M.M. Faiseur d’histoires – Ateliers d’écriture

L’arbre maléfique

Une aventure de Sangeline, de Violette et d’Arthur !

L’arbre maléfique

par

les familles de l’école Anatole France d’Arras – 2014-2015,

soit :

Zohra, Kamal, Maya avec Shama,

Laura et Soan avec Corinne,

Brian, Anaïs et Logan avec Noelle

Medhi et Naouelle avec Ophélie,

Daria avec Sébastien et Deborah,

Gaël, Noah, Abbigaelle et Tillian avec Surridane,

Leila avec David,

Morganne, Ethan, Aline avec Medhi,

Dorian et Théa avec Catherine

Hazim, Mélissa et Selma avec Nelly

avec la participation de

Caroline, Émilie Démarest, Coralie Bonaventure, Laury Bazet, Gaëtan

et

Michaël Moslonka (romancier – M.M. Faiseur d’histoires)

***

Également en version PDF ici.

***

Chapitre 1 – Sangeline

Sangeline est assise sur le toit de sa maison – une maison toute rose en forme de chauve-souris avec un grand jardin. De là-haut, elle regarde les gens passer dans la rue.

– Quelle chance, pleure-t-elle, j’aimerais tant être comme eux !

Car, eux, ils ont des amis.

La vampire – car Sangeline est une vampire ! – a perdu le sourire depuis que ses compagnons vampires ne lui parlent plus. En effet, ils pensent qu’elle les a trahis, parce qu’elle s’est liée d’amitié avec un loup-garou et un humain.

L’humain vit au Brésil. Sangeline, elle, habite à Arras. Quant à son ami loup-garou, il ne sort que la nuit pour chasser – il chasse des rats, des souris, des lapins et des mulots. Le jour, il est trop occupé à dormir, et Sangeline est une vampire qui préfère vivre le jour ! Différente des autres, elle brille au soleil comme un diamant. Sangeline se retrouve donc toute seule.

Soudain, la jeune fille vampire a une idée.

– Et si j’allais voir Jinette ? s’exclame-t-elle. Elle va me consoler, elle. Et peut-être qu’elle me trouvera une solution ?

Elle saute du toit et se transforme en chauve-souris pour voler jusque chez Jinette.

***

Jinette est une sympathique vieille dame qui vend des miroirs magiques à Arras. Mais elle ne vend pas n’importe quels miroirs : ce sont des miroirs magiques. Par exemple : des miroirs qui reflètent l’image des vampires (ce qui est très appréciable pour Sangeline : elle peut, ainsi, se faire une beauté), des miroirs qui permettent d’être heureux, des miroirs dans lesquels il ne faut pas se regarder sous peine d’être transformé en statue, etc.

La vendeuse de miroirs magiques ne vend pas que des miroirs, elle vend également de la poudre – magique, elle aussi – ainsi que des flûtes… magiques.

Le magasin de Jinette se situe dans une impasse sombre. Seuls les gens différents peuvent le voir.

Qui sont ces gens différents ? Des vampires, bien sûr, et les loups-garous, forcément. Ainsi que des extra-terrestres, cela va de soi. Sans oublier les lutins qui vivent sous le plancher ou les nains ainsi qu’un certain Théo qui est Faiseur d’Histoires. Sans oublier : les personnes qui sont trèèès, mais alors trèèèèèèès gentilles.

Lorsqu’elles passent devant le magasin de Jinette, ces personnes différentes – comme Sangeline – ne voient d’abord qu’un grand miroir qui leur renvoie leur reflet. Puis, petit à petit, elles découvrent une devanture rouge et marron sur laquelle sont dessinées des centaines d’étoiles. Et, au-dessus de la porte d’entrée orange agrémentée de jolis arcs-en-ciel, elles peuvent lire : « Super magasin de miroirs magiques ».

Sangeline pousse cette porte. « Gling ! Gling ! Gling ! » fait la clochette au-dessus de sa tête.

À l’intérieur de l’étrange magasin, les murs sont tapissés de cœurs et des miroirs sont accrochés un peu partout : au plafond, sur les murs, sur l’appui de fenêtre. Ces miroirs bougent. Il y en a même un qui parle. Il se nomme L’Enchanteur. Ce miroir qui parle est accroché au plafond. Il a un nez, une bouche, des yeux, un nœud papillon et un pantalon de couleur rouge.

– Bienvenue chez Jinette ! dit L’Enchanteur. Je suis enchanté de te voir, Sangeline. Que veux-tu ?

– Je viens voir Jinette, lui répond tristement Sangeline, car j’aimerai avoir des amis…

– Ah ? Quel genre d’amis aimerais-tu ? veut savoir le miroir qui parle.

– J’aimerai être à nouveau ami avec les vampires… Ils ne m’aiment plus…

– Je vais t’aider ! À chaque vampire qui entrera ici, je lui parlerai de toi. Je dirai à quel point tu tiens à eux !

– Merci beaucoup, monsieur le miroir. Et toi ? Veux-tu être mon ami ?

– Euh.. Euh…, hésite l’Enchanteur. En fait, j’ai peur des vampires…

– Mais, je suis un gentil vampire, moi.

– Ah, oui, c’est vrai ! Je te crois et je veux bien être ton ami, alors.

Sangeline retrouve le sourire, mais juste un peu, car elle ne peut pas apporter le miroir chez elle ! De plus, le temps de convaincre les vampires de se lier à nouveau d’amitié avec elle, il risque de se passer des semaines, et des mois, et des années, voire des siècles !

Au même moment, Jinette sort de l’arrière-boutique. La vendeuse a 79 ans. Elle marche avec une canne rose et s’habille tout en rose. D’ailleurs, ses cheveux sont roses, et elle mâche un chewing-gum… rose !

Sans se rendre compte de la présence de Sangeline, la vieille dame se met à s’occuper de ses miroirs. Elle les lave avec une éponge humide qui la guide. « En haut, en bas ! Et à droite, et à gauche ! » dit-elle à Jinette. Puis la vieille dame essuie les miroirs avec un torchon. Un torchon rouge très vigilant. « Là, en bas, la guide-t-il, ce n’est pas fini. C’est encore mouillé. » Heureusement qu’ils sont là, car Jinette ne peut pas voir grand-chose : elle a une grosse marguerite rose dans les cheveux dont les grands pétales retombent devant ses yeux !

Pour que Jinette la remarque, Sangeline lui tape sur l’épaule. La vieille dame sursaute.

– Ah ! Une vampire ! prend-elle peur en faisant tomber une petite étagère remplie de miroirs.

Elle reconnaît sa visiteuse.

– Oh ? C’est toi, Sangeline. Mais… Mais que t’arrive-t-il, ma petite ? demande-t-elle après avoir enlevé la grosse marguerite de ses cheveux. Tu m’as l’air bien triste !

– Je viens te voir pour avoir de la compagnie, car je n’ai plus d’ami…

– Je vais t’aider ! la rassure la vieille dame. Je vais demander à Anaïs Fraisier, à Théo et à Violette de devenir tes amis ! Tu trouveras Théo dans une forêt derrière la porte des Diables, et Anaïs Fraisier, dans les nuages. Elle y vend ses confitures. Concernant Violette…

– Je suis déjà amie avec Violette, soupire Sanegline, mais je ne la vois pas souvent. Elle habite au pays des lutins. Et en attendant de trouver Théo et Anaïs Fraisier, que vais-je faire toute seule ? De toute manière, même en les trouvant, je resterai toute seule dans ma maison, puisqu’ils n’habitent pas Arras…

– Ah ! attends voir ! s’exclame Jinette. Quelle tête de linotte, je fais ! J’ai quelque chose qui devrait régler ton problème !

Elle lui donne alors une graine. Cette graine est orange et noire avec des yeux et une bouche.

– Plante cette graine dans ton jardin, explique Jinette, arrose-la et jette dessus cette poudre magique. Il poussera ensuite un arbre-ami qui restera toujours à tes côtés.

Sangeline est tout heureuse.

– C’est fantastique ! Youpee ! Tralala ! chante-t-elle. Merci, Jinette !

Chapitre 2 – L’arbre-ami

Sangeline retourne chez elle à tire-d’aile tout en continuant de chanter.

Une fois dans son jardin, elle plante la graine, l’arrose puis jette, dessus, la poudre que lui a donnée Jinette. La terre se met alors à trembler, puis une tige avec des feuilles apparaît. Elle gigote bizarrement en émettant un air de musique très triste.

L’arbre-ami pousse très vite. Il devient gros, grand, et détruit tout le jardin. D’un coup de branche, il essaye de griffer Sangeline.

– Il veut me tuer ! s’écrie la fille vampire, apeurée.

Alors, très vite, très très vite, très très très vite, elle retourne chez Jinette.

Pendant ce temps, l’arbre continue de pousser et il devient tellement grand qu’il dépasse le beffroi d’Arras. Il a de très grandes branches au bout desquelles ont poussé de longues griffes. Il est rouge et noir et dégage une odeur de poubelles. Il est énorme et prend tellement de place, qu’Arras devient un cauchemar. Des racines sombres et effrayantes sortent de terre. Elles foncent vers l’école Pierre Curie. Sur leur passage, elles détruisent les bâtiments de la ville. Partout, c’est le chaos. D’autres racines soulèvent la gare. L’arbre-ami casse les voitures, les camions, les trottinettes, les vélos, les skate-boards, tout ce qui roule, même les poussettes !

– Personne ne pourra se sauver d’ici ! annonce-t-il alors aux habitants effrayés.

* * *

Pendant ce temps, à l’école Pierre Curie, dans sa salle de classe, Arthur – petit garçon de 6 ans aux cheveux orange – est impatient qu’arrive l’heure de la récréation, car il doit faire une course avec son meilleur ami J.C.

Son professeur, monsieur Cacahuète, est en train d’enseigner le Chinois. Arthur est très attentif. Il se comporte bien, car il aime apprendre. Aujourd’hui, il apprend à compter jusqu’à dix, en chinois.

Enfin, voici l’heure de la récréation tant attendue !

Le garçonnet rejoint J.C. dans la cour pour faire la course avec lui. Pendant le jeu, Arthur se comporte, là aussi, très bien, car il aime jouer avec son ami. Donc, il reste sage pour ne pas être puni et continuer à s’amuser.

Soudain, de grosses branches d’arbre apparaissent et emprisonnent l’école.

– Au secours ! crient les enfants.

C’est la panique ! Les professeurs essayent de calmer leurs élèves.

Les parents arrivent à la rescousse.

– Ne vous inquiétez pas, nous allons vous aider ! disent-ils à leurs enfants.

Solidaires, ils sont prêts à tout pour les aider affronter cet ennemi et à sortir de cette cage de racines et de branches.

Ils essayent d’écarter les branches. Malheureusement, l’arbre se penche vers eux et les repousse avec ses grandes, ses énormes griffes.

– Ne me touchez pas ! gronde-t-il. Je ne vous laisserai pas délivrer ces enfants ! Car eux seuls peuvent m’empêcher de pousser !

Tandis qu’il parle, tout le monde tente de couper des branches. Avec une scie pour les parents, avec les couteaux de la cantine pour les professeurs et avec des paires de ciseaux pour les enfants. Et ils y parviennent ! Sauf que les branches repoussent, tout de suite. Les élèves, les parents et les professeurs ne peuvent rien faire. Les voici prisonniers de l’arbre-ami de Sangeline – car c’est bien de lui dont il s’agit !

De son côté, Arthur est allé dans la cabane du jardinier. Il revient avec du désherbant et le pulvérise sur les branches et sur les racines. Peut-être que cela les empêchera de pousser ? Mais le produit n’est pas assez puissant. L’arbre griffe alors Arthur.

– Aïe, j’ai mal ! se plaint le petit garçon aux cheveux orange.

– AH ! AH ! AH ! s’amuse méchamment l’arbre.

Arthur ne se laisse pas intimider.

– Eh, toi ! ne me touche plus ! lui dit-il.

– Arrête, petite chose humaine, sinon, je te dévore ! le menace son ennemi. Et ne pense même pas à me mettre le feu, je suis un arbre qui ne brûle pas !

Il a peur des enfants, comprend le petit garçon.

Soudain, tous les enfants sont transformés en noisettes !

– En les plantant, j’aurai d’autres arbres avec moi ! se satisfait l’arbre-ami. Une armée d’arbres maléfiques !

En ce qui concerne les parents et les professeurs, il les transforme en vers de terre ! Car les vers de terre font des trous dans la terre, ce qui aide les plantes à pousser plus vite…

Chapitre 3 – Violette

Pendant ce temps-là, Sangeline est de retour chez Jinette.

– Pourquoi m’as-tu vendu cette graine ? reproche-t-elle à la vieille dame. Elle s’est transformée en un gigantesque arbre ! Un arbre énorme qui est en train de tout casser dans la ville des humains !

À ces mots, Miroir l’Enchanteur, s’étant approché pour mieux écouter, s’exclame :

– Oh ! un arbre qui casse tout ?

Il se détache du plafond et s’en va vite se cacher sous une table.

– Brrr, j’ai peur ! J’ai peur ! ne cesse-t-il de répéter.

De son côté, Sangeline est si triste, tellement déçue. Jinette, elle, est catastrophée. Et terrifiée. Elle qui saute de peur dès qu’elle voit un serpent ou un ver de terre, alors, pensez-vous, un arbre gigantesque, plus haut que le beffroi ! Maléfique, en plus !

S’en rendant compte, la jeune fille vampire s’excuse.

– Je suis désolée de m’être énervée contre toi, mais je suis si découragée…

– C’est moi qui suis désolée, lui dit Jinette avant de donner des explications : J’ai été trompée. C’est une consœur sorcière qui m’a vendu cette graine en me disant qu’elle permettait d’avoir un bon ami à ses côtés. C’était un piège ! Elle a voulu se venger, car, il y a très longtemps, je lui ai pris son amoureux. Moi qui pensais que c’était de l’histoire ancienne !

Un claquement de doigts retentit à ce moment très précis.

Une lutine apparaît dans le magasin. Elle a la peau de couleur violette et porte une jolie robe, toute violette. Cette lutine, c’est Violette !

– Bonjour Sangeline, dit-elle à la jeune fille vampire.

Violette est déjà venue au magasin acheter un miroir afin de l’offrir à sa maîtresse pour que cette dernière soit toujours joyeuse. Cette fois-là, Sangeline était présente. c’est ainsi qu’elles ont fait connaissance.

– Ça ne va pas fort, n’est-ce pas ? continue la lutine.

– Bonjour, Violette, répond Sangeline en croisant les bras. Tu as raison, ça ne va pas bien du tout, mais, alors, pas bien du tout ! Un méchant arbre a voulu me faire du mal ! Je croyais acheter un arbre-ami, mais il s’agissait d’un arbre maléfique !

– Oui, je sais ce qui se passe, annonce la lutine. Cette méchante chose est en train de s’attaquer à la ville d’Arras. Je le sais, car je l’ai sentie arriver ! C’est pour cette raison que je suis venue !

Sangeline est très surprise.

– Tu es venue nous aider ?

– Oui ! D’ailleurs, je vais t’offrir ce magnifique cadeau ! lui dit Violette en lui tendant un paquet tout en longueur qu’elle sort de son sac accroché à sa taille.

Ce sac est un sac sans fond dans lequel Violette peut ranger tout plein de choses ! Elle l’a nommé le « sac infini ». Il est petit et blanc avec des fermetures Éclair allongées, des diamants et des lettres multicolores.

Sangeline demande ce que contient le paquet cadeau.

– Ouvre-le ! Ouvre-le ! lui répond la lutine très excitée, en sautillant sur place. Tu verras, ma surprise va te remonter le moral !

La vampire déballe donc le cadeau et découvre un grand sifflet de toutes les couleurs.

– Il s’agit d’un objet qui sert à enlever les mauvaises pensées, explique Violette. Il permet aussi de détruire toutes les choses maléfiques.

Chapitre 4 – Le Sauveur

Pendant que Sangeline discute avec Violette, quelqu’un vole dans le ciel au-dessus d’Arras. Il vole très vite vers la ville. Vole-t-il à la rescousse des Arrageois ?

Forcément, car il a tout d’un super-héros ! Il porte un justaucorps vert fluorescent et une cape rouge.

Il atterrit et, aussitôt, les habitants d’Arras, paniqués, se rassemblent autour de lui. Ils ne comprennent pas encore ce qui s’est réellement passé.

Le super-héros est un jeune homme de vingt-et-un ans, blond aux yeux rouges. Il est très grand.

– Qu’est-ce qui se passe, ici ? lui demande-t-on. Pourquoi tout est cassé ? Est-ce une tornade ?

– Non, c’est cet arbre très méchant qui a tout cassé !

– Oooh ! Et vous êtes notre sauveur ?

– Oui, je vais tout réparer, car je suis un Super-Héros ! leur annonce leur sauveur, le menton relevé fièrement, un bras sur la hanche droite, le gauche en l’air. D’ailleurs, je m’appelle Le Sauveur !

– Bravo ! Bravo ! applaudissent les Arrageois forts contents de cette bonne nouvelle.

Les pompiers, la police et les militaires arrivent sur place. Ils sont venus détruire l’arbre, mais d’un ton prétentieux, le Sauveur leur dit :

– Non, non, non ! Laissez, je vais m’en occuper, tout seul ! Ne suis-je pas un Super-Héros, après tout ?

Les habitants d’Arras le trouvent, soudain, un peu bizarre et deviennent méfiants.

Alors, des rayons sortent des yeux du Sauveur et figent tout le monde.

– S’il y en a un qui bouge, prévient le traître, je le pulvérise !

Menace inutile, bien sûr, puisque plus personne ne peut bouger.

L’arbre maléfique intervient et transforme tous les Arrageois – pompiers, policiers et militaires compris – en vers de terre !

– HA ! HA ! HA ! Bien joué, l’ami ! s’amuse-t-il.

– De rien, c’était un jeu d’enfant ! lui répond le Sauveur. HA ! HA ! HA ! Quelle bande d’idiots ! Ils ne se sont doutés de rien !

– Qu’est-ce que tu fais par ici, dis-moi ? Es-tu un Terrien ?

– Je ne viens pas de la Terre ! J’ai dû m’enfuir de ma planète, car ses habitants se sont rendu compte que je n’étais pas un super-héros, mais un super-méchant ! J’adore être méchant et terrifiant !

– HA ! HA ! HA ! Moi aussi ! conclut l’arbre maléfique. On va faire une bonne équipe, toi et moi !

* * *

Sangeline et Violette arrivent sur les lieux, quelques minutes plus tard. L’arbre a entassé les noisettes sur ses branches. Il est occupé à les planter, tout en mangeant quelques-unes d’entre elles. Autour de son tronc, des vers de terre gesticulent dans tous les sens.

Le Sauveur parade devant lui. Le torse bombé, la tête haute, il chante à tue-tête qu’il est le plus beau et le plus fort ! Qu’il est un super-héros !

– C’est un super-héros, tu te rends compte ? dit Sangeline à Violette.

– Je ne suis pas de cet avis, répond la lutine. Je trouve cet homme, très bizarre… Il n’a pas l’air du tout gentil.

– Est-ce parce qu’il parle fort ?

– Non…

– Parce qu’il se la pète à fond ?

– Non, non…

– Parce qu’il est habillé tout en fluo ?

– Non, non, non, c’est autre chose… Écoute-le bien : la façon dont il parle est agressive, tu ne trouves pas, Sangeline ?

– Tu as raison. Ce n’est pas quelqu’un de gentil… D’ailleurs, on dirait qu’il protège l’arbre. Que va-t-on bien pouvoir faire ?

– J’ai un plan ! annonce Violette.

En chuchotant, elle l’explique à son amie vampire, puis elle s’approche de l’arbre, sans se cacher. Le Sauveur intervient et se met en travers de son chemin.

– Toi, tu ne vas pas plus loin ! lui dit-il. Je ne veux pas que l’on touche à cet arbre !

Sa voix résonne dans la ville vide.

– Ben pourquoi ? demande, innocemment, Violette.

– Parce qu’il pourrait te tuer…

– Ben pourquoi ? Je ne lui veux pas de mal, moi !

– PARCE QUE ! hurle le Sauveur.

Ses yeux rouges deviennent orange et lancent des éclairs vers la lutine. Violette saute par-dessus, puis elle sort de son sac Infini une trottinette. Elle monte dessus et fonce à toute vitesse en faisant des zigzags pour éviter les attaques du méchant super-héros.

Pendant que son amie fait diversion, Sangeline s’est transformée en chauve-souris. Elle a volé jusqu’à l’arbre. Elle se retransforme en vampire et sort son sifflet. L’arbre la repère tout de suite. Il cesse de planter les noisettes et plie son tronc jusqu’à elle pour la regarder droit dans les yeux !

– Que me veux-tu, toi, avec ton sifflet ? Un sifflet magique, en plus, je le sens ! Me veux-tu du mal, toi qui es si ridicule par rapport à ma grande taille ?

Sans attendre de réponse, il essaye de la griffer, puis de l’envoyer valser. Mais il ne parvient pas à la toucher, car Sangeline baisse la tête ou saute par-dessus ses coups.

– Arrête ! lui dit-elle. Je ne te veux pas de mal !

– Pourquoi viens-tu me voir avec ce sifflet, si tu ne me veux pas de mal ?

– C’est pour que tu ne sentes plus mauvais…, ment Sangeline.

– Ah, bon ? Je sens mauvais ?

– Oui, tu sens très fort. Tu sens les poubelles !

– Ah, bon ? répète l’arbre.

– Oui ! Dans une minute, annonce-t-elle, tu sentiras la fraise. C’est bon la fraise…

– C’est super ça ! Je sentirai meilleur ! Je t’aime bien, finalement, toi. Vas-y, siffle. Je ne te transformerai pas en ver de terre…

Sangeline donne un coup de sifflet. Ensuite, elle prend un air sévère et ordonne :

– Arrête tes bêtises, maintenant !

Malheureusement, il ne se passe rien. L’arbre est toujours méchant et maléfique.

Le sifflet magique de Violette n’est pas assez puissant, comprend la vampire.

– Ça ne marche pas, ton truc ! lui dit l’arbre. Je ne sens pas du tout la fraise.

Sangeline se dépêche de lui dire « Au revoir ! » avant qu’il ne comprenne qu’elle lui voulait du mal et se sauve pour retourner chez Jinette. De son côté, Violette remercie le Sauveur d’avoir joué avec elle et s’en va, à son tour, en marchant comme si de rien n’était.

Chapitre 5 – Arthur

Arthur n’a pas été transformé en noisettes. Il a échappé à ce mauvais sort en décidant d’aller chercher du produit magique chez Jinette. Comme il est un enfant très très gentil, le petit garçon aux cheveux orange connaît l’existence du magasin de la vieille dame. Un magasin de miroirs magiques qui ne vend pas que des miroirs, des flûtes ou des graines, mais où l’on peut acheter, aussi, du désherbant magique ! Au moment où l’arbre maléfique jetait son sort, Arthur descendait au sous-sol de l’école afin de trouver une issue pour sortir de l’école.

Le sous-sol de l’école est rempli de poussière et d’anciens « trucs » comme des cartons de vieux livres, des anciens trophées, des médailles, etc.

En cherchant une issue, le petit garçon découvre, derrière un grand et vieux coffre, une porte datant de la guerre 14-18. Il décide donc de l’ouvrir et le voici dans des galeries souterraines. Ces galeries sont un vrai labyrinthe et sentent l’humidité. Pour s’éclairer, Arthur prend une petite bougie qui est accrochée à l’un des murs. Il l’allume grâce à un briquet qu’il trouve à terre.

Peut-être que c’est un soldat de la guerre 14 qui l’a perdu, ici ? se dit-il en s’enfonçant sous l’école.

Il parcourt ces galeries pendant plusieurs longues minutes. Durant son exploration, il découvre une bicyclette qui va lui permettre de se rendre plus vite chez la vendeuse de miroirs. Puis il ressort au milieu de la ville.

– C’est quoi, ça ? s’exclame-t-il en voyant le chaos qui règne dans la ville. Je rêve !

Se remettant de sa surprise, il fonce à toute vitesse chez Jinette.

* * *

Quand Arthur arrive au magasin de miroirs magiques, il rencontre Violette et Sangeline.

Une lutine et une vampire ? Surtout, une vampire ! Terrifié, le petit garçon aux cheveux orange hurle en courant dans tout le magasin et… BOUM ! Il se cogne la tête dans un mur.

– Mon Dieu ! s’écrie Jinette.

Sangeline et Violette se précipitent pour lui venir en aide. Elles lui entourent la tête d’un pansement si bien qu’Arthur ressemble à une momie ! Sangeline lui fait alors un gros câlin et le petit garçon comprend qu’elle n’est pas du tout méchante.

– J’ai un problème, raconte-t-il, alors. Nous étions tranquillement en train de jouer dans la cour de récréation quand, tout à coup, un arbre géant a capturé mon école. J’ai réussi à me sauver en passant par le sous-sol.

– Oh, la, la, la, la ! se désespère Sangeline. C’est de ma faute, car c’est moi qui aie planté l’arbre ! Je suis la coupable de tout ce qui arrive !

– Mais non, la contredit aussitôt Jinette, c’est entièrement de ma faute. C’est moi qui t’aie donné la graine !

– Bon, arrêtez ! intervient Violette. Trouvons plutôt, ensemble, une solution à notre problème.

– Moi, j’ai pensé à du désherbant magique, propose Arthur.

– Je crois que ça ne suffira pas, lui répond la lutine en lui racontant leur mésaventure avec son sifflet. Il faut trouver autre chose…

De sous la table où il est toujours caché, Miroir l’Enchanteur balbutie :

– L’a… L’arbre a… a un point… a un point faible…

– Lequel ? lui demande Jinette.

– Je… Je ne veux… Je ne veux pas le dire, lui répond son miroir.

– Dis-le-nous, s’il te plaît, le supplie Violette.

– No… Non… j’ai… J’ai trop peur !

– Si ! insiste Arthur.

– No… Non !

– Si tu nous confies ce secret, nous ne le dirons à personne, tentent-ils de le convaincre. Tu peux nous faire confiance.

– Très… Très bien, accepte le Miroir. Ce genre d’arbre est bien de couleur rouge et noire, non ? Le rouge, c’est sa sève. C’est un peu comme son sang. Il suffirait donc que Sangeline le boive, puisqu’elle est une vampire…

– Aaah, c’est génial ! s’écrie tout le monde.

– Oui, sauf qu’il faut pouvoir s’approcher de l’arbre, se souvient Violette. Il y a le Sauveur. Contre lui, cela m’étonnerait que mon sifflet magique nous soit utile…

– Oh !Mais il existe une solution, lui dit le petit miroir très peureux.

– Youpie ! s’exclame Sangeline. Dis-le-nous, s’il te plaît !

– No… Non, bégaye à nouveau le miroir. Car la… la sor… la sorcière… me… me tuera,

– Il faut que tu nous le dises, intervient Violette. Comme ça nous pourrons arrêter l’arbre.

– Et si personne ne le dit à la sorcière, elle n’en saura rien, ajoute Arthur.

– Bon, je… Je vais vous le dire.

Et Miroir l’Enchanteur leur parle d’une poudre magique qui rendrait gentil les enfants méchants.

– Cette poudre est gardée par le terrible Maton, les prévient le petit miroir d’une voix brusquement grave, avant d’ajouter : mais avant de vous rendre à sa prison, allez voir Théo le Faiseur d’Histoires et Anaïs Fraisier, la vendeuse de confitures, peut-être sauront-ils trouver un moyen de vous débarrasser du Sauveur…

– Pour les rencontrer, précise Jinette, il vous faudra passer par la Porte des diables.

Chapitre 6 – La Porte des diables

Jinette a amené Arthur, Violette et Sangeline devant la Porte des diables. Celle-ci se trouve dans son arrière-boutique, derrière un mur qui ne s’ouvre qu’en poussant dessus, mais encore faut-il savoir sur quelle partie du mur appuyer. Pour cela, il suffit de demander à Jinette.

– Peu de personnes connaissent l’existence de cette porte, est en train d’expliquer la vieille dame. Comme mon magasin, elle ne peut être vue que par des personnes spéciales.

La porte des diables ressemble à un miroir. Son contour est en bois bleu sur lequel Violette, Sangeline et Arthur découvrent des photographies de diables. La poignée est toute noire. Arthur s’en approche.

– Attention, le prévient Jinette. Si tu touches la poignée, la porte s’ouvrira et tu ne pourras pas revenir en arrière… Ce n’est pas à toi d’ouvrir cette porte.

– Eh, mais qu’est-ce qu’il y a dans ce miroir ? demande alors Arthur en se reculant de la poignée.

Dans le reflet, vient d’apparaître le reflet d’une effrayante créature.

– Qui es-tu ? lui demande Arthur qui n’a pas du tout peur.

L’apparition sort du miroir. Elle a deux cornes sur la tête et une petite moustache sous son nez. Son visage est d’un rouge très vif. Ce diable – car il s’agit bien d’un diable – porte des habits rouges et une longue cape noire. Il est très grand et semble très fort. Il ouvre la porte

– Je vous prie de vous hâter de passer, dit-il d’une voix grave en exécutant une révérence.

– Oui, dépêchez-vous, insiste Jinette, car sinon la porte risque de se refermer et plus jamais nous ne pourrons l’utiliser. Elle n’aime pas être ouverte pour rien…

* * *

Une fois de l’autre côté de la Porte des diables, Arthur, Sangeline et Violette se retrouvent dans une forêt verdoyante. C’est le printemps et les feuilles repoussent. Beaucoup d’oiseaux chantent dans les arbres. Il y a quelques petites fleurs qui diffusent différentes senteurs très agréables.

– Wow ! Quelle belle forêt !! s’émerveille Violette.

– Cela nous change de mon arbre-ami, soupire Sangeline.

– Y a-t-il des gens qui vivent ici ? se demande Arthur.

– Y a quelqu’un ? crie Violette.

– Oui, il y a quelqu’un, leur dit une voix aiguë.

Un renard sort d’un buisson.

– Qui a parlé ? demande Arthur en regardant autour de lui.

– C’est moi ! lui répond le renard. Qu’est-ce que vous faites ici ?

Arthur est émerveillé.

– Waouh, dit-il très content de cette rencontre, un renard qui parle !

Violette, elle, a envie de faire un câlin à l’animal. Elle veut le prendre dans ses bras, mais il recule. Il se sauve et tourne autour de la lutine.

– Arrête de tourner en rond ! s’énerve Violette.

Le renard obéit, mais en se tenant à l’écart d’elle.

– Qu’est-ce que vous faites ici ? redemande-t-il.

– Nous venons de traverser la Porte des diables et nous sommes arrivés dans cette forêt, lui répond Violette.

– Et qu’est-ce que vous cherchez dans cette forêt ?

– Nous cherchons l’atelier de Théo le Faiseur d’Histoires. Tu nous aides à le trouver ? lui demande Arthur.

– Je vais vous aider et vous montrer le chemin ! accepte le renard. Il suffit de suivre cette barbe, dans ce sens-là…

En effet, à travers toute la forêt, serpente une longue, mais, alors, une très longue barbe blanche.

Elle semble faire au moins 999 kilomètres, se dit Arthur tout en la suivant. Elle doit aller jusqu’à l’horizon…

Au bout d’un long moment, le petit garçon, Sangeline et Violette, tous les trois accompagnés du renard, sortent de la forêt pour arriver devant une montagne. La barbe disparaît à intérieur d’un terrier creusé au pied de celle-ci.

Chapitre 7 – Théo, le Faiseur d’histoires

Une fois l’entrée du terrier passée, Sangeline, Arthur et Violette arrivent dans un atelier. L’atelier de Théo le Faiseur d’histoires ! C’est un endroit de petite taille avec des crayons qui parlent et un bureau triangulaire. Des feuilles volent dans toute la pièce, des livres marchent.

Théo est vieux comme le Monde. On dit qu’il a 999 999 ans. Il a trois sœurs et dix frères. Il est de grande taille et a les cheveux bruns sous son chapeau en forme de lune. La longue, très longue, très très longue barbe qui sort du terrier est la sienne !

Le Faiseur d’Histoires est assis devant son bureau. La tête sur ses bras croisés, il pleure.

– Qu’est-ce que vous avez, monsieur le Faiseur d’Histoires ? lui demande Violette.

Arthur s’approche et lui frotte le dos.

Théo montre tous ses livres.

– Personne ne peut me lire ! geint-il d’une voix grave.

Il s’explique : son écriture est tellement petite que personne ne peut comprendre ses histoires ! Voici des années que cela dure, il n’en peut plus !

– Il faudrait que quelqu’un souffle dans une flûte pour vous puissiez écrire plus grand ! proposent en même temps Sangeline et Violette.

– Mais je suis déjà allé voir Jinette ! Une telle flûte n’existe pas !! s’écrie Théo avant de s’effondrer à nouveau en larmes.

Apeuré, son chapeau quitte sa tête pour aller se cacher dans un livre. Sangeline console l’écrivain puis, avec Violette, elle se creuse les méninges pour essayer de trouver une autre solution.

– Pour comprendre les petites écritures, il existe un microscope invisible qui devient visible lorsqu’on doit les lire ! se souviennent-elles, toutes les deux. Il aide à voir les lettres en grand !

– Oui, je le sais ! J’en ai un ! leur répond Théo, très en colère, en criant et en pleurant beaucoup plus fort. Ça ne réglera pas mon problème. J’écrirai toujours trop petit !

Sous l’effet de l’énervement, sa barbe rétrécit complètement jusqu’à devenir une minuscule pointe blanche au bout de son menton.

– J’ai une idée, intervient Arthur, il vous faut un ordinateur ! Avec, vous pourrez écrire plus grand. Je vous le ramènerai dès que nous aurons vaincu l’arbre maléfique !

Fou de joie, Théo saute dans tout son atelier. Il est tellement content qu’il retourne sa table de travail, renverse ses pots à crayons, ses livres s’envolent et il fait tomber ses lunettes. Bref, c’est le désordre le plus total !

N’ayant plus peur, le chapeau quitte sa cachette et saute sur la tête de l’écrivain. La barbe reprend alors sa taille normale. Elle redevient tellement grande que Théo marche dessus et tombe. Qu’à cela ne tienne ! Il se relève et prend le petit garçon aux cheveux orange dans ses bras.

– Je t’aime toi ! lui dit-il.

Mais ses crayons ne sont pas de cet avis.

– Ça ne va pas la tête ! boudent-ils. Qu’est-ce qu’on va devenir, nous, si tu utilises un ordinateur ?!

– Voyons, les rassure Théo, je vais toujours me servir de vous dans mes cahiers de brouillon, car moi, je sais me relire.

Ses crayons étant très contents, il se tourne alors vers les trois aventuriers.

– Au fait, pourquoi êtes-vous venu chez moi ?

– Il y a un arbre maléfique qui a surgi de la terre, à Arras, lui explique Violette… Il a détruit une partie de la ville. Il a même transformé les habitants en noisette et en vers de terre.

Le Faiseur d’histoires est catastrophé :

– Oh, c’est terrible ! C’est affreux ! Il n’y a aucun moyen de l’arrêter ?

– Il y a peut-être une solution, mais il y a un méchant Super-Héros qui le protège et nous ne savons pas comment faire pour nous débarrasser de lui !

– Et si vous détourniez son attention avec un très bon livre…, songe tout à coup Théo.

Alors le Faiseur d’Histoires prend une plume et commence à écrire : « Il est fort et beau, il a des super-pouvoirs… » Il écrit des pages et des pages. 99 au total ! Ce livre de 99 pages vantera les exploits du Sauveur, le super-héros le plus puissant de tous les temps !

Chapitre 8 – Anaïs Fraisier, la vendeuse de confitures

Sangeline, Arthur et Violette la lutine ont quitté Théo le Faiseur d’Histoires. Sangeline s’est transformée en grande chauve-souris sur laquelle sont montés ses deux amis, direction les nuages et la maison d’Anaïs Fraisier.

– Attention ! annonce la jeune femme vampire. Nous atterrissons !

Et les voici tous les trois sur les nuages ! Arthur est heureux en découvrant qu’il peut marcher dessus sans passer au travers. Il trouve ça génial et saute de nuage en nuage.

– Fais attention, le prévient Violette, tu risques de tomber entre deux nuages.

– Ne t’inquiète pas, je sais ce que je fais, lui répond Arthur en lui tirant la langue.

La lutine saute devant le petit garçon et lui ordonne :

– STOP ! Arrête de sauter, tu risques de tomber !

Arthur obéit, aussitôt.

– D’accord, lui dit-il, tout penaud.

De son côté, la jeune fille vampire cherche le magasin d’Anaïs Fraisier. Ce faisant, elle découvre une maison en forme de pot de confiture. La devanture est rouge comme de la fraise. Elle est parsemée de pépins noirs. Sur le toit, en forme de couvercle, est inscrit : « Bienvenue chez Anaïs Fraisier ».

Le magasin est entouré d’un beau jardin avec des fleurs de toutes les couleurs en forme de pots de confiture. Ces étranges fleurs dégagent une odeur de rhubarbe, de myrtilles, de framboise, ou encore de confitures d’oignons. Toutes ces odeurs parfument les nuages.

Sangeline appelle ses amis.

– Venez voir, par ici !

– Ouah, elles sont magnifiques ! s’extasie Violette en découvrant les fleurs.

La lutine ouvre leur couvercle parsemé de pétales pour sentir l’intérieur de leur pot.

– Comme elles sentent bon ! dit-elle.

Sangeline approche, elle aussi, son nez des fleurs.

– Ça donne envie tout ça, dit-elle à la lutine, mais n’oublie surtout pas de les refermer, car elles risquent de perdre cette bonne odeur.

Arthur, lui, s’intéresse au magasin d’Anaïs Fraisier.

– C’est quoi cette maison ? se demande-t-il. Elle est bizarre, mais très originale !

La maison est soutenue par les nuages. Au toucher, ses murs sont gélatineux. Ils dégagent un parfum très agréable de fraise. Le petit garçon aux cheveux orange cherche l’entrée. Il tourne dans tous les sens et finit par la trouver. Il prévient Sangeline et Violette :

– Je sais où est l’entrée ! Elle se trouve là-haut. C’est le couvercle !

Plusieurs grandes échelles, rangées non loin de là, permettent d’y accéder. Une fois montés jusqu’au couvercle, Arthur, Sangeline et Violette s’y mettent à trois pour le dévisser. Après un gros effort, ils pénètrent à l’intérieur du magasin d’Anaïs Fraisier.

* * *

Dans son magasin, Anaïs Fraisier est en train de se frotter les yeux. Elle s’essuie le nez avec sa manche, puis prend un pot de confiture le regarde avant de s’écrouler en pleurs sur sa table de cuisine.

– Oh, mais, Anaïs, pourquoi pleurez-vous ? demande Sangeline en s’approchant d’elle. Que se passe-t-il ?

La vendeuse de confiture ne répond pas. Elle continue de pleurer.

Arrive le reste de la bande, et les trois amis s’exclament tous en même temps :

– Racontez-nous, Anaïs ! Nous allons trouver une solution, tout comme nous avons aidé Théo le Faiseur d’Histoires à résoudre son problème !

Touchée, Anaïs Fraisier se confie :

– J’ai un gros problème. Personne ne vient m’acheter mes confitures. Je ne comprends pas, elles sont pourtant très très bonnes.

Et la voilà qui se remet à pleurer. Elle s’interrompt pour se moucher, mais ses larmes ne cessent pas de couler.

– Il nous faut vite une idée ! s’exclame Violette qui n’aime pas voir les gens pleurer.

Aussitôt dit, aussitôt trouvé :

– Nous allons prendre, chacun, une bonne vingtaine de pots de confiture pour les vendre sur Terre !

– Oui, mais comment va-t-on les transporter ? demande Arthur.

– Attendez, j’ai des paniers dans la pièce à côté ! leur dit Anaïs, tout à coup rassurée.

Et elle part chercher ses paniers qu’elle ramène sans attendre.

– Ton idée est bonne, fait remarquer Arthur à Violette, sauf qu’on n’a pas de pot : Arras est attaqué par l’arbre, nous devons le vaincre en priorité !

– Un arbre qui attaque une ville ? entend Anaïs. Mais ? Vous n’allez pas pouvoir vendre mes confitures !

Et la voici à nouveau désespérée.

– Nous allons les stocker au fond de votre magasin, propose Sangeline. Dès que la Terre aura retrouvé le calme et la paix, nous irons vendre toutes vos confitures.

– Ou, alors, on met tous les paniers dans mon sac Infini ! déclare joyeusement Violette. Il ne pèsera rien du tout, car il est magique !

– Promis, vous allez me les vendre ? demande Anaïs. Vraiment ? Je peux compter sur vous ?

– Oui ! Faites-nous confiance ! la rassure Arthur en lui frottant le dos.

Rassurée, Anaïs Fraisier sèche ses larmes avec son bras.

– Pour vous remercier, je vais vous offrir de la confiture aux pois sauteurs.

– Chouette ! s’exclament Violette et Sangeline.

– Miam ! Miam ! se régale d’avance Arthur. Ç’a l’air trop bon ! Ça donne faim ! On peut la goûter ?

– Oui, bien sûr, je vous en ouvre un pot, mais attention cette confiture est magique. Vous allez voir, prenez une cuillère.

Ils prennent tous la cuillère que leur tend la vendeuse, la trempent dans le pot et goûtent la confiture de pois sauteurs.

– Que se passe-t-il ? s’exclame tout à coup Arthur. Mes pieds picotent et je sens qu’en marchant je sautille.

– Oh ? Nous aussi ! s’écrient Violette et Sangeline.

– Je vous l’avais dit : ma confiture est magique.

– C’est génial, on adore ! Cela nous sera très certainement utile contre le Sauveur.

Comme toutes les bonnes choses ont une fin, il est temps pour nos trois aventuriers de partir et de rejoindre la prison de Maton.

Chapitre 9 – Maton

Pour rejoindre le dernier lieu de leur quête, nos trois amis sont descendus par un haricot magique reliant la maison d’Anaïs Fraisier au désert de cailloux et de cactus piquants où se trouve la prison de Maton. La vendeuse de confiture a pris un haricot dans un pot de confiture rangé à part.

– Ce n’est pas un bocal ordinaire, a-t-elle confié, il contient des haricots magiques.

Elle a jeté le haricot à travers les nuages et il s’est transformé en échelle verte gigantesque couverte de feuilles de toutes les couleurs, de jolies fleurs et de petits bourgeons poussant de partout.

Voici, maintenant, nos trois aventuriers devant le repaire de Maton. C’est ici qu’ils trouveront la poudre magique qui rend gentils les enfants méchants. Elle est enfermée dans un grand coffre-fort qui, lui-même, est gardé par Maton, le loup-garou gardien de prison ! Maton est au service de la Méchante Sorcière, celle qui est jalouse de Jinette. Le loup-garou garde la poudre magique pour elle. En effet, la sorcière ne veut pas que cette poudre soit utilisée, car elle aime crier sur les enfants méchants et elle ne pourrait plus le faire si jamais quelqu’un l’utilisait.

À première vue, le repaire de Maton est très beau. On dirait une jolie maison. Sur la porte d’entrée est dessiné un dragon. Ce dragon crache du feu tout en se rongeant les griffes. L’endroit semble paisible et agréable, mais à l’intérieur…

L’intérieur est une prison. Il y fait sombre. Des cris retentissent sans interruption. Ce sont ceux des prisonniers de Maton. Ils sont en train de devenir fous à force d’être enfermés et d’entendre les rats et les mulots gratter les murs.

– Oh la la, çà fait vraiment trop peur, ici ! remarque Sangeline.

– Moi, je n’ai pas peur, se défend Arthur qui, malgré tout son courage, tremble de… peur.

Et pour cause : tous ces prisonniers sont des enfants ! Comme lui !

– Au secours, sauvez-nous ! crient ces enfants. Libérez-nous ! Nous voulons sortir, nous n’avons rien fait ! Nous sommes gentils !

Le petit garçon aux cheveux orange se colle contre la fille vampire.

– Je suis certaine qu’ils sont innocents, dit Sangeline à Violette qui est tout à fait d’accord avec elle.

Soudain, au milieu du grand hall d’accueil, Maton montre le bout de son museau !

Il a une boucle à l’une de ses oreilles en pointe, des tatouages sur son torse nu et poilu, et ses cheveux sont coiffés en crête de punk. Il porte un blouson de cuir avec des chaînes et tient à la main une bouteille de whisky. Sa tête est celle d’un loup terrifiant. Pas une tête de loup-garou sympathique comme l’ami de Sangeline, non, la tête de Maton est celle d’un tueur.

– Désolé de vous dire ça, mais j’pourrai pas vous rendre vot’e mioche ! gronde-t-il en bavant et en affichant un sourire moqueur et méchant.

Arthur ne bouge plus, de crainte d’être emprisonné.

– Il croit que nous sommes des parents qui viennent récupérer leurs enfants, chuchote Violette à Sangeline.

– Il se trompe, lui répond Sangeline. Il ne me semble pas très intelligent…

La fille vampire s’approche du gardien de prison.

– Je viens récupérer ma poudre magique, lui dit-elle. Donne-la-moi. J’en ai besoin pour faire quelque chose de très important !

Elle lui chuchote à l’oreille en montrant Arthur et Violette :

– Je suis la sorcière. J’ai changé d’apparence pour mieux les tromper. Il me faut la poudre magique pour les faire disparaître. Comme ça l’arbre maléfique qui pousse sur la Terre des êtres humains sera encore plus puissant.

Et elle rit méchamment.

– Je ne vous donnerai rien ! gronde Maton. Vous n’êtes pas la sorcière, on me l’a déjà faite celle-là !

Les babines de sa gueule s’étirent sur des crocs menaçants tandis que Sangeline recule de lui songeant, dépitée : Mince ! Ma ruse n’a pas fonctionné !

– Je vais tous vous emprisonner, lui promet le loup-garou en faisant craquer ses poings.

Et il s’avance vers les trois amis.

Arthur est tout près de s’enfuir quand Violette repense à son sifflet multicolore. Celui qui enlève les mauvaises pensées. Elle le sort de sa poche et souffle dedans.

Maton lâche sa bouteille de whisky et commence à se transformer. Terminée sa crête de mauvais garçon, sa coupe de cheveux devient normale. Sa boucle d’oreille et son blouson de cuir disparaissent et le voici habillé de vêtements simples et de bon ton.

– Fais ce qu’on te dit ! ordonne alors Violette. Va chercher la poudre magique !

– Mais… madame la Sorcière, elle va dire quoi ? demande Maton, l’index posé sur son menton, en tremblant et en claquant des crocs.

– Elle a dit qu’elle était d’accord !

Tel un somnambule, le gardien de prison s’en va chercher la poudre magique. Avant de partir, Violette, Arthur et Sangeline lui demandent de libérer les enfants. Ce que Maton fait, toujours comme un somnambule.

* * *

Tandis que Violette, Arthur et Sangeline s’en vont, la poudre magique en poche, à l’intérieur de la prison, un nuage de poussière et de toiles d’araignées envahit le grand hall. La Méchante Sorcière apparaît devant le gentil Maton. De petite taille, elle a un nez crochu et de très très longs bras avec de toutes petites mains. L’une d’entre elles tient une baguette en mouches mortes. La sorcière est habillée de toiles d’araignées et ses chaussures sont, comme sa baguette, en mouches mortes.

Maton s’excuse en bredouillant. Ses oreilles de loup se sont aplaties sur son crâne comme celle d’un chien.

– Je… Je ne l’ai pas donnée… Je l’ai perdue. Elle était dans ma poche et elle est tombée.

– La poudre magique n’aurait jamais dû être dans ta poche ! postillonne de colère la sorcière.

– Mais j’a… j’allais vous la ramener, dans… dans votre manoir…

– Et pour quelle raison ?

– Pa… Parce qu’il y avait des ennemis qui voulaient me la prendre… Des ennemis très forts !

– Dans ce cas, tu as mal fait ton travail ! s’emporte la sorcière, folle de rage. Tu n’es pas plus dangereux qu’un chiot pour défendre ce qui m’appartient !

Elle prend sa baguette magique et récite :

– Toi, la mouche, transforme-moi cet incapable en ce qu’il est réellement !

Une mouche morte se détache de sa baguette et vole jusqu’à Maton pour lui entrer dans la bouche ! La seconde d’après le dangereux loup-garou gardien de prison n’est plus qu’un chiot. Il essaye de mordre les pieds de la Méchante Sorcière, mais vu que les chaussures de celle-ci sont en mouches mortes, il en ravale une et se transforme en chiot… nain !

Terrifié, il file dans un coin pour pleurer. Quand la Méchante Sorcière se met à rire, il s’enfuit à l’extérieur de la prison où il rejoint Sangeline, Violette et Arthur.

C’est Sangeline qui décide de le prendre avec eux pour retourner sur Terre. Elle le met dans le sac Infini de Violette.

Chapitre 10 – le moment du face à face.

Pour retourner sur la Terre, Violette sort de son sac sans fond une grande grue rose. Sur son ordre, l’engin se met à creuser dans le désert de cailloux et de cactus qui entoure la prison. Il creuse un passage jusqu’au magasin de Jinette. Nos trois amis prennent cet étrange chemin et arrivent, heureux, chez la vendeuse de miroirs magiques qui manque de faire une crise cardiaque en les voyant apparaître en sautillant de joie au milieu de son magasin.

Miroir l’Enchanteur les salue immédiatement :

– Bonjour, les filles ! Bonjour Arthur !

Maton le tout petit chiot aboie joyeusement, heureux d’être en sécurité loin de la Méchante Sorcière. Il fait tellement le fou que Jinette se met en colère. Ce chiot va casser tous ses miroirs ! Miroir l’Enchanteur, lui, a très peur ! Il crie sur l’animal et dit à quelqu’un de lui lancer une balle pour l’occuper. Ce que fait Violette qui sort, de son sac, une balle… violette, bien sûr.

– Vite ! les presse Jinette qui s’est remise de ses émotions. Il faut vous dépêcher ! Il est déjà presque trop tard ! L’arbre maléfique commence à envahir les autres villes !

Notre groupe de héros raconte à la vieille dame tout ce qui s’est passé. Tous les trois lui montrent la poudre magique, mais aussi le livre écrit sur le Sauveur par Théo le Faiseur d’Histoires, ainsi que le pot de confiture de pois sauteurs offert par Anaïs Fraisier.

– Alors ? Comment allons-nous faire pour approcher l’arbre ? demande Arthur. Il y a toujours ce Sauveur qui le protège…

Jinette a une idée.

– Avec tout ce que vous ramenez là, leur confie-t-elle, nous allons fabriquer un piège.

* * *

Une fois le piège prêt, pour que nos trois héros puissent se rendre le plus vite possible au pied de l’arbre, Jinette transforme la bicyclette d’Arthur en une magnifique moto de course à trois places. Puis notre trio fonce à toute allure vers le jardin de Sangeline, paré pour sauver l’école Curie et les habitants d’Arras !

Quand Sangeline, Violette et Arthur arrivent sur place, l’arbre est en train de rigoler. Pendant leur absence, il a doublé de volume. Il se réjouit d’avoir transformé tant de gens. Il plante certaines noisettes dans le sol et en mange d’autres en prenant son temps. À côté de lui, le Sauveur rit également.

Arthur et Violette se cachent dans une poubelle tandis que Sangeline s’avance vers le super-héros méchant. Celui-ci ne la laisse pas approcher plus loin ! Il jette des éclairs pour la repousser.

– Dégage de là, vampire des poubelles !

– Ne fais pas ça, lui dit Sangeline en évitant ses attaques. Je suis venue pour te dire que je t’aime !

Le Sauveur est surpris.

– Toi ? Tu es amoureuse de moi ? Mais moi, je ne t’aime pas !

– Sauf que moi, si, je t’aime ! Et tu ne peux rien contre mes sentiments. Tu es si beau, si fort, tellement musclé. Et tu sens tellement bon !

– Ooooh que c’est joli ce que tu me dis là ! Du coup, je veux bien être ton amoureux.

Pouvant enfin s’approcher du Sauveur, Sangeline lui offre le livre de Théo.

– Oh ! Il parle de moi ce livre ? se récrie le super-héros en découvrant le titre.

– Oui, il parle toi et de tes exploits. Je l’ai fait écrire spécialement pour toi !

Le Sauveur est super content. Il roule des épaules, très satisfait de sa personne. Puis il ouvre le livre, mais à l’intérieur se trouve la confiture de pois sauteurs offerte par Anaïs Fraisier. Elle lui saute au visage. Aveuglé, le Sauveur essaye de l’enlever, mais rien n’y fait ! Elle lui colle à la figure.

– AAAAH ! hurle-t-il. Quelqu’un peut-il me débarrasser de cette… de ce truc !

Bien sûr, Sangeline ne fait rien. Ni Violette ni Arthur qui restent cachés en attendant le bon moment pour intervenir. L’arbre essaye d’aider son garde du corps, mais en vain.

– Je n’y arrive pas, lui dit-il, mes branches ne sont pas faites pour ça ! Toi, tu as des mains, utilise-les ! Frotte !

– Je frotte, je frotte, mais ça ne veut pas partir !

– Mets de l’eau, alors !

– De l’eau ? Où veux-tu que je trouve de l’eau ? Je n’y vois rien !

– Enlève cette confiture et tu pourras trouver de l’eau, alors !

– Aide-moi au lieu de parler ! se fâche le Sauveur.

– Je t’ai dit que je n’avais pas de mains pour ça !

Tandis qu’ils se disputent, il ne reste plus, pour Violette, qu’à sortir prudemment de sa cachette, à s’approcher doucement du faux super-héros et à lui jeter au visage la fameuse poudre magique qui rend gentils les enfants méchants.

* * *

Pour se débarrasser de la confiture, le Sauveur n’a pas d’autre choix que de tenter de l’avaler. Avec sa salive, la confiture se décolle très facilement. Du coup, le super-héros méchant avale aussi la fameuse poudre magique. Son visage passe alors du beige au blanc, puis du blanc au rose, du rose au jaune, du jaune au vert, du vert au bleu, et, finalement, du bleu au violet. Puis le Sauveur adresse un énorme sourire à Violette avant de lui faire un gros câlin.

– Excuse-moi d’avoir été méchant avec toi au début de cette histoire, lui dit-il.

Violette le remercie, car il est devenu gentil, très gentil, même. De plus, il veut à tout prix se faire pardonner. Soulagé de sa réaction, le Sauveur se tourne vers Arthur.

– Et toi, petit garçon, excuse-moi de ne pas avoir sauvé ta maison.

– J’accepte tes excuses, le pardonne Arthur, mais tu as quand même fait de gros dégâts.

Le Sauveur se dirige vers Sangeline. Il l’attrape par les épaules, la secoue très fort, lui prend ensuite la main, la secoue, là aussi, très très fort, puis il la couvre de bisous, tout en ne cessant de dire :

– Merci ! Merci ! Merci, de m’avoir rendu gentil !

Puis il découvre l’état dans lequel se trouve Arras.

– Oh ! Pardon, je m’excuse ! Tout est détruit, c’est de ma faute !

Il se tourne vers l’arbre maléfique et lui ordonne de cesser d’attaquer la ville.

– Pas question ! refuse l’arbre. C’est pas un minus comme toi qui va me commander !

– Ah, c’est comme ça ? réplique le Sauveur. Eh bien, c’est mon tour de te faire du mal comme tu en as fait aux autres.

L’arbre se marre, l’une de ses branches droites posée sur son tronc.

– Tu ne pourras pas me faire le moindre mal, car tu es devenu gentil ! C’est moi qui vais te vaincre ! Moi, arbre méchant, je vais te tuer toi et tes nouveaux amis !

Et il lui donne un coup de griffes.

Sangeline en profite pour se transformer en chauve-souris. Très discrètement, elle s’envole vers l’arbre pour se poser à côté de son tronc. Mais l’arbre la voit tout de suite. Il ne se laisse pas faire : il se défend ! Il se détourne du Sauveur et envoie ses branches pour chasser cette chauve-souris venue l’embêter.

Heureusement, le Sauveur est là !

Le gentil super-héros méchant intervient en faisant des chatouilles à l’arbre. Ce dernier se tord dans tous les sens en pleurant de rire. Il oublie aussitôt Sangeline qui redevient vampire et plante ses crocs dans son tronc pour boire sa sève rouge. L’arbre commence à faiblir et finit par tomber sur le Beffroi d’Arras. Gisant en travers la ville, il devient alors tout noir.

Violette sort de son sac les désherbants magiques que Jinette leur a donnés. Elle sort aussi de l’eau de javel, du savon, etc. Arthur mélange le tout et verse le produit sur les racines de l’arbre.

L’arbre crie « EELLLPOR » – ce qui en langage Arbre maléfique signifie « Vous avez tord de faire ça ». Sauf qu’Arthur ne le comprend pas, alors il continue, avec plaisir. L’ennemi s’enflamme d’un coup !

Un grand incendie commence à s’élever au milieu d’Arras ! Sangeline, Arthur et Violette reculent. Pour les protéger, le Sauveur crée un bouclier au-dessus d’eux, puis il aspire l’eau de la Scarpe et la recrache sur toute la ville qu’il arrose ainsi jusqu’à ce que le feu s’éteigne.

Tout le monde est sain et sauf. Quant à l’arbre, il a fondu jusqu’à devenir un tas de cendres.

– Ouais, nous avons réussi ! s’écrie Arthur, fou de joie.

– YOU-OUH ! crie aussi le Sauveur qui est, lui aussi, super content !

– Génial ! Trop cool ! dit Violette.

On entend alors un bruit de clochettes. Des noisettes sortent du tas de cendre qu’est devenu l’arbre maléfique et du sol. Elles grandissent petit à petit pour devenir des enfants. Les vers de terre sortent aussi de terre. Tout en continuant de gigoter, ils se transforment en adultes.

Les habitants d’Arras sont rassurés d’être redevenus enfin eux-mêmes.

– SUPER ! crient-ils. Merci ! C’est enfin fini ! Merci de nous avoir libérés !

– On va pouvoir faire une fête ! déclare Arthur. Ce sera la fête de l’arbre !

– Sauf que la ville est détruite…, pleure Sangeline, toute triste.

Arthur se rend compte des dégâts. Il tombe à genou et se met à pleurer.

Fort heureusement, un Super-Héros est présent pour les aider !

– Je suis là ! leur dit le Sauveur. À votre service !

Sur ces mots, il s’envole dans le ciel et reconstruit toute la ville à la vitesse de l’éclair. Grâce à quelques objets magiques sortis de son sac Infini, Violette l’aide – en allant plus doucement, bien sûr. Elle utilise un sifflet nettoyant, un sifflet électrique pour réparer les voitures, une baguette qui aide les arbres – les vrais, les gentils – à repousser, et du rouge à lèvres pour redessiner les maisons et tous les autres bâtiments. Les habitants d’Arras ne sont pas en reste, les voici tous solidaires pour reconstruire leur ville et en faire un havre de paix.

Épilogue

Après que le Sauveur ait réparé la ville grâce à ses super-pouvoirs, une femme descend du ciel en voiture volante. Elle porte, tout comme le super-héros méchant devenu gentil, une cape fluorescente. Celle-ci est de couleur rose.

– Oh ! Marine ! s’exclame le Sauveur.

Il s’agit de sa femme. Elle arrive de la planète où ils habitent tous les deux.

– Qu’est-ce que tu fais là ? lui demande-t-elle. Toute la brigade des Super-Héros te recherche ! Il y a des affiches dans toute la galaxie ! Tu as encore commis des bêtises, n’est-ce pas ?

Le Sauveur – son mari ! – est en train bercer un oiseau qui s’est blessé en tombant du nid situé sous le toit du magasin de Jinette. L’oiseau piaffe d’impatience. Il a besoin qu’on s’occupe de lui.

– Ne t’inquiète pas, lui dit le Sauveur, je vais te soigner.

Marine est stupéfaite de voir que son mari fait preuve d’un aussi bon fond.

– Arrête ton manège, le sermonne-t-elle. Je sais que tu fais ça pour tromper les gens. Je ne te vois pas d’en haut, comme le père Noël, mais je te connais très bien !

Jinette sort de son magasin à ce moment-là :

– Vous vous trompez, madame Marine, intervient-elle. Votre mari a changé. D’ailleurs, quand il aura terminé avec ce pauvre oiseau, il va m’aider à nettoyer le plafond de mon commerce. Je ne peux pas l’atteindre, mais, lui, en volant, il le peut !

Pendant ce temps, Arthur, Violette et Sangeline sont partis vendre les confitures d’Anaïs Fraisier. Celles-ci auront un tel succès, qu’Anaïs ouvrira à la gare d’Arras et dans les autres villes terriennes, mais aussi dans les royaumes sous-marins et dans les nuages, une grande chaîne de magasins : Le Confitarium.

Puis nos trois amis se sépareront. Arthur retrouvera son camarade J.C. Le jour de ses sept ans, le garçon aux cheveux orange invitera à son anniversaire tous ses amis ainsi que ceux de l’aventure : Sangeline, Violette, Jinette, Miroir l’Enchanteur, Anaïs, Théo et, même, le renard qui parle. Ses parents seront très surpris de les rencontrer. Durant cette fête, J.C. tombera amoureux de Sangeline, mais le cœur de la jeune femme vampire sera déjà pris : pour avoir des amis, Sangeline a décidé de ne plus acheter de mauvaises graines et de vivre la nuit pour accompagner son camarade loup-garou à la chasse. Ce faisant, ils sont tombés amoureux l’un de l’autre. Ensemble, la nuit, ils viennent aussi en aide aux gens en difficulté.

Violette, elle, est retournée au pays des lutins où elle continue ses études à la faculté pour étudier la vie des êtres humains.

Jinette, quant à elle, a dû s’équiper d’un dentier, car en croquant dans une noisette – pour vérifier s’il ne s’agissait pas d’une noisette ennemie offerte par la Méchante Sorcière –, ses dents se sont cassées. Maintenant, elle ne mange plus que de la crème de noisette. Mais elle n’a plus rien à craindre de la Méchante Sorcière. L’ennemi de Jinette et des enfants est devenue gentille après avoir goûté à la confiture d’Anaïs, car ses confitures sont aussi bonnes que magiques, et elles adoucissent les esprits.

Théo le Faiseur d’Histoires, lui, raconte toujours des histoires qui fascinent les gens. Grâce à son ordinateur, Théo peut, maintenant, être lu, mais, en plus il a accès à Internet et a 99 010 amis sur Facebook.

Quant au Sauveur, il est retourné sur sa planète avec sa femme. De retour là-haut, les habitants se sont montrés conciliants du fait de ses exploits sur Terre. Il ne sera pas jeté en prison et pourra s’occuper du mini-chiot Maton qu’il a adopté. Tous les deux deviendront les meilleurs amis de la Galaxie !

FIN