M.M. Faiseur d’histoires – Ateliers d’écriture

Une vie de chiens

D’octobre 2014 à mars 2015, sur le thème de la vie au Bangladesh, cinq élèves de l’école Pierre Curie d’Arras ont écrit l’histoire de Scarface et de Pimousse.

Une vie de chiens

Par :

Bretty, Gaël, Océane, Noah et Théo.

enfants de l’école Pierre Curie d’Arras.

Avec la participation de Lauzy BAZET – éducatrice

et Michaël MOSLONKA – romancier / M.M. Faiseur d’histoires.

Je m’appelle Scarface, maintenant, je suis vieux. J’habite dans un bel appartement, en France, à Paris. Il est situé dans l’impasse du Prince Michaël, au numéro 250. Je suis heureux.

Mais, quand j’étais jeune, j’habitais au Bangladesh. J’étais triste, car la vie me faisait peur. J’étais obligé de voler pour manger. Oui, la vie était dure, autrefois, pour moi. Un jour, j’ai dû voler des poissons, sinon je serais mort de faim. Je suis passé devant le stand d’un pêcheur. J’ai attrapé une truite en plantant mes griffes dans le milieu de son corps et je l’ai mise dans ma gueule. Puis j’ai pris mes pattes à mon cou !

Je suis arrivé dans le parc de la ville. Dans ce parc, il y avait des jeux, mais pas un arbre et de la poussière partout. J’ai voulu manger mon poisson et faire une sieste. Mais les polichats m’avaient suivi et ils sont arrivés. J’ai voulu reprendre mes pattes à mon cou, mais ils m’ont ordonné : « Si tu bouges, on tire ! »

Alors, je suis resté à ma place, car j’avais peur.

Ils m’ont menacé avec leur bâton. Un polichat est arrivé derrière moi, il m’a sauté dessus et il m’a mis des menot-chiens. Les bracelets se sont refermés sur mes quatre pattes et la muselière sur ma gueule. Je me suis retrouvé en prison.

Quand je suis entré dans la cellule, les polichats m’ont enlevé les menottes pour chiens et la muselière. La cellule était sinistre. Elle était creusée dans le sol. Le sol et les murs étaient en terre. Il y avait une grille comme plafond et je pouvais voir voler les avions au-dessus de moi.

Il y avait trois gros méchants chiens d’emprisonnés avec moi. Il y avait d’abord Rapdjorton, un très grand chien en forme de saucisse. Il était tout gris sauf son arrière-train qui était de couleur bleue parce qu’un jour, sur le marché, alors qu’il était poursuivi par la police, il a bousculé un marchand de peinture. Et un seau de couleur bleue indélébile lui est tombé dessus. Rapdjorton était un chien très coléreux qui aimait faire peur aux gens. Puis, il y avait Poicho, un chiwawa qui portait une veste militaire vert kaki. Jaloux de tout le monde, il aimait mordre et pincer. Finalement, il y avait Misterio, leur chef. Un chien sans poils, méchant et cruel.

« Scarface, tu seras notre ami », me disaient-ils. Sauf qu’ils faisaient semblant. Ils ont chuchoté ensemble et je les ai entendus dire qu’ils voulaient me tabasser. Ensuite, Rapdjorton, Poicho et Misterio se sont avancés vers moi pour me taper, mais Misterio a vu le collier que je portais et il a dit : « Mais tu es un chien des rues, toi ? Ton maître t’a abandonné, comme nous ! Donc nous sommes frères… » Rapdjorton est tombé sur son arrière-train en entendant ce que m’a dit son chef, car, lui, il aurait bien aimé me taper. J’ai pensé : « Je ne suis pas votre frère, car, vous, vous êtes des méchants ! » Je ne leur ai rien dit.

Dans notre prison, ça sentait mauvais. J’ai décidé de creuser un tunnel pour aller chercher du parfum à la fraise. Quand je suis revenu dans la prison, Misterio a crié : « Hey ! On peut s’évader par ce tunnel ! » Et Rapdjorton a aboyé sévèrement : « On s’casse, les chiens ! » avant de me dire : « On te laisse là ! On s’en fout de toi ! »

« On ne va pas laisser Scarface, là ! », a grogné Misterio en sautant devant Rapdjorton et en lui montrant les crocs : « Il nous a sauvé la vie, on va l’aider ! »

Poicho leur a dit : « Faut y aller, les gars, sinon les polichats vont découvrir notre tunnel. Ils vont le reboucher, mettre du béton sur le sol. Nous ne pourrons plus jamais nous évader ! » Il a terminé en faisant semblant de tirer avec un fusil : « Et après PAN ! PAN ! PAN ! » Malheureusement, Rapdjorton et Misterio ne l’écoutaient plus. Ils étaient en train de se battre.

Soudain, j’ai vu un chat qui arrivait et je leur ai dit « Stop ! Stop ! Fermez vos gueules, voilà le garde ! » Le chat a passé son bâton sur les barreaux en criant : « Taisez-vous, les clébards ! Fermez vos clapets, les cabots ! »

Mais nous étions déjà loin, poussés dans le tunnel par Poicho qui nous disait « Allez les gars ! Go ! Go ! Go ! » Nous sommes arrivés dans une forêt. C’était une forêt de sapins. Rapdjorton a demandé : « Eh, les gars, on fait quoi ? »

« On reste uni », a répondu Misterio avant de se tourner vers moi et de me dire : « On va chacun de son côté, maintenant ! » Il préférait rester ami avec Rapdjorton plutôt que de se battre à nouveau avec lui à cause de moi. Alors Rapdjorton, Poicho, Misterio et moi, nous nous sommes séparés. Ils sont partis de leur côté, et moi, du mien.

Dans la forêt, tout était silencieux, ce qui me faisait peur. C’est dans cette forêt que j’ai rencontré Pimousse. Pimousse était une femelle avec des poils d’un gris très clair et une jolie tache blanche sur le dos. Elle était toute propre, mais elle boitait.

Je me suis approchée d’elle et elle m’a raconté ses malheurs. « Je suis perdue », a-t-elle couiné. « Quand je travaillais pour mes maîtres, je me suis blessée. La charrette que je traînais tous les jours était lourde. Un jour, j’étais fatiguée et je suis tombée. L’attelage est tombé sur ma patte et elle s’est cassée. Alors, mes maîtres m’ont abandonnée comme un méchant chien des rues, moi qui suis une pure race. »

Je me suis senti mal et je lui ai dit : « Il n’y a pas que des chiens des rues méchants, il y a aussi des chiens des rues qui sont gentils. Un chien des rues peut être quelqu’un de bien. » Alors, Pimousse m’a répondu : « Eh bien, moi aussi, je deviens un chien des rues ! »

Tout à coup, les trois gros méchants chiens sont revenus vers nous en criant : « Attention! Voilà, les polichats ! » Les chats policiers sont apparus devant nous avec leurs bâtons et leurs pistolets.

« C’est elle, la coupable ! C’est elle, la coupable ! », a hurlé Poicho en montrant Pimousse. Pimousse s’est mise à bouder, et les polichats l’ont embarquée après lui avoir passé les menot-chiens et la muselière. Moi, je me suis sauvé. Rapdjorton, Poicho et Misterio, aussi. Ils étaient contents et soulagés de voir Pimousse embarquée, à leur place. Ils s’en moquaient de son sort.

Rapdjorton, Poicho et Misterio auraient dû dire la vérité au polichat et être plus gentils avec Pimousse. Alors, je me suis senti mal parce que, moi aussi, je ne l’avais pas aidée. Parce que, moi aussi, j’aurais dû dire la vérité.

Mais j’ai décidé d’aller la libérer. J’ai creusé tout autour de la prison pour faire tomber les murs de terre. Ensuite, je suis entré dans la cellule. Pimousse avait toujours la muselière et les menot-chiens. J’ai fait un bisou baveux sur ses pattes et elle a pu les glisser en dehors des menottes. J’ai arraché la muselière en cuir avec mes crocs.

Pimousse était super contente. Elle m’a dit : « Scarface, tu es mon héros ! » Ensuite, elle m’a remercié en me faisant des bisous tout baveux. Mais les polichats sont arrivés et nous ont miaulé : « Ne bougez plus, sinon nous appelons toute l’académie des polichats ! Vous avez compris ? » Nous nous sommes arrêtés et nous nous sommes tournés vers eux.

J’ai dit : « C’est Misterio, Rapdjorton et Poicho qui ont menti. Pimousse n’a rien fait ! Arrêtez-les, eux ! » Les chats s’en sont moqués : « Pfff ! Qu’est-ce qu’on en a à miauler ! Nous, on arrête tout le monde. On s’en chaye si vous êtes coupables ou innocents ! Nous, chat nous fait de l’argent quand on enferme les gens ! »

Alors, je leur ai proposé : « Si vous voulez, on vous donne de la pâtée et vous nous laissez partir… » Le chef des polichats a réfléchi : « Chat peut se faire… Vous avez combien de boîtes de pâtée à nous donner ? »

Je lui ai répondu : « Onze boîtes » et je suis allé les chercher dans la cabane de mon arrière-chien-père. Elle était cachée dans un arbre à l’extérieur de la ville. J’avais volé et préparé ces boîtes, car je savais qu’il me faudrait, peut-être, payer les polichats.

Ensuite ?

Une fois libres, nous avons quitté le Bangladesh… en avion.

Maintenant, nous vivons ensemble à Paris dans notre bel appartement. Pimousse et moi, nous nous sommes mariés et nous avons eu sept chiots. Quatre garçons et trois filles. Nous les avons appelés : Blaco, Michalik, Gradur, Kendji, Prince, Tarsa et Gina.

FIN