petite-fille bébé. Elle est très étonnée.

– Pourquoi vous n’avez que des photos d’elle en bébé ?

– Il est l’heure, Lee-Lou ! coupe court madame Trinel. Mets ce manteau, tes grands-parents vont s’inquiéter si tu ne rentres pas.

* * *

La rue où habite Lee-Lou est une vieille rue dans laquelle se trouvent plein d’alcooliques et des vendeurs de drogue. La fillette change de visage et devient triste d’un coup. Celle-ci s’attendait à ce que la vieille dame entre chez ses grands-parents, mais Madame Trinel s’arrête à la porte de l’immeuble, lui dit au revoir et repart. Elle attend sur le trottoir d’en face pour regarder si Lee-Lou rentre bien chez elle. En effet, il y a une chose que Lee-Lou ne sait pas. C’est que cette dame évite la confrontation  avec ses grands-parents, car elle sait qu’ils vont la reconnaître et le courant ne passe plus entre eux depuis que le père a abandonné la « petite ». Car Madame Trinel est la mère de son père.

Chapitre 4 – Dans l’ambulance…

Les grands-parents de Lee-Lou sont très contents de retrouver leur petite-fille adorée. Ils la serrent fort et lui demandent qu’elle leur promette de ne plus jamais partir. Ils étaient très inquiets.

– Je promets de ne plus me sauver, jure Lee-Lou avec une voix douce. Ted est content de vous revoir aussi. Il va veiller sur moi pour voir si je ne fais pas de bêtises !

Elle court dans sa chambre.

Les grands-parents restent dans le salon pour parler.

– Je pense savoir pourquoi elle a fugué, avoue le grand-père. Elle s’est sauvée pour retrouver la trace de son père et non pas pour nous faire peur.

– Oui, approuve sa femme, et on a été injuste avec elle.

Le grand-père explique :

– Il faut qu’on lui dise ce qu’on sait sur son père. On ne peut pas garder ça pour nous. Elle doit connaître toute la vérité.

– Oui, je veux bien, accepte la grand-mère de Lee-Lou, mais pas aujourd’hui. Attendons encore un peu. Je ne me sens pas prête.

* * *

Dans sa chambre, Lee-Lou sort son album photo du tiroir en dessous de son lit. Elle s’assoit sur celui-ci. Elle pose son ours en peluche sur sa couverture rose et regarde une photo d’elle bébé dans son album. La fillette s’aperçoit alors qu’elle ressemble à la Lee-Lou de madame Trinel.

Elle repense à l’étrange attitude de la vieille dame. Pourquoi cette personne âgée lui a-t-elle posé toutes ces questions ? Pourquoi s’intéresse-t-elle tant à elle ?

Serait-ce…

… sa grand-mère ?

Et son garçon ? Est-ce son père ? Elle a remarqué des choses en commun avec lui. Si oui, son papounet peut la reconnaître s’il avait une photo d’elle.

Lee-Lou raconte tout à Ted. Il ne bouge pas et reste pensif. Rêveur…

La fillette réfléchit longtemps à la vieille dame. Toute la journée, elle y repense et se demande si Madame Trinel est vraiment sa grand-mère. Elle rêve de celle-ci, ou alors de fonder une famille avec son garçon.

Son père ?

L’heure est maintenant venue pour Lee-Lou d’aller se coucher. Toute la nuit, elle ne cesse d’y penser et d’en parler avec son ours en peluche.

* * *

Le lendemain, Lee-Lou retourne à l’école.

Tous les élèves de sa classe étaient inquiets de sa disparition. Ils sont très heureux de la revoir parmi eux. Sauf que Lee-Lou joue toujours avec Ted. Les élèves ont du mal à reprendre leur travail. Ils en ont assez. Elle les embête, de nouveau. Ils décident d’aller voir la directrice. Le professeur en a assez, lui aussi, du comportement de Lee-Lou. Il demande que ses grands-parents soient convoqués.

* * *

Les grands-parents de Lee-Lou se rendent au rendez-vous.

Dans son bureau, la directrice leur explique que leur petite fille est très sage, mais qu’elle est toujours avec sa peluche. Elle devenue capricieuse.

Elle perturbe le bon fonctionnement de la classe. Ils doivent l’empêcher de la prendre à l’école.

Les grands-parents de Lee-Lou ont donc décidé de confisquer Ted. Lee-Lou, elle, ne veut pas le donner. Mais ils le lui confisquent.

– Pourtant, c’est mon seul ami ! pleure-t-elle.

– Si tu veux le revoir, lui dit son grand-père, tu dois être gentille dans les lieux publics et à l’école.

La grand-mère cache Ted dans l’armoire de leur chambre, en hauteur, pour que Lee-Lou évite de le prendre. Et finalement  Lee-Lou se dit qu’elle peut faire sans son ours en peluche durant quelques jours. Malheureusement, elle n’arrive pas à s’en passer. Il lui manque trop. Alors, elle se comporte mal. Elle répond ! Elle ne travaille plus à l’école.

Un après-midi, pendant que sa mamie fait la vaisselle et que son papy regarde la télévision, Lee-Lou fouille toutes les pièces, une par une. Aucun signe de son ours en peluche. Elle décide d’aller discrètement voir dans l’armoire de leur chambre. Elle prend une chaise de bureau de son grand-père pour atteindre le haut de l’armoire.

Mais tout à coup, Lee-Lou trébuche et tombe et se claque la tête contre la chaise.

Son grand-père la retrouve en train de pleurer et de se plaindre de sa jambe droite. Pris de panique, il crie après sa femme. La mamie de Lee-Lou appelle, tout de suite, le 911.

Les ambulanciers arrivent avec une civière pour transporter Lee-Lou à l’hôpital. La grand-mère pose Ted sur le ventre de leur petite-fille adorée.

* * *

Dans l’ambulance, Lee-Lou serre très fort son ours en peluche contre sa poitrine. Elle est rassurée de le savoir près d’elle. Elle sent le métal froid qui lui pique sous les doigts. Elle découvre une fermeture éclair de cachée à l’arrière de Ted.

Curieuse et étonnée, Lee-Lou ouvre la glissière. Elle est difficile à tirer parce que ça fait huit ans qu’elle n’a pas été ouverte. Un petit bruit se fait entendre. La petite fille passe sa main dans l’ouverture et sort un morceau de papier plié sur lequel est écrit : « À ma Lee-Lou de la part de son père ».

Elle pleure de joie. Elle rigole, elle est heureuse.

Elle déplie la feuille et découvre une lettre manuscrite.

Une joie tellement intense s’empare de la petite fille que celle-ci en perd connaissance. Sa peluche, dans sa main gauche et la lettre de son père dans sa main droite, elle se sent tomber dans un trou noir.

Ted la regarde s’endormir.

Chapitre 5 – La lettre du père

Ma chérie,

Je t’ai glissé cette lettre dans cette peluche que je t’ai offerte le jour où tu es née, car je savais que tôt ou tard tu la découvrirais. Je me présente : Michaël Trinel, 18 ans.

Je m’excuse de t’avoir abandonnée, ainsi, mais j’avais trop de problèmes. Je n’avais plus personne. Ta mère est décédée en te mettant au monde, donc je me suis remis à boire. J’ai retrouvé une copine que je battais. Je ne pensais pas être capable de t’élever seul. J’étais désespéré. Je ne savais pas quoi faire. Je ne voulais pas t’abandonner.

Je n’avais pas le choix. Voudras-tu me pardonner, s’il te plaît, Lee-Lou ?

Je t’aime, ma fille.

Ton papa qui t’adore tellement fort.

Chapitre 6 – Le retour

La grand-mère de Lee-Lou est dans tous ses états. Elle culpabilise. Le grand-père a peur pour sa petite-fille, mais ne le montre pas. Pour rassurer la grand-mère, il la prend dans ses bras.

– Ça va aller, elle est forte notre petite Lee-Lou . Elle a du caractère !

Toute la journée, ils attendent l’appel du médecin pour avoir des nouvelles.

Le téléphone  retentit enfin.

La grand-mère se dépêche de décrocher.

– Bonjour, Madame Caux, je suis navré de vous annoncer ça, mais Lee-Lou est dans le coma.

Le médecin raconte que si Lee-Lou à une jambe cassée, elle a malheureusement subi un traumatisme crânien.

– Oh ! non, s’écrie la grand-mère, ce n’est pas vrai !

Elle passe de l’inquiétude à la crise de larmes. Elle est désespérée. Elle ne sait plus quoi faire.

Elle appelle son mari, en pleurs, et hurle :

– NOTRE PETITE FILLE EST DANS LE COMA ! JE N’AURAIS PAS DÛ SUPPRIMER TED DE SA VIE !

Le grand-père est complètement tétanisé, puis, quelques secondes après, il lui dit :

– On va à l’hôpital !

Il demande à l’un de ses amis de les y emmener.

Celui-ci lui répond qu’il n’y a aucun souci.

* * *

Le hall de l’hôpital est grand et plein de monde : infirmières, secrétaires, patients qui attendent… Il y a des lits, de longs murs blancs. En arrivant, les grands-parents rencontrent, dans le hall, la mère de Michaël, le père de Lee-Lou. Ils ont informé Madame Trinel de l’accident  de Lee-Lou.

Le ton monte entre madame Caux et la mère de Michaël. Celle-ci dit :

– À cause de vous, ma petite-fille a fugué ! Je l’ai retrouvée dans la rue, seule, endormie sur un bout de carton. Je l’ai ramenée chez moi, au chaud.

– Elle n’a pas fugué de notre faute. Elle l’a fait, car elle a un manque d’affection parentale !!

– Je m’attendais à ce que ma petite Lee-Lou soit en sécurité chez les parents de sa mère. Et voilà qu’elle tombe dans le coma !

Une infirmière leur demande de se calmer.

Les grands-parents de Lee-Lou reconnaissent que ça ne sert à rien.

– Allons manger, propose madame Trinel, nous parlerons à tête reposée. Je connais un restaurant français. Le Bon En-cas. Sur la route, nous profiterons pour acheter un cadeau à Lee-Lou.

* * *

Au bout de quelques jours, Lee-Lou commence à se réveiller petit à petit. Elle remarque qu’il y a un homme à son chevet qui lui tient doucement sa petite main. L’homme est grand, costaud. Il a exactement le même petit nez qu’elle.

Il lui sourit.

Elle lui demande qui il est. Il lui répond d’une voix douce :

– Je suis ton papa.

Soudain, un petit sourire se dessine sur le visage angélique de Lee-Lou.

Son père la prend dans ses bras

Dès que la petite est rétablie,  il lui raconte pourquoi il l’a laissée chez ses grands-parents maternels.

– Tu sais papa, explique Lee-Lou, je connais l’histoire de ta vie. Tu m’as laissée avec mes grands-parents, car tu ne pouvais pas m’élever. Tout ça était écrit dans le message dans mon nounours, Ted.

La fillette lâche son papa et se met à crier :

– Il est où Ted ?

Son papa prend, sur lui, l’ours en peluche et le lui donne. Lee-Lou, heureuse, se jette à son cou avec Ted et lui fait un gros câlin.

–  Je t’aime, papounet …

Épilogue

Michaël, le père de Lee-Lou, a récupéré sa fille. Il a beaucoup changé. Il n’est plus du tout violent. Il a arrêté de boire. L’armée l’a motivé. Grâce à son travail de militaire, il a bien réfléchi sur son passé.

Lee-Lou a pardonné à son père.

Maintenant, ils vivent tous les deux dans un joli appartement à New York. Michaël a trouvé un autre poste avec l’armée. Il est employé dans les bureaux de l’U.S. Army. Donc il peut élever la petite.

Les grands-parents maternels de Lee-Lou ont été usés par les événements. Ils sont devenus très vieux. La petite Lee-Lou va les voir tous les jours. Elle a décidé de ne plus leur faire peur. Madame Trinel s’est réconciliée avec eux. Ils se retrouvent tous les dimanches pour un repas en famille.

Avec son père, Lee-Lou va se recueillir une fois par semaine sur la tombe de sa mère. Son comportement a changé depuis qu’elle a retrouvé son « papounet »  Il lui manquait un lien parental.

Lee-Lou a toujours son Ted, mais elle ne le prend plus à l’école ni dans la rue. Elle le laisse dans son lit, bien au chaud, avec la tête qui dépasse de sa couverture rose. Désormais, ses camarades s’approchent d’elle, lui parlent et ne la traitent plus. Lee-Lou, maintenant, rigole et s’amuse avec eux.

À la sortie de l’école, Lee-Lou court vers son « papounet ». Elle est heureuse et comprend que sa vie a changé. Le grand sourire d’une petite fille…

FIN