M.M. Faiseur d’histoires – Ateliers d’écriture

Le réalisateur ET This is Perry

2 fantastiques histoires fantastiques

écrites par les élèves de 4e F et de 4e E du Collège Albert Schweitzer

avec la participation

d’Hélène FALLET et de Stéphanie DESICY, professeures

et de Michaël MOSLONKA – romancier (MM. Faiseur d’histoires)

illustrations de Dideji (son site : http://dideji.wix.com/dideji) et de Tiffaine (pour le visuel Lycée Bécassine)

 

Le réalisateur

par :

Aimy C, Tom C, Julie C, Honorine C, Léa D, Tristan D, Rémi D, Justine D, Lucas D, Antoine D, Mathilde F, Morgane H, Annabelle H, Gaëtan K, Jennyfer L, Théo L, Elody L, Lara M, Adrien M, Tobias M, Laura M, Tom M, Justine N, Rémy P, Juliette R, Owen S, Tony S, Antoine V.

4e E – classe de Madame SESICY

Chapitre 1 La vie d’Axel

Un beau jour d’automne, Axel est dans sa salle de bain. Au même moment, sa mère se prépare pour aller travailler. Ses sœurs sont déjà en cours, sa grand-mère dort. Concernant son père, Axel ne l’a jamais connu. Ce « beau-gosse » mesure un mètre soixante-dix-neuf, pourtant il n’a que quatorze ans. Il se regarde fixement dans le miroir, puis se met du gel dans les cheveux pour se faire une houppette. Aujourd’hui, il a décidé de mettre son débardeur gris, un léger pull bleu marine accompagné de sa nouvelle veste Lacoste. Ainsi dès qu’il enlèvera son pull, tout le monde verra ses muscles. Et pour le bas : un jean’s Lévis avec de très belles chaussures rouges.

Ce jour est particulier. Il en a assez de garder son homosexualité pour lui. Donc il veut en parler à sa meilleure amie. Jade est la seule personne à qui il parle. La seule personne avec qui il peut rigoler, s’amuser et surtout avec qui il pourrait draguer. Le jeune homme tremble. Il a peur de la réaction de son amie. Il craint qu’elle ne dise des choses méchantes.

Soudain, ce beau gosse devient pâle et commence à transpirer. Une boule se forme dans son ventre. Il est mal. Des larmes lui montent aux yeux. Il les sèche et met ses Ray Ban, car il ne veut pas qu’on voie qu’il a pleuré. Puis il sort de la salle de bains et croise sa mère. Une grande femme aux cheveux blonds et aux yeux marron. Elle porte un tailleur rose clair avec des escarpins noirs à plate forme.

– Pourquoi, mets-tu tes lunettes dans la maison ! lui demande-t-elle .

– Je veux voir si ça va bien avec ma tenue, répond-il.

– Ça te va bien ! Mais enlève-les. C’est malpoli de porter des lunettes de soleil à l’intérieur !

– Oui, tout de suite, maman…

Alors, elle voit qu’il a pleuré. Elle lui demande pourquoi. Il lui explique que c’est parce qu’il doit révéler quelque chose d’important à sa meilleure amie et qu’il a peur de sa réaction. Sa mère lui explique que ce soit important ou non, son amie doit être au courant.

* * *

Axel sort de chez lui et traverse le jardin pour aller au collège. Après ce qu’il a dit à sa mère, il se sent encore plus mal à l’aise. Le soleil l’éblouit, il décide de remettre ses lunettes de soleil.

Avant de partir, il se retourne un instant et contemple sa maison. Celle-ci se trouve au bord d’un lac. Ses tuiles rouges lui donnent un air méditerranéen. Il y a un cerisier dans le jardin, juste à côté de la fontaine. Une fontaine faite de pierres sur lesquelles s’accroche de la mousse. Sur le bord, un grand poisson crache de l’eau. Dans cette fontaine nagent des poissons argentés et flottent des nénuphars. Des tulipes et de la canne à sucre poussent à côté de l’arbre. Tout au fond de son jardin, on voit le petit chapiteau chinois en bois de chêne. Non loin de là, autour du lac, passent des vélos. Avant d’habiter ce charmant endroit, Axel vivait à Paris. Il a déménagé, car il se faisait insulter. Ses camarades se moquaient de lui parce qu’il a des gestes efféminés et qu’il prend soin de lui et de ses affaires.

Chapitre 2 L’accident

Axel se dirige vers son arrêt de bus pour se rendre au collège, le collège Jules Ferry. Il y a un magnifique ciel bleu. Son petit nez s’imprègne de l’odeur fraîche de cette belle journée. Le garçon décide de marcher pour profiter de ce beau temps. Sur le chemin, il admire les jolies petites feuilles jaunes des arbres. Il stresse toujours, si bien qu’il transpire à nouveau. Il décide de retirer son pull et son bonnet, et les met dans son sac à dos. Quand il enlève son bonnet, il dégage sa chevelure brune. Puis il replace délicatement ses cheveux. Soudain, il entend un crissement de pneus. Ainsi qu’un bruit violent.

Une voiture vient de heurter un jeune garçon d’à peu près dix ans ! Le conducteur sort de son véhicule en criant qu’il ne comprend pas. Il regarde l’enfant blessé et hurle qu’il ne parvenait plus à freiner. Puis il s’enfuit sans se retourner.

Axel se dirige rapidement vers l’enfant et appelle une ambulance. Le temps qu’elle arrive, il porte le jeune garçon en dehors de la route. Il enlève sa veste de son sac à dos pour la déposer sur le petit garçon inanimé. Il s’agit d’un petit blond aux cheveux bouclés. Il saigne à sa jambe droite. Il crie tellement il a mal. Dès que les secours arrivent, notre héros part aussitôt pour discuter de son homosexualité avec sa meilleure amie. Il se dit que la vie est trop courte pour cacher des choses à Jade.

* * *

Axel arrive au collège bien décidé à se confier à sa meilleure amie. Dès qu’il la voit, il fonce vers elle en enlevant ses lunettes de soleil. Jade est une fille de treize ans qui s’habille avec soin. Elle adore regarder les vitrines de grande marque de vêtements, mais n’a pas les moyens de s’acheter ces habits-là. Il se dégage d’elle un parfum de violette.

Elle se précipite joyeusement vers lui. Mais le visage d’Axel est fermé. Jade s’arrête et le regarde de ses très beaux yeux. Il est inquiet. Il la prend par le bras et l’emmène dans un coin éloigné, en dessous d’un arbre, à l’écart des autres élèves et des regards. Personne ne peut les entendre. Le brouhaha provenant du collège n’est plus qu’un murmure.

Axel prend une grande inspiration et lui annonce :

– Voilà, j’ai besoin de te dévoiler quelque chose d’important : je suis homosexuel !

Jade devient tout pâle. Soudain, elle se met à pleurer. En la voyant pleurer ainsi, Axel se vexe.

– Tu es comme ma sœur, Jade, voyons. Tu veux que je sois heureux ? Non ?

Il se sent mal. Il se demande pourquoi Jade réagit comme ça. C’est sa meilleure amie, une meilleure amie pour lui ne doit pas se comporter ainsi.

Il se sent très gêné.

Jade prend un mouchoir. Elle sèche ses larmes.

– Oui, tu as raison, murmure-t-elle en le regardant d’un air malheureux. Je ne veux que ton bonheur… Je t’assure, Axel, que je ne dirai rien.

Elle s’en va en songeant avec beaucoup de regrets au parfum à la violette qu’elle a mis spécialement pour le plus beau garçon du collège.

Chapitre 3 La cave

Il commence à faire noir et froid, le soleil se couche et la pleine lune fait son apparition dans le ciel assombri. La nuit arrive enfin pour Axel. Plus un bruit dans la maison ne se fait entendre. Toute la famille dort. Le jeune garçon ouvre la porte grinçante de la cave. Celui-ci emprunte les petites marches qui le conduisent à un vieux sous-sol où siègent une chaise et un bureau. Il sent une odeur très forte. Ça empeste. Une odeur d’humidité et de moisi ? Non, une odeur d’urine de chats. Les félins viennent y faire leurs besoins

Les rayons lactés de la lune passent par le soupirail et éclairent le bureau. Dans la rue, on entend des chiens qui aboient et des chats qui se battent. Axel se dirige vers des cartons où des livres poussiéreux s’empilent dessus. Il les prend et les pose sur le sol. Puis il en ouvre un. Comme d’habitude, il y trouve un petit livret. Il s’agit d’un vieux carnet rouge foncé avec une lanière en cuir marron dans lequel il aime y inventer des histoires. Le garçon l’ouvre et saisit son stylo quatre couleurs. C’est Jade qui le lui a offert – et il lui en avait offert un, aussi. C’est son stylo porte-bonheur. En pensant à son amie, il se sent mal. Le garçon l’écarte de ses pensées et commence à écrire.

* * *

Camel est homosexuel. Sa meilleure amie Alison veut lui faire part de ses sentiments, mais il ne lui a pas dit qu’il est gay. Alison est grande, blonde avec les yeux verts. Elle est toujours à la mode. Elle aime les couleurs voyantes. Le jeune garçon vit une histoire d’amour avec Kévin, un youtubeur de 15 ans. 15 ans, le même âge que Camel. Camel et Kévin ont découvert qu’ils avaient plein de points communs lorsqu’ils se sont rencontrés avec leurs potes dans un cinéma où ils s’étaient, comme par hasard, installés l’un à côté de l’autre. Ils aiment tous les deux les garçons. Ils aiment les jeux vidéo. Ils aiment aussi le sport et l’écriture sur Internet.

* * *

Axel arrête d’écrire. Il se sent beaucoup mieux, car écrire le rend heureux. Il ferme son carnet en tournant les pages délicatement. Il prend son calepin et le cache à nouveau au fond du petit carton marron. Il range le stylo offert par Jade dans son sac d’école, puis il éteint la lumière de la cave et remonte dans sa chambre. Une fois sur son lit, il envoie un SMS à sa meilleure amie pour lui dire bonne nuit et qu’il l’aime fort. Avant de s’endormir, Axel pense à ce qu’il va mettre, le lendemain, dans sa prochaine vidéo.

Au même moment, dans la cave, son ordinateur s’allume. Son PC se trouve à côté des cartons, sur une table en bois. Le mémo s’ouvre. Des phrases sont en train de s’écrire. Elles disent des méchancetés au sujet de l’homosexualité du jeune homme. Puis, d’un seul coup, tout s’efface.

Chapitre 4 L’amitié brisée

Axel arrive en bus, puis entre dans le collège. Mais sur son passage, les élèves l’insultent : « Regardez, voilà le sale gay », ou encore : « Sale homo ! Gros gay, va ! » En une fraction de seconde, ses sentiments amicaux pour Jade s’effacent. Sa meilleure amie l’a trahi, elle a tout raconté ! En milieu de matinée, il la retrouve en cours de sport. Dès qu’elle le voit, Jade se dirige vers lui pour s’expliquer, mais Axel se recule et il lui coupe la parole :

– Je n’ai pas envie de te parler, tu n’es qu’une grosse faux-cul !

Bouleversée par la manière dont il lui parle, elle le supplie :

– Je ne t’ai pas trahi, crois-moi, s’il te plaît !

– Comment expliques-tu que le secret que je t’ai confié, à toi seule, est parvenu à tout le monde dans tout le collège !!

Alors, elle lui jure :

– Je n’ai rien dit. Je te le promets ! Tu es tout pour moi… Crois-moi, je t’en supplie !

Axel lui balance en pleine tête :

– Je n’aurai jamais dû te faire confiance… De toute façon, tu n’en vaux pas la peine. Tu ne fais plus partie de ma vie.

– Toi non plus tu ne fais plus partie de ma vie ! réplique Jade.

En larmes, elle part en courant vers le vestiaire. Elle se cache dans un coin et pense aux bons moments passés avec Axel. Vingt minutes plus tard, elle pleure toujours autant. Elle a entamé deux paquets de mouchoirs quand une de ses amies la rejoint et lui demande :

– Dis-moi, qu’est-ce qui s’est passé avec Axel ?

– J’avais beaucoup de sentiments pour lui et, maintenant, il croit que je l’ai trahi. Je ne pourrai jamais lui avouer mon amour.

Quand le cours de sport se termine, ils ne se parlent toujours pas. L’amie de Jade essaye de les réconcilier, mais rien n’y fait.

* * *

Le lendemain, soir, après que sa famille soit profondément endormie, Axel est en train de faire le montage de sa vidéo. Lors qu’il est entré dans sa cave, il a découvert son ordinateur allumé. Il n’a pas compris pourquoi, car il est sûr de l’avoir éteint la dernière fois qu’il l’a utilisé.

Dans sa vidéo, il raconte l’histoire de Camel. Il a pris son carnet et a lu son histoire pendant que son ordinateur enregistrait le son. Une fois le montage terminé, il poste sa création sur YouTube.

Cinq minutes après, on se moque de lui. « Ta vidéo est vraiment pourrie, espèce de sale homo !! » lit-il en dessous de sa vidéo. C’est signé Raylike.

En colère, il prend son clavier et le jette à travers la cave. Il monte dans sa chambre, lance son oreiller sur sa porte avant de s’affaler sur son lit. Il repense au commentaire sur YouTube. Les gens sont décidément homophobes ! Il décide d’arrêter sa chaîne parce qu’il en a assez qu’on se moque de lui.

Alors, il pense fort à son père, et se souvient de ce que sa mère lui a révélé, un jour, sur cet homme. Il avait dix ans.

Cette journée était si paisible…, songe-t-il en regardant le plafond, mais cette nouvelle l’a gâchée. Elle a gâché aussi le reste de ma vie.

* * *

Il avait dix ans et sortait de la salle de bains… Voyant que sa mère pleurait, il lui a demandé :

– Mais, maman, que se passe-t-il ? Pourquoi tu pleures ?

– Mon fils, je dois te parler.

Ils se sont rendus sur le lit de sa mère.

– Axel, il est temps pour moi de t’expliquer ce qui s’est passé avec ton père. Tu n’es plus un bébé, tu es devenu grand.

– Explique-moi, maman ! Qu’est-ce qu’il est devenu, mon père ?

Alors, sa maman lui explique :

– Je me dois de te l’apprendre : ton papa, Jérôme, buvait trop et fumait de la drogue. Du coup, il a été très malade du cerveau et il est parti dans un hôpital psychiatrique.

Axel en est resté bouche bée.

– Il m’a dit qu’il reviendrait dès qu’il serait soigné, car il ne voulait pas abandonner son seul fils… Je n’ai plus jamais eu de ses nouvelles. Voilà. Maintenant, tu sais pourquoi, je pleure, car je repense à ton père et je me demande s’il recouvrera un jour ses esprits. Il y a tellement d’années, maintenant, qu’il a été interné…

Chapitre 5 Le virtuel en réel

Axel commence à jouer à des jeux vidéo violents. Il crée une seconde chaîne qu’il appelle « Gamig » et produit une vidéo où les passagers d’un bateau de croisière se font tirer dessus. À peine postée la vidéo, un commentaire de Raylike apparaît : « Revoilà cette tapette en débardeur gris. Tu sers à rien, rentres chez toi ! »

– Je m’en fou…, réplique le jeune youtubeur en gardant son calme.

Le dimanche suivant, au matin, il pleut. Axel décide d’allumer la télévision. Il prend sa télécommande, appuie sur le bouton et découvre cette information : il y a eu une fusillade sur un bateau de la société de croisière américaine Rodcuise !

Ce qu’il a imaginé, voici deux jours, c’est réalisé ! Très surpris, il va revisionner sa vidéo et se rend compte que les événements sont bel et bien identiques.

* * *

La nuit est tombée depuis une heure, Axel est assis devant son bureau. Il a fermé la porte de la cave à double tour. Serein, il regarde des vidéos sur des accidents de voiture et sur des personnes handicapées. Tout est calme, sinistre. La cave est entièrement plongée dans le noir. Il s’éclaire à la lueur d’une bougie. Cela fait plusieurs jours qu’il ne se lave plus.

Et d’un coup, il a une idée !

Quatre jours plus tard, il se tient à l’entrée du collège. Le soleil brille dans le ciel bleu. Autour de lui, les élèves s’amusent. Axel les regarde sans leur prêter attention. Tout est flou. Il pense à Raylike. Il se demande si sa vidéo a fonctionné. Il tourne la tête et aperçoit un élève en fauteuil roulant. Celui-ci a une jambe paralysée. Il ne lui reste plus qu’un œil tout blanc et il est obligé d’utiliser une bouteille d’oxygène pour respirer. Axel réalise que cet élève a les mêmes handicaps qu’il avait imaginés dans sa vidéo.

– Oh ! putain, c’est lui, Raylike ? Raylike est un gars du collège !

Ce Raylike a des cheveux roux et des dents jaunes. Il est petit et pas très musclé. Axel sourit. Il est fier de savoir que sa vidéo a fonctionné. Jade arrive alors. Elle se précipite vers le garçon en fauteuil roulant.

Axel est étonné. Jade connaît ce Raylike !

* * *

Axel s’approche de Jade et de Raylike. Il veut parler à son amie. Mais, le garçon handicapé s’agite comme s’il le voyait et sentait que tout ce qui lui est arrivé est de sa faute. Axel recule, Raylike est au courant de tout !

Pendant ce temps, Jade s’aperçoit que le garçon handicapé ne va pas bien.

– Qu’est-ce qui se passe ? Calme-toi ! Allez, arrête. Je vais te chercher un verre d’eau, ça va aller et tu m’expliqueras. Ne bouge pas !

En partant lui chercher à boire, elle aperçoit Axel. Leur regard se croise. Les deux jeunes gens rougissent. Axel se sent obligé de lui parler, sauf qu’une fois à quelques pas de Jade, il s’aperçoit qu’elle a les yeux gonflés et rouges d’avoir pleuré.

– Euh… pourquoi as-tu pleuré ? lui demande-t-il.

La jeune fille lui avoue que le garçon en fauteuil roulant est son ex-petit copain. Son prénom, c’est Mickaël et elle a vécu sa toute première histoire d’amour avec lui. Elle raconte qu’il a eu un accident de voiture. Son ami, surpris, s’en va.

Chapitre 6 Qui est Raylike ?

Le lendemain, un camarade de classe vient voir Axel. Il s’appelle Damien. Damien prend un air sérieux. Il commence à bafouiller. Il lui raconte qu’il a vu, dans la rue, Jade et Mickaël, à deux, main dans la main. Il ajoute qu’ils se sont embrassés et que ce Mickaël serait un garçon méchant et violent. Il viendrait d’un village voisin appelé Hodyville.

Axel s’en fiche de tout ça ! Il trouve que c’est vraiment triste que Jade ne lui ait pas dit toute la vérité alors qu’ils sont censés être « meilleurs amis ».

Damien précise que Mickaël a déjà tapé Jade. Et là, Axel ressent de la rage monter en lui, car ce minable de Raylike n’a de cesse de lui gâcher la vie. Damien a un comportement très bizarre. Il a le regard fixant le vide et ne cesse de se tortiller dans tous les sens. Axel, aveuglé par la colère, ne s’aperçoit de rien.

En rentrant chez lui, il claque la porte et jette son sac, énervé, tel un lion en furie. Personne ne peut lui parler. Fou de rage, il se précipite dans sa cave pour créer une autre vidéo. Il a les sourcils froncés, les yeux remplis de colère, les dents serrées.

Chapitre 7 La rage d’Axel

Axel est tranquillement en classe et écoute le cours. Il pense pendant toute l’heure à sa vengeance qui aura bientôt lieu. Puis, le sol commence à trembler. Les élèves sont apeurés, ainsi que les professeurs, qui essayent de garder la situation en mains. Petit à petit, tout le monde sort du collège et se réunit dans la cour.

Le tremblement de terre se calme. Les professeurs font rentrer les élèves. Axel décide de s’éloigner du collège. Il marche jusqu’à ce qu’il trouve un endroit où il pourra voir la scène sans se mettre en danger. Quelques minutes plus tard, une deuxième secousse se fait sentir. Le tremblement de terre recommence. Plus violemment, cette fois ! Tout le collège est terrifié. Les vitres explosent et les portes se détachent des charnières. Elles sont projetées à douze mètres de leur emplacement initial. Mickaël est dans un couloir. Il est paniqué. Il ne sait pas où aller, car il est aveugle. Personne ne l’aide, car tout le monde panique, et Jade n’est pas là. Le plafond lui tombe dessus.

Le tremblement est si violent que personne n’a vraiment le temps de réagir. L’établissement s’effondre trop rapidement et tout le monde se retrouve sous les décombres. D’immenses nuages de poussière s’élèvent dans le ciel. Des rats sortent des ruines à toute vitesse. De son côté, Axel pense à Jade. Il est pris de remords, il court vers le collège. Mais c’est trop tard, l’établissement est devenu un énorme tas de gravats.

* * *

– Sauvez-moi, appelle une petite voix, apeurée.

Axel aperçoit Jade. Elle est tombée dans un immense trou. Elle s’est cassé une jambe et s’est fait mordre par les rats. Elle s’accroche à une saillie rocheuse. Elle hurle de peur. :

– Sauve-moi, Axel, s’il te plaît…

Elle s’accroche à son regard en se demandant s’il va le sauver après tout le mal qu’elle lui a fait.

– Tiens-toi bien, je ne veux pas te perde !

Après tout, si elle est dans ce trou, c’est bien de ma faute, pense-t-il.

Il prend son courage à deux mains, l’attrape par son gilet et la tire de toutes ses forces. Mais elle ne bouge pas d’un seul centimètre. Axel se rend compte qu’il ne pourra pas la sauver. Son amie le fixe droit dans les yeux. Il remarque qu’elle devine ce qui va lui arriver.

À ce moment précis, la saillie rocheuse craque.

Chapitre 8 Regrets

Axel est bouleversé, perdu. Il ne voulait pas tuer Jade, car, au fond, il l’aime comme une sœur. C’était juste un coup de colère. Mais pour elle, c’est fini… Il pleure et regarde une dernière fois le trou où Jade a disparu. Non loin de là, au bord de la montagne de gravats qu’est devenu le collège, Axel aperçoit le corps de Mickaël à l’agonie. Il s’empare d’une pierre et crie « VENGEANCE ! » en la lançant sur la tête de son ennemi. Il quitte les lieux au moment où les secours arrivent.

Il découvre alors que toute la ville a été frappée par le tremblement de terre, et se rend compte que tout est allé trop loin. Il se sent mal. Il pense brusquement à sa famille. Il a peur pour elle. Il se dépêche, il court le plus vite possible vers sa maison.

* * *

Axel trouve sa maison en ruines. Celle-ci s’est effondrée, en partie, dans le lac. Ses tuiles rouges qui lui donnaient un air méditerranéen sont toutes brisées. Le cerisier est tombé sur la fontaine et l’a explosée. L’eau jaillit de partout. Les poissons argentés sont éparpillés sur la pelouse. Les jolis nénuphars ont disparu. Tulipes et cannes à sucre ont été dévastées. Le chapiteau chinois en bois s’est écrasé sur lui-même.

Axel est bouleversé. En pleurs, il se rend sur les décombres et cherche sa famille. Il trouve sa grand-mère dans un état grave. Il découvre sa mère avec une jambe en moins et sa grande sœur saine et sauve, en train de pleurer, allongée sur ce qui avait été autrefois le toit de leur si jolie maison. Elle saigne du nez et de la bouche. Quant à sa plus jeune sœur, le garçon crie après elle. Mais elle ne répond pas. Des morceaux de plâtre et de béton sont tombés sur elle. Elle n’a pas survécu.

Axel se rend compte qu’il a fait la plus grave erreur de sa vie. Il s’effondre en hurlant de douleur et de regrets.

Chapitre 9 La ville du chaos

Axel marche dans des rues transformées.

La ville est dévastée. Tout s’est effondré. De nombreux secouristes se sont déplacés. Ils se dépêchent d’aller sauver les personnes en difficultés. Beaucoup de gens crient et pleurent. Des journalistes interrogent certaines personnes qui leur racontent alors l’événement dans les moindres détails. Les femmes s’occupent de calmer les enfants tandis que les hommes essayent d’enlever les survivants de sous les décombres. Les rues sont recouvertes de poussières. La ville est choquée, terrorisée.

Oh, mon Dieu ! se dit Axel. Quel massacre !

Il est perdu. Il a le visage poussiéreux et les yeux remplis de larmes. Effondré, il a regardé sa famille partir à l’hôpital. Sa mère et sa grand-mère ont été transportées par une ambulance dans une tente de la Croix Rouge, car il n’y avait plus de place dans les hôpitaux.

Axel est détruit. Il est tellement brisé qu’il est prêt à en finir avec la vie. S’il en avait la possibilité, il réparerait ses erreurs. Perdu, il cherche un moyen. À force de volonté, il lui vient une idée ! L’ordinateur !

Chapitre 10 Les restes…

Le garçon revient devant sa maison. Même s’il n’en reste rien du tout, il décide quand même d’aller voir dans la cave. Il commence à chercher la petite trappe qui y conduit. En poussant quelques gravats, il réussit à l’atteindre et emprunte les petits escaliers étroits qui y conduisent. À l’intérieur, tout est démoli… le plafond s’est affaissé. Tout est cassé, renversé. Les souvenirs de sa vie, de sa famille, il n’en reste absolument plus rien… Il pousse les débris et arrive à l’ordinateur.

Son PC est intact.

Le jeune youtubeur a du mal à l’allumer, mais, à force, il y parvient. Tout à coup quelque chose capte son attention, c’est une feuille arrachée de son carnet… il décide de la prendre pour la lire, sans trop savoir pourquoi, puisqu’il connaît son histoire par cœur. Axel se pétrifie. Une fin a été écrite sur cette page… Ce n’est pas son écriture…

Camel a rompu, car il n’avait plus de sentiments pour Kévin. Il veut s’aventurer maintenant avec une fille, car c’est peut-être différent avec une femme. Il voit une fille qui passe dans la rue. Il la trouve belle. Il s’approche d’elle. La fille, aussi, le trouve beau. Ils commencent à parler. À la fin, la fille décide d’embrasser Camel. Camel ressent des sentiments pour elle. Camel se rend compte qu’il n’est plus homosexuel.

Axel est surpris, comment son personnage aurait-il pu changer d’avis comme ça ? Et qui a pu écrire ça ? Il oublie ses questions. Pour l’instant, il a d’autres préoccupations. Il doit réparer ses erreurs et créer une dernière vidéo. Une vidéo qui répare tout.

Épilogue

Jérôme, le père d’Axel est dans sa chambre à l’asile Saint-Antoine d’Arkham, debout à la fenêtre. Il pense à son fils. Il est au courant de son homosexualité, car il a ensorcelé son téléphone pour savoir quel adolescent il était devenu. Axel l’utilisait pour faire des photos et, sur ces photos, lui et un autre garçon s’embrassaient.

Jérôme repense à la manière dont il a ensorcelé l’ordinateur de son fils. Allongé sur son lit, il a récité une formule spéciale dans sa tête. Juste avant il avait dessiné un symbole magique avec du sel qui provenait de ses repas du midi. Il l’a dessiné sous son lit pour éviter que les infirmiers ne le découvrent. Il croyait qu’Axel créerait une vidéo où il embrasserait une fille pour voir ce que ça ferait. Rien ne s’est passé comme il pensait. Il se demande s’il a eu raison ou pas. Au final il se dit que ce qui est fait est fait. On ne peut plus retourner en arrière. C’est lui qui a tout dévoilé au fameux Raylike. Il a fait en sorte que celui-ci reçoit un SMS anonyme le guidant vers la vidéo d’Axel. Il espérait voir son fils réagir et changer d’attitude. Il a même créé un accident pour voir comment il se comporterait.

Il y a quelques minutes, il a joué sa dernière carte. Il a récité une formule pour faire taire les gens dans les autres cellules, car il n’arrivait pas à se concentrer pour manipuler le carnet secret de son fils.

Mais cela a échoué !

Il se retourne et s’avance vers la porte grande ouverte. Le tremblement de terre qu’Axel a produit a détruit une partie de l’asile. Jérôme s’échappe pour retrouver sa famille.

* * *

Dehors, les rues sont calmes. Elles sont remplies de personnes qui marchent tranquillement. Le père d’Axel cherche sa famille partout dans la ville. Dans leur maison, il n’a vu que des inconnus. Il espère la retrouver pour vivre heureux. Alors, il prend une carte du Monde. Il la pose sur le sol et récite une formule. Il attend qu’un point s’allume, mais rien ne se passe. Sans aucun espoir, il décide de tout abandonner. Il est triste. Il ne veut plus espionner son fils.

Je n’en ai plus le courage, se dit-il. De toute façon, même avec mon pouvoir, je n’arrive à rien. Et puis, pourquoi m’énerver comme ça sur lui ? Après tout, c’est sa vie. Il fait comme il le sent ! Je vais me calmer, au loin, à la campagne. Je vais refaire ma vie, ne plus penser à lui. Mais je sais qu’un jour, je le retrouverai et je l’aimerai…

Il était une fois, les autres titres du Réalisateur :

La réalité des vidéos

L’adolescent au réel pouvoir

Magic YouTube

L’incroyable histoire d’Axel

Chaos Head

La vengeance

De père en fils

Meilleurs ennemis

 

This is Perry

Par :

Perrine B ; Gaelle B ; Alexis C ; Gawen C. ; Nicolas C ; Florine D ; Julie D ; Mathys D ; Alan D ; Tiphaine D ; François D ; Margaux D ; Emma D ; Augustin F ; Elodie F ; Océane F ; Constance G ; Aurélien H ; Fanny H ; Bryan L ; Maxime L ; Flavian L ; KIllian L ; Amandine L ; Soraya L ; Clara M ; Guillaume M ; Léo P ; Wendy T

4e F – classe de Madame FALLET

Chapitre 1 Préparatifs pour une journée stressante

Par un beau jour d’automne, dans une maison de campagne, Mickaël se réveille, un peu fatigué… Il veut se recoucher, mais il a cours.

Aujourd’hui, c’est le grand jour. C’est la rentrée des classes. Le jeune adolescent est stressé de ce début d’année au Lycée Bécassine, il appréhende sa journée. Il est nouveau et il a peur de se retrouver dans une classe où il n’y aurait pas ses amis du collège. Julien qui aime beaucoup le sport et Antoine, un gentil garçon qui n’a pas eu beaucoup de chance. Celui-ci s’est retrouvé en fauteuil roulant après un accident de voiture. Il s’est fait renverser alors qu’il allait à la bibliothèque. Mickaël connaît Antoine depuis son emménagement à Hodyville, il y a huit ans, car c’est son voisin.

Son père entre dans sa chambre en évitant de faire trop de bruit et lui demande :

– Ça va, mon fils ? Tu n’es pas trop stressé ? Tu veux que je t’apporte ton petit-déjeuner ? Tu…

– Non, non, c’est bon papa, ça va aller, rétorque Mickaël. Va déjeuner.

Richard Bouvin, son père, est grand. D’après son fils, l’homme n’a pas « un poil sur le caillou. » Par contre, il a une barbe brune qu’il entretient avec soin. Mickaël trouve cela ringard.

L’adolescent de quinze ans aurait préféré faire la grasse matinée. Il a des maux de ventre, en pensant à sa journée. Il finit par dire au revoir à son lit : « À ce soir ! Et ne bouge pas d’ici, je veux te retrouver à mon retour ! »

Puis il sort de sa chambre. Il descend dans la cuisine en traînant les pieds pour prendre son petit-déjeuner que son père lui a concocté. Mickaël mange sans appétit des tartines de Nutella et même ses Miels Pops qu’il aime tant. En revanche il ne boit pas son bol de chocolat chaud.

– Alors, petit ? Prêt pour ta journée avec tes pauvres amis ? se moque son grand frère.

– Laisse-moi ! Et puis, moi et mes amis, nous allons faire un carton cette année ! riposte Mickaël.

Sans lui laisser le temps de répondre, il va s’habiller.

Il enfile un jeans, puis met un t-shirt à longues manches afin de dissimuler les plaques dues au stress qui sont apparues sur ses bras.

* * *

Richard Bouvin est en train de visionner un documentaire où des habitants du Rwanda tuent des gens devant leur famille. Quand Mickaël passe par le salon, son paternel change de chaîne.

– Tu es sûr que ça va aller, fiston ?

– Oui, ça ira, papa, ne t’inquiète pas, le rassure Mickaël en cachant sa crainte de n’être pas avec ses amis.

Dès qu’il est prêt à partir, l’adolescent embrasse son père :

– À ce soir, papa, dit Mickaël. Souhaite-moi, bonne chance.

– Non, je ne te souhaite pas bonne chance…

– Pourquoi ?

– Sinon, cela va te porter malheur.

Son frère intervient à nouveau :

– Parce que de toute manière tu es bon à rien !

– Oui, si tu veux ! Mais moi, au moins, je ne rentrerai pas à la maison couvert de bleus parce que je me serai battu !

Mickaël va chercher, dans son garage, la trottinette électrique qu’Antoine lui a donnée. Au bout d’une demi-heure, il arrive à son nouveau lycée, un peu inquiet de la journée qui s’annonce.

Chapitre 2 La reprise, toujours un problème

Le lycée Bécassine est plutôt petit, mais long. Il comporte quatre bâtiments et un étage. L’établissement est violet et, à l’intérieur, il compte deux parties. Deux édifices sont consacrés pour les filles et les deux autres pour les garçons. Dans les classes des filles, les murs sont fuchsia, le sol rose pailleté, contrairement aux salles des garçons dont les cloisons sont bleu clair et le parquet plus foncé. C’est un lycée privé.

Mickaël range sa trottinette électrique dans le local à vélo. Il se rend au panneau où sont inscrites les classes et il cherche le nom de la sienne qu’il trouve tout de suite. Beaucoup d’élèves crient dans la cour dès qu’ils se voient. Ils sont contents de se retrouver. Excepté Mickaël.

Il est en seconde 1A, sans Antoine et sans Julien. Quand, en plus, il découvre avec qui il est, cette année, il jette son sac à terre. Il finit par le ramasser et repart dans la cour où il rencontre, par hasard, Antoine. Antoine est blond avec une crête, des chaussures Adidas montantes, il est en fauteuil roulant. Il porte aussi un pull noir. Sous son pantalon, il a de fines jambes tordues avec énormément de cicatrices dues à son accident. Mickaël est le seul à être au courant, car Antoine en a honte.

Les deux garçons sont heureux de se revoir, car, pendant les vacances, Mickaël est resté à Hodyville et son ami est parti en Bretagne. Antoine l’informe qu’il est dans la classe des handicapés. Michaël explique que, de son côté, il est tombé dans une mauvaise classe.

Son meilleur ami lui demande :

« Pourquoi, tu n’aimes pas ta classe ?

– Car je suis tombé avec mon pire ennemi.

– Ah, oui, Damien ! s’exclame Antoine. Mon pauvre ! Pas de chance !

– Oui, t’as raison, soupire Mickaël, pas de chance !

La sonnerie retentit agréablement.

– Bon, dit Antoine. À tout à l’heure, à la récréation !

Ils se font un « tchec » pour se dire au revoir et se séparent pour rejoindre leur rang.

* * *

La journée de Mickaël commence. Lors de son premier cours, il veut répondre à une question venant de sa professeure d’espagnol, mais lorsqu’il prend la parole, Damien la lui coupe en disant qu’il raconte n’importe quoi. Mickaël ignore son intervention. Ce n’est pas la première fois que ce genre de choses se produit. L’année scolaire dernière, il parlait avec Antoine lorsque Damien et ses copains sont venus les embêter en leur disant qu’ils étaient des fous et des incapables. Damien est grand, blond et bien habillé. Il a les yeux bleus et son apparence intimide Mickaël.

Aujourd’hui, Damien est de mauvaise humeur. Dès que quelqu’un lui parle, il l’envoie balader. Avant d’entrer en cours, il l’a dévisagé de haut en bas.

– Toujours aussi mal habillé, lui a-t-il fait la réflexion.

À midi, Mickaël découvre la cantine et trouve le repas très bon. Il y a, au menu : en entrée, de la salade avec des tomates, et, comme plat, un hamburger avec des frites et des sauces. Le dessert est une tartelette à la fraise et des glaces. Mickaël a choisi la tartelette à la fraise, car il adore les fruits.

Après avoir rempli son plateau, il s’installe à une table. À ce moment-là, Damien passe à toute vitesse et lui vole sa tartelette aux fraises. Mickaël se dit que son pire ennemi est sûrement très bête pour prendre ainsi son dessert.

Chapitre 3 Rencontre avec la vieille femme bossue

Mickaël est particulièrement déçu de cette première année de lycée qui s’annonce. Il va chercher sa trottinette au local et sort du bahut. Sa professeure principale est sa professeure d’espagnol. Elle s’appelle Tisofa. Elle est très gentille, mais quand il voit les autres professeurs, il est démoralisé. Sa professeure de français, Fakel, est ennuyeuse. On s’endort dès qu’elle parle. Triste, il ne veut plus aller en cours. Il a envie de pleurer, mais il se retient, car les autres élèves vont se moquer de lui. Alors, il se cache sous sa capuche. Il rentre chez lui en trottinette électrique. Et Hodyville, ce village bordé de fleurs aux parfums multiples où il habite, lui remet immédiatement un sourire aux lèvres.

Le jeune homme passe devant la mairie, un immense bâtiment aux couleurs courtoises peuplé de petits oiseaux qui gazouillent. Il s’enfonce un peu plus dans le village en passant par la boulangerie. L’odeur alléchante lui fait acheter un petit pain. Après ce goûter, il passe dans la rue du manoir délabré de l’étrange femme âgée de Hodyville. Le nouveau lycéen perd son sourire en voyant les corbeaux aux yeux perçants mangeant une carcasse de rats. Un immense épouvantail lui adresse un large sourire niais. Autour de son cou, se balance un attrapeur de rêves.

Soudain la vieille femme sort de chez elle ! Ses cheveux crépus ressemblent à un nid d’oiseaux. Elle est bossue et a l’air d’un squelette. Cette drôle de dame donne la chair de poule aux passants, mais chez Mickaël, son apparition provoque le retour de ses plaques. Le jeune homme recule d’un pas. La vieille femme lugubre se dirige vers lui en boitant. Mickaël s’enfuit aussi vite.

* * *

Une fois chez lui, Mickaël se précipite dans la salle de bains et fait couler de l’eau très froide. Son père entre et le trouve avec les bras sous l’eau. Il l’interroge sur ce qu’il fait dans la salle de bain. Mickaël répond assez gêné qu’il se lave, car il est tombé en trottinette.

Quand, il voit les plaques, son père lui demande :

– Mon fiston à « mwa », pourquoi es-tu stressé ?

Richard sait que ces plaques sont dues à l’anxiété.

– Je ne suis pas dans la classe de mon meilleur pote, mais je suis dans celle de Damien, râle son garçon.

Richard Bouvin veut l’emmener chez le proviseur pour qu’il change de classe. Mickaël fait un signe négatif de la tête. Son « papounet » tente, toutefois, de le convaincre.

Énervé par tant d’insistance, Mickaël crie de toutes ses forces :

– NOOOON ! Je n’irais pas !

– Damien n’est qu’un turbulent, il n’a rien d’autre à faire que de te provoquer ! Tu verras tes copains pendant les récréations et à la sortie des cours.

Sur ces mots, son père ferme la porte avec tristesse et redescend.

Mickaël est à bout. Il n’a vécu qu’une seule journée de cours et il est déjà surmené.

Chapitre 4 Perry, l’ornithorynque

Trois mois plus tard, Mickaël s’amuse aux jeux vidéo dans sa chambre avec son animal de compagnie. Perry, un ornithorynque de zoo qu’il a domestiqué. Sa chambre est blanche. Il y a un lit mezzanine et, en dessous, il y a sa télévision et son bureau. Le jeune lycéen joue à Pokémon version X Pikachu. Il est à fond dans le jeu quand, tout à coup, Perry saute sur sa DS. Le jeu coupe ! Mickaël devient furieux, car il n’avait pas enregistré la partie. Perry attrape la manette et court partout dans la chambre. Mickaël lui crie après, mais l’animal n’écoute pas. Pris d’une rage folle, Mickaël l’attrape, reprend la manette de jeu du bec de l’ornithorynque et le traite de tous les noms en lançant la manette à travers la pièce. Par malheur, elle atterrit dans la figure de son père.

Ayant entendu hurler, son père est venu voir ce qui se passait. Son daron, furieux, lui crie dessus :

– T’es maboul, ça fait mal ! Il faut calmer tes sautes d’humeur !!!

Il ramasse la DS et gronde :

– Bien fait pour toi, tu l’as cassée !

Mickaël regrette son geste, il demande pardon à son père, mais celui-ci le punit de console et de télévision. Le garçon se met à pleurer. Ils se parlent alors pendant une quinzaine de minutes et se mettent d’accord pour que Mickaël ne recommence plus. Puis Richard Bouvin lève la punition et va préparer le repas.

Lors du dîner, Richard renverse de la soupe sur les parties intimes de Mickaël.

– Aïe, c’est douloureux ! s’exclame son fils.

– Oh ! Désolé, s’excuse son père. En ce moment, je suis fatigué et je n’ai pas fait attention. Pour me faire pardonner, je vais te racheter une DS.

– Et moi ! ? J’ai le droit de rien ? s’exclame le frère de Mickaël. La fois dernière, moi aussi, je me suis énervé et j’ai rien eu !

* * *

Mickaël entend son ventre gargouiller.

– Maman, j’ai faim !

Sa mère est très débordée. Elle lit un livre en face de la cheminée.

– Il y a des restes de pâtes à la bolo d’hier dans le frigo du garage ! s’écrie-t-elle. Celles dont tu aimais l’odeur, mais détestais le goût. Tu te souviens ?

Mickaël refuse de manger, une fois de plus, des pâtes à la bolognaise. Sa mère se lève et le tape en lui disant qu’il n’y a rien d’autre, car, en ce moment, gagner de l’argent c’est dur. Le garçon va dans leur petit jardin et trouve des tomates. Il se prépare donc, tout seul, une salade composée. Il coupe les tomates en fines rondelles avec un énorme couteau de boucher. Sa mère profite alors de sa bonne volonté pour qu’il fasse la vaisselle.

– Laisse-moi tranquille sinon tu retrouveras mon couteau dans ton cœur ! lui dit-il.

– C’est que j’en ai marre d’être ta bonne ! se justifie-t-elle avant de retourner lire.

Énervé, Mickaël cache son couteau dans le dos et avance doucement sur la pointe des pieds, en direction de sa mère. Il lui plante le couteau en plein cœur.

Mickaël se réveille complètement affolé. Il est déboussolé. Le pauvre garçon revoit sa mère s’écrouler, et baignant dans un lac de sang. Toute la journée qui suit, il ne cesse de penser à elle. Sa mère est morte lors d’un accident en revenant du travail. Sa voiture allait trop vite. Elle a manqué un virage et s’est écrasée dans le mur d’une ferme. Suite à ce tragique accident, certainement pour qu’il ne s’en souvienne pas trop, son père a décidé de démanger. C’est ainsi que Mickaël s’est retrouvé à vivre à Hodyville.

Durant toute la journée, Perry le suit partout. Il lui fait des grimaces, produit des bruits de chèvre, de vache, d’idiot. Il se cache partout : il se met dans les sacs des gens, sous les chapeaux et derrière les vitrines des magasins. À plusieurs reprises, Mickaël se rend compte qu’il l’espionne. Son ornithorynque le guette sournoisement, caché dans l’ombre. Le lycéen lui dit de partir en lui jetant des cailloux. L’animal le regarde dans les yeux d’un air malheureux et s’en va en gémissant.

Chapitre 5 La colère ne se contrôle pas

Mickaël est en plein devoir surveillé de français. Il doit remplir un QCM de vingt-cinq questions sur la pièce Roméo et Juliette de Shakespeare. Il ne parvient pas à y répondre, car il ne connaît que la fin où les personnages se suicident. Il la trouve cool. Il aime bien ce qui est sanglant, mais pas les histoires d’amour. Madame Fakel est en train de corriger des copies et joue, en même temps, à des jeux sur son portable. Pendant ce temps, discrètement, Damien s’avance vers Mickaël, le pousse, se moque de lui et repart tout en rigolant. Mickaël préfère l’ignorer pour que l’histoire se termine. Soudain, il devient tout rouge. Il se tient la tête entre les mains. IL A MAL AU CRÂNE !! Il jette sa table et part en criant : J’en ai marre de Shakespeare !

– Hey, c’est mon pied, ça ! hurle l’élève qui a reçu la table sur son pied.

S’ensuit, un blanc. Étonné, tout le monde se regarde, sans parler.

Alors, les élèves, choqués, s’étonnent :

– Il est malade ou quoi ? crie Benoît, le premier de la classe.

– Il mériterait une leçon de morale pour nous avoir fait perdre notre temps, dit Damien avec un air moqueur.

– N’empêche, il doit avoir un truc dans sa tête.

– Ouais, ça doit être un débile mental, ricane Damien.

L’élève qui, lui, a reçu la table sur son pied est très en colère, car il a mal à son orteil.

– Vous, au moins, se plaint-il vous n’avez pas été brutalisé par sa saute d’humeur !

La professeure de français est bouche bée. Elle recule, faisant voler dans la classe toutes les copies qu’elle corrigeait, et écarquille les yeux. Les larmes lui montent aux yeux. Elle court chez le proviseur le prévenir de l’attitude de Mickaël. Pendant ce temps, celui-ci traverse les couloirs du bâtiment des garçons, puis celui des filles. Il tape du pied, donne des coups de poing dans les murs.

– C’est quoi, ça ? s’étonne une fille aux longs cheveux bruns, aux yeux bleus. Très coquette, elle est du genre à sourire toujours. Elle s’appelle Jade. L’adolescente se trouve dans les couloirs, car elle a oublié son carnet dans une autre salle. Mickaël la croise. Elle essaye de lui parler, mais il la rembarre.

***

Dans la cour, la neige recouvre le sol. L’air est glacial. Mickaël a mal à la tête. Il reprend conscience. Il se sent un peu mieux, mais l’air lui brûle la gorge. Le jeune homme commence à avoir froid. Il respire très fort et fume une cigarette pour se calmer… Il se sent très mal, car il se rend compte qu’il n’arrive pas à contrôler sa colère. Il regrette tellement son comportement envers son professeur et ses camarades.

Jade s’approche alors du jeune homme. Mickaël la reconnaît et s’excuse pour sa réaction. Au même moment, un surveillant arrive et les interrompt. Il a été appelé par la professeure de français. Il est surpris et énervé, car Mickaël n’est pas un perturbateur.

– Mickaël, tu as vu ce que tu as fait ? lui dit le surveillant. Tu vas dans le bureau du Principal tout de suite ! Et tu devras t’excuser auprès de tes camarades !

– Bah ! Pourquoi ? veut savoir le jeune homme d’un air désolé.

– Un de tes camarades s’est pris la table sur le pied !

***

Pendant qu’il se dirige chez le principal, Mickaël repense à ce qu’il a fait. Il a sûrement réagi comme ça, car il était stressé, mais cela n’empêche pas le sentiment de culpabilité qu’il ressent au fond de lui. En chemin, Mickaël s’arrête et s’assoit. Il pleure, car il a blessé un de ses camarades. Ensuite, il se lève et sèche ses larmes. Une fois devant le bureau du directeur, il respire un grand coup, frappe et entre. Monsieur Datle se lève et lui ordonne :

– Assis-toi, mon garçon !

Mickaël s’exécute.

Monsieur Datle lui demande de s’expliquer. Après avoir entendu sa version des faits, il le regarde en fronçant les sourcils et le dispute. Ensuite, il le renvoie du lycée pendant quatre jours pour lui faire prendre conscience de la gravité de son acte. Durant ces quatre jours, Mickaël devra réaliser des travaux d’intérêt général : nettoyer la cantine, la cour et les salles de classe.

Chapitre 6 Le rêve déclencheur

À la fin des cours, Mickaël retient Antoine et l’emmène dans le hall du concierge. Bloqué dans son fauteuil roulant, le jeune homme handicapé, paniqué, hurle. Il ne peut pas se sauver à cause de ses jambes paralysées. Mickaël lui donne une claque pour le faire taire.

– Antoine, on est ami depuis longtemps, commence-t-il, je dois te dire que j’ai, moi aussi, une maladie : je suis schizophrène.

– T’inquiète, je le sais depuis longtemps.

– Comment le sais-tu ? demande Mickaël avant de s’interrompre. Chut ! Il y a du bruit.

Ce sont les femmes de ménage. Elles font tellement de bruits que Mickaël ferme les yeux et se bouche les oreilles. Lorsqu’il les ouvre, son camarade a changé de visage.

– Mickaël, je suis ton père ! s’exclame Antoine.

Sa toute nouvelle tête a un air méchant.

– Nooooooooooooooooon !

Et Mickaël le pousse sur la route où une camionnette l’écrase.

Le jeune homme se réveille dans son lit. Encore un cauchemar !

– Je suis un tueur en série ! s’exclame-t-il, désemparé.

Soudain, il devine que sa mère n’est pas décédée dans un accident de voiture. Il croit qu’il l’a tuée. Peut-être, a-t-il tué d’autres personnes. Il doit parler à quelqu’un de sa maladie, mais surtout pas à son père !

– Tu as raison, approuve Perry.

L’ornithorynque se tient debout sur son lit. Il a le poil couleur vert d’eau, un bec de canard et une queue de castor jaune orange. Il porte un chapeau et le fait tourner sur son doigt.

– Si tu en parles à ton daron, continue-t-il, il t’emmènera de force dans sa voiture, tu ne pourras pas l’en empêcher. Tu vas te débattre, mais ce sera inutile ! Il t’assommera avec la barre en fer qui est sous le siège passager. Il t’emmènera chez elle. Oui, tu sais de qui je parle. La vieille femme du manoir !!!

Richard Bouvin entre alors dans la chambre avec un visage inquiet.

– Ça va, fils ? Tu n’as besoin de rien ? Tu as besoin de te rafraîchir ? Ou d’un médicament ?

– Non ! l’envoie balader Mickaël. Sors et retourne dormir !

* * *

Mickaël réalise ses travaux d’intérêt général. Suite à cette punition, son père lui a dit qu’il l’aimait beaucoup, que ce n’était pas grave. Pour le consoler, il lui a permis de sortir avec ses amis. Un soir, Mickaël passe prendre son voisin, Antoine, et va au Kebab. Mickaël se réjouit de cette sortie au resto.

Ils arrivent au restaurant. Julien les y attend depuis cinq minutes. Il s’est habillé pour son entraînement de football à vingt heures trente. Au fond de la salle, un large écran plat diffuse un match de foot. Julien grand amateur de sport regarde la télévision. Une odeur de frites et de viande se propage dans la pièce. Une fois attablés, les deux camarades de Mickaël mettent une bonne ambiance. C’est Antoine qui passe la commande pour le groupe et la serveuse leur apporte leurs repas.

– Quel bonheur de pouvoir reparler avec ses meilleurs amis, dit Mickaël.

Néanmoins, il n’arrive pas à rire avec eux ou même à suivre la conversation. Il pense au cours de français. Remarquant que quelque chose ne va pas, Antoine l’interroge :

– Mickaël, raconte-nous ce qui se passe.

– D’accord…

Et il parle de ses mésaventures. Ses deux amis le rassurent, mais il ne les écoute pas et il raconte, raconte et raconte :

– En plus, j’ai des hallucinations, des cauchemars horribles. J’ai rêvé que je tuai ma mère avec un couteau de boucher. Je suis persuadé qu’elle n’est pas morte dans un accident de voiture. Je pense que c’est moi qui l’aie tuée, car mon cauchemar est, sans doute, une vision du passé.

Julien sourit :

– Bonne blague Mickaël, tu as trouvé ça sur Internet ?!

Antoine le croit : son ami ne mentirait pas sur ça.

Derrière son dos, Jade l’écoute avec attention.

La jeune fille les a suivis avec ses amies. Elle a entendu parler de leur sortie. Julien expliquait à un ami : « Pas besoin de me prendre pour l’entraînement, je serai juste avant au Kebab avec Mickaël. » Elle a donc invité ses copines et elles se sont assises non loin d’eux. Préoccupé par ses problèmes, Mickaël ne l’a pas vue entrer. Celui-ci, persuadé que personne ne le croit, choisit de ne pas revenir sur ses problèmes. Le repas se poursuit. Il finit à peine son kebab qu’Antoine décide de partir. Son ami en fauteuil roulant doit finir ses devoirs qu’il a eus pour le lendemain. Julien décide également de quitter le kebab.

Mickaël, qui n’a pas envie d’être seul leur demande de rester.

– Désolé, je dois partir. Je ne dois pas être en retard, répond Julien, l’entraîneur est strict donc, euh…

– Et puis, poursuit Antoine, je n’ai pas envie de me prendre une remarque pour ne pas avoir fait mes devoirs !

Mickaël regarde ses deux amis s’en aller. Il ressent alors des sensations désagréables : des picotements au bout des doigts. Des plaques rouges apparaissent sur ses mains. Il commence à avoir mal à la tête. Sa schizophrénie arrive, il le sait. Soudain, un flash l’aveugle, et Perry apparaît devant lui. Debout sur ses pattes arrière, il regarde Mickaël, l’air inquiet et affolé.

– Sors, Michou ! lui dit-il. Ou les gens vont savoir que tu es schizophrène !

Furieux, « Michou » court après l’animal et sort du restaurant. Dehors, Perry s’est assis sur le fauteuil roulant d’Antoine.

– Non, non, non, s’effraye soudain l’ornithorynque. Ne me pousse pas !

Mais Mickaël le pousse. Perry tombe sur la route, et, à ce moment-là, une voiture le percute.

Mickaël découvre, alors, à sa place, Antoine qui est allongé sur la route.

Il vient d’avoir une hallucination !

Julien court vers leur ami en pleurant. Jade le rejoint aussi, très inquiète. Elle s’accroupit et prend conscience de la gravité des blessures d’Antoine. Elle se retourne vers Mickaël. Elle le regarde bizarrement en repensant à ce qu’il a dit à ses amis.

– Mais, mais, qu’as-tu fait ? lui dit-elle, choquée.

Mickaël contemple son ami. Celui-ci ne bouge plus. Il ne fait plus aucun mouvement. De son thorax, plus un souffle ne sort. Le jeune homme s’écroule en pleurant.

– Je suis qu’un minable, se lamente-t-il.

Il entend alors : « psst ! Psst ! »

Perry est sur le toit de la voiture. Il lui fait signe de le rejoindre.

Mickaël regarde l’ornithorynque.

– Sors de ma tête ! hurle-t-il. Laisse-moi tranquille ! Tout est de ta faute !

Toutes les personnes aux alentours le dévisagent d’un air stupéfait. Il se relève et s’enfuit.

Antoine se retrouve plongé dans le coma. Trois jours plus tard, il décède… Son fauteuil roulant a été récupéré par les pompiers pour le rendre à ses parents qui le donneront à une association.

Chapitre 7 Amis/ennemis

Mickaël s’est rendu à l’enterrement d’Antoine. Durant les funérailles de son ami, Julien ne lui a pas adressé la parole sauf pour lui demander de s’en aller. Le jeune homme culpabilise. Il est mal. Il se dit que sa maladie empire.

Après une semaine de cours sous des regards accusateurs, au détour d’un couloir, Damien lui crie :

– Eh ! Mickaël, c’est pourri comme prénom !

Mickaël court aux toilettes dans lesquels il fond en larmes. Il frappe contre les murs et jette tout ce qui lui tombe sous la main.

Après cette manifestation de colère, il sèche ses larmes, reprend ses esprits et sort. Il tombe, alors, nez à nez, avec Damien. Mickaël commence à le pousser et son ennemi, à le repousser. Puis tout tourne en bagarre. Ils sont séparés par les surveillants qui les amènent dans le bureau du Principal. Celui-ci convoque immédiatement les parents de Damien ainsi que Richard Bouvin.

* * *

Dès le début de l’entretien, le père de Mickaël s’emballe :

– Je n’ai pas à justifier le comportement de mon fils !!

Il se lève brusquement en tapant du poing sur le bureau du proviseur. Ce dernier apeuré recule sa chaise et se défend :

– Je… je… je ne veux pas de violence dans mon établissement !

Richard Bouvin rétorque en le prenant par sa chemise :

– Et moi, je ne veux pas que l’on engueule, mon fils !

Il prend brusquement Mickaël par la main et l’emmène en dehors du bureau. Une fois dans le couloir, Mickaël dit à son père de le lâcher, car il a eu honte de sa réaction. Puis il se sauve. Dans sa fuite, il est intercepté par Jade, très inquiète, qui lui demande si tout va bien.

– J’ai été convoqué chez le principal et tu me demandes si ça va !

Mickaël est rouge comme s’il allait exploser et la repousse.

– Mais, je…, essaye de lui dire Jade.

Le garçon l’interrompt :

– Je me fiche de tes explications, Perry. De toute façon, depuis que tu es là, j’ai plein de problèmes !

– Perry ? Tu ne me reconnais pas ? panique la jeune fille. C’est moi, Jade.

– Tais-toi ! s’énerve Mickaël. Depuis le début, tu essayes de m’embrouiller. Tu me l’as dit toi même que tu t’appelais Perry, alors fais pas l’innocent !

– Calme-toi, répond la jeune fille. Tu es juste énervé.

– Maintenant, Perry, va-t-en ! la chasse Mickaël. Je ne veux plus jamais te voir !

Le jeune homme lève la main quand il aperçoit Jade devant lui à la place de l’ornithorynque. Il a l’impression de se réveiller d’un coup. Il est embrouillé, sa tête tourne. La jeune fille essaye de lui parler, mais il s’enfuit sans se retourner.

***

Le lendemain, Mickaël retourne au lycée. Il regrette de s’en être pris à Jade. Dans les couloirs, il croise Damien, mais il l’ignore. Sauf que son ennemi l’interpelle.

Mickaël s’arrête de marcher et le fixe avec un regard noir. Damien tente de s’excuser, mais il remarque que les regards des autres élèves sont braqués sur lui. Il se rattrape et lâche tout simplement :

– Rejoins-moi au café, au coin de la rue, à la fin des cours.

Toute la journée, Mickaël se demande si c’est une bonne idée d’y aller. Il pense à Antoine qu’il a perdu… Il s’interroge. Il songe à Julien et à Jade qui se sont détournés de lui. Il aimerait tant leur reparler. Il décide d’accepter. De toute façon, il n’a plus rien à perdre. À la fin des cours, il va donc au lieu de rendez-vous. Damien est en train de boire un café. Il l’invite à s’asseoir. Mickaël refuse. Mais comme son pire ennemi ne dit rien, il lui demande :

– Pourquoi m’as-tu fait venir ici si tu n’as rien à me dire ?

– Je t’ai fait venir pour m’excuser…, se justifie Damien avec un air triste.

Puis il demande :

– Pourquoi as-tu fait ça, à Antoine ?

Mickaël reste silencieux. Il souffre au fond de lui-même.

Voyant qu’il ne dira rien, Damien l’invite de nouveau à s’asseoir. Cette fois Mickaël accepte.

* * *

Damien lui demande s’il veut boire quelque chose : un coca-cola, peut-être ? Michaël acquiesce et une serveuse leur apporte deux sodas. Peu de monde fréquente cet endroit, néanmoins, il y a beaucoup de bruits : quelques clients qui parlent fort ainsi qu’un match qui se joue sur l’écran de télévision du café. Brusquement, Mickaël demande à Damien pourquoi sa mère n’a pas assisté à la convocation.

De mauvaise grâce, Damien grogne :

– Ma mère est morte d’un arrêt cardiaque, un peu avant la rentrée. C’est pour ça que j’étais de mauvaise humeur, en septembre… Depuis sa mort, je me sens abandonné. j’aimerai bien avoir une mère. Et puis… j’en ai marre de toujours m’éloigner de mes amis.

En songeant à sa propre mère, Mickaël ressent de la tristesse. Il dévoile soucieusement à Damien que la sienne est décédée, elle aussi. Il décide alors de livrer ce qu’il a sur le cœur.

– Moi, j’ai perdu Julien et j’ai tué Antoine. Je suis un monstre.

Puis il raconte avec inquiétude :

– Depuis que je suis au lycée, j’ai des problèmes. Je vois Perry, un ornithorynque, et je veux le tuer, sauf que je fais du mal à quelqu’un en même temps.

Damien l’observe, d’un œil vif.

– Je connais une vieille dame qui pourrait t’aider pour ta maison…, commence-t-il.

– Celle qui habite le village ? Dans le manoir, sur le chemin de l’école ?

– Oui.

– Non, je n’irai pas, j’ai trop peur et je ne veux pas me faire manipuler par une inconnue !

– Mickaël, tu sais, ta maison est hantée, explique Damien. Les anciens propriétaires ont été retrouvés morts, assis dans le fauteuil du salon. Une rumeur court comme quoi ils avaient la malchance en eux. Quant à ce Perry, je pense qu’il n’est pas réel.

– Tu es un menteur ! s’énerve Mickaël. Ma maison n’est pas hantée et Perry est bien réel !

* * *

Les jours suivants, Mickaël observe son ornithorynque. Il lui demande :

– Perry, qui es-tu ?

– Je suis ton meilleur ami, Mickaël.

– Oui, mais pourquoi me pousser à tuer des gens ?

– Parce que c’est drôle. Tiens, j’ai une idée : pourquoi n’irais-tu pas étrangler la vieille dame du manoir !

– Non, Perry !

Et l’ornithorynque disparaît.

Chapitre 8 Cauchemars et grimoires

À la sortie des cours, Damien intercepte Mickaël pour lui reparler de son idée.

– Allez, viens ! On va voir la dame du manoir ! le motive-t-il.

– D’accord, cède Mickaël avec anxiété. On y va, mais n’oublie pas que j’en ai peur !!

Les deux garçons passent la rue principale de Hodyville et aperçoivent le manoir. Ils s’arrêtent, le fixent puis se dirigent vers lui. Le grand épouvantail en paille qui se dresse devant la maison les regarde. Mickaël, terrifié, s’avance tout doucement vers la porte d’entrée. Au dernier moment, il fait cinq pas en arrière. Il pense que cette exorciste le prendra pour un démon et le tuera. Mais Damien est derrière lui. Il le pousse en avant.

En fin de compte, Mickaël frappe à la porte. Celle-ci mettant du temps à s’ouvrir, il commence à se faire des films. Il s’imagine que la vieille dame prépare une marmite pour les dévorer ou qu’elle est en train d’exorciser quelqu’un.

La porte s’ouvre enfin.

Il n’y a personne.

S’est-elle ouverte par magie ? Ou est-ce un coup de vent ? Mickaël met quelques minutes avant d’entrer avec Damien. Il est mort de trouille. Son ancien ennemi le rassure, même s’il a peur, lui aussi.

– T’inquiète, je suis là, avec toi…, lui chuchote-t-il à l’oreille. Je te défendrai…

Ils entrent, passent la porte, puis arrivent dans le couloir. Il y fait sombre. Ils avancent à pas de loup, lentement, les jambes tremblantes. Le sol grince. Ils se sentent comme de petites souris dans la maison du chat. Soudain, une tête de mort sur une table basse se met à se moquer d’eux. Du sang s’écoule par ses orbites. Les deux garçons se mettent à crier, prêts à s’enfuir jusqu’à la porte d’entrée.

– Ne vous sauvez pas, jeunes hommes. Ce crâne n’est qu’un méchant jouet…, s’amuse alors une voix éraillée par l’âge. Rejoignez-moi dans la petite salle éclairée, sur votre gauche…

Mickaël l’écoute et entre dans cette pièce. Il n’est pas du tout rassuré. Méfiant, Damien se place derrière lui, comme s’il était un bouclier.

* * *

Des odeurs de sang et de moisi imprègnent la pièce. Il y a plein de grimoires poussiéreux, d’autres têtes de mort ainsi que des bocaux avec, à l’intérieur, des membres de grenouilles. Un grimoire est posé sur une table ronde en bois. Un pentacle y est gravé. La vieille femme bossue qui se tient assise dans l’ombre leur dit :

– Prenez place… Mickaël, je t’attendais.

La vieille dame ouvre le grimoire et commence à prononcer une drôle de phrase. Tout à coup, de petits gâteaux et des verres de jus d’orange apparaissent sur la table. La femme leur dit qu’ils peuvent se servir. Tout tremblant, Mickaël prend place sur la chaise. Il ne se sert pas. Il pense que les jus de fruit et les gâteaux sont empoisonnés. Damien, lui, choisit de rester debout. Par contre, il accepte un jus de fruit et des gâteaux. Il observe tous les faits et gestes de la femme. Mickaël reste très effrayé.

– Tu sais, lui parle la femme avec une voix douce, ta maison n’est pas hantée. Il s’agit d’une rumeur…

Il s’apaise.

– Mais ? Alors, pourquoi je vois Perry ?

– Ah, bon ? Explique-moi…

– Je vois Perry, un ornithorynque, qui me pousse à tuer. La nuit, j’ai aussi des cauchemars. Je pense que je suis schizophrène.

– Quelque chose d’autre ?

– J’ai aussi des actes violents non contrôlés, je pense que c’est à cause de ma maladie.

– Mickaël, je pense que Perry veut t’aider, écoute-le.

– Mais, alors, madame, qui est-il ? Et que veut-il ?

Comme réponse, la vieille femme lui dit qu’elle va le mettre en relation avec une personne de son choix.

– D’accord, accepte Mickaël. Je veux que ça soit ma mère.

Chapitre 9 Un passé destructeur

La vieille femme prend les mains de Mickaël et se met à réciter des mots dans une langue ancienne. Elle entre en transe. Surpris, Damien se tait et reste immobile. Un courant d’air froid traverse la pièce, et Mickaël entend des voix. Il ressent des frissons désagréables. À ce moment-là, tout se chamboule dans sa tête… Brusquement, il entend sa mère. À ce moment, il pense que Damien l’a entraîné dans une arnaque, mais sa mère lui révèle une chose qu’elle seule est en mesure de connaître.

– Lors que tu étais petit, tu m’as avoué que tu avais peur de ta voisine de classe, car elle te regardait tout le temps.

Mickaël ne bouge plus et ne parvient plus à réfléchir. Ça n’a rien d’une arnaque. Il s’agit bien de sa mère ! Il est content de l’entendre.

– Ton père m’a tuée avec un couteau avant de maquiller son assassinat en accident.

Elle a une voix horrifiée.

– Oui, je me souviens, dit Mickaël d’une petite voix.

Tout à coup, il tombe de sa chaise et se met à trembler. Les souvenirs refont surface…

* * *

Mickaël aperçoit sa maison. C’est la nuit. Il est jeune. Il a sept ans. Le garçonnet voit son père frapper quelqu’un dans la cuisine. Cette personne, c’est sa mère… Le petit Mickaël court se cacher derrière le canapé. Ses parents sont désormais dans le salon, là où s’est réfugié le garçonnet.

Réalisant que son père a un couteau, l’enfant reste recroquevillé dans son coin. Il ne savait pas que son père avait autant bu. Le jeune garçon entend un cri de souffrance venant de la victime, et, d’un seul coup, le Mickaël adolescent arrive sur une route déserte. Il voit son père sortir d’une voiture et y installer sa mère. Après avoir assisté à cette scène, il est de retour chez lui, dans sa chambre. Le plus jeune des fils Bouvin voit, de sa fenêtre, des gendarmes devant la porte de sa maison. Il descend les escaliers et se cache. Il les entend annoncer que sa mère est morte dans un accident de voiture. Richard Bouvin a l’air étonné, mais Mickaël remarque qu’il fait semblant. Il repart dans sa chambre. Son père le voit et veut le consoler, mais son fils le repousse. Puis l’adolescent découvre un ornithorynque avec un chapeau qui se dirige vers le petit garçon pour le prendre dans ses bras.

Le Mickaël de quinze ans ne veut pas revenir chez la vieille femme. Il ne veut plus que la voix de sa mère trotte dans son cerveau. Mais il est bien obligé d’ouvrir les yeux.

Il se trouve toujours dans le manoir, mais il a l’impression d’avoir voyagé, un voyage terrible. La voix de sa mère est toujours en lui et l’appelle.

– Qu’est-ce qui t’a poussée à tout me révéler ? l’interroge-t-il d’une voix tremblante.

– Je veux que ton esprit s’apaise, maintenant, dit-elle clairement. Je voulais que tu saches la vérité pour que tu ne deviennes pas fou. Je suis quand même ta mère. En te racontant n’importe quoi, ton père t’a rendu fou. Tu n’as rien à te reprocher, rassure-toi.

Soudain, sa voix disparaît.

Le garçon ouvre à nouveau les yeux. Il est avec Damien et la vieille femme. Il devient écarlate, hurle et s’enfuit en courant. Son père lui a menti pendant des années ! Lui qui pensait que son père était un homme tellement gentil qu’il l’étouffait. Il comprend que c’est un menteur et un MEURTRIER !!

Une fois dans la rue principale de Hodyville, Mickaël ne sait plus quoi penser. Doit-il pleurer ou crier ? Pendant de longues minutes, il donne des coups de pied dans un poteau. Il fond en larmes.Comment son propre père a-t-il pu faire une telle chose ? Tuer sa mère ! Inconsolable, il le déteste !

* * *

En route vers sa maison, Mickaël a la boule au ventre. À l’approche de chez lui, il desserre ses poings, puis, pris de panique, il commence à trembler. Il se demande ce que son père va lui réserver. En entrant dans le couloir, il le voit en train de tapisser. N’osant pas s’en approcher ni le déranger, il se glisse discrètement derrière lui. Il ne lui pose aucune question. Il a peur de sa réponse. Il monte donc, de suite, dans sa chambre. Vers 19 h 30, son assassin de père lui demande de venir dîner. Mickaël ne veut pas. Il a toujours peur, mais il descend quand même. Alors qu’ils mangent, l’adolescent se lève et crie :

– Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça ?

– De quoi parles-tu ? lui demande son père, inquiet.

– De ma mère que tu as tuée ! hurle l’adolescent, fou de rage. En plus, sans aucun remords !

– Mais… Mon fils, tu perds la raison… Ou alors, on t’a drogué ? Non, tu as dû faire un de tes cauchemars et tu l’as pris pour la réalité. Je ne vois pas d’autres explications…

Étrangement, son grand frère ne réagit pas, il semble plongé dans ses pensées.

– Je suis allé chez une vieille femme qui m’a fait entrer en contact avec maman !

– On ne peut pas entrer en contact avec les morts, le gronde gentiment son père. Ce n’est que ton imagination !

Mickaël sort en courant de la cuisine et monte s’enfermer dans sa chambre.

Alors, son frère se « réveille » et explique spontanément :

– Je m’en souviens, comme si c’était hier, Mickaël n’arrêtait pas de chialer et maman hurlait…

* * *

Dans sa chambre, Mickaël est déboussolé. Il écrit une lettre à Damien. Tout en la rédigeant, il pense à l’effet qu’elle fera sur lui. L’ayant terminée, il hésite à la lui envoyer et décide, finalement, de la jeter.

Épilogue

Un peu plus tard, Damien, sortant de chez lui, trouve la lettre arrachée et jetée dans la rue, devant chez lui. Il la ramasse. En la lisant, ce dernier est choqué et il se met aussitôt à courir en direction des falaises d’Hône. Dès qu’il est parvenu là-bas, il crie :

– Mickaël ? Où es-tu ?

En retour, il n’a pour réponse que le bruit des vagues et le rire des mouettes.

Alors, Damien regarde en bas de la falaise.

– Oh, non ! Ce n’est pas possible ! Mickaël !

Horrifié, il se prend la tête dans les mains.

– Je n’aurais jamais dû l’amener chez la femme du manoir ! s’exclame-t-il. Tout est de ma faute…

Soudain, une voix, dans son dos, lui dit :

– Je crois qu’il est trop tard !

Il se retourne.

– Qui êtes-vous ?

– Je suis Perry, l’ami imaginaire de son enfance…, lui dit l’ornithorynque, les larmes aux yeux, le bec tremblant. En grandissant, il m’a oublié. Et lorsque son père a tué sa mère dans un accès de rage, je suis réapparu. Je suis son inconscient. J’essayais de le mettre en garde contre la colère qui l’habitait, car il avait tout vu, mais ne se souvenait de rien. Malheureusement, il m’a vu comme un ennemi… euh… Tu veux être mon ami ?

FIN ?

Il était une fois, les autres titres de This is Perry ! :

Hodymania,

Amis-ennemis,

À en perdre la tête,

Une vie tourmentée,

L’hallucination n’est pas une vie,

Je ne sais plus…,

J’ai cru ne jamais me réveiller,

Cauchemars et grimoires,

Cauchemars en plein jour,

Les problèmes de Mickaël,

Une vie dévoilée.